« On ne peut construire que dans le consensus national »

Maître Ali Haroun a affirmé, hier, au forum du journal El Moudjahid, que la fédération de France du FLN, dans laquelle il avait activé, avait joué un rôle « non négligeable » durant la guerre de libération. Ce rôle, dira-t-il, « fut négligé par le premier gouvernement de l'Algérie indépendante en l'occurrence le GPRA ». Son importante contribution a été d'ailleurs reconnue par le Conseil national de la révolution. Ce qui lui a valu également le seuil de la VIIe wilaya du FLN, a rappelé Ali Haroun qui regrette ces positions « négatives » prises à l'égard de militants qui se sont beaucoup sacrifiés pour cette patrie. « On ne peut construire que dans le consensus national. La crise de l'été 1962 avait brisé ce consensus, d'où le besoin de le restaurer aujourd'hui pour que l'Algérie retrouve sa voie vers l'avant », déclare-t-il avant de revenir sur les premiers pas de cette fédération de France, considérée à l'époque comme étant une base arrière de la révolution contre l'ennemi colonial. Ali Haroun tient à préciser qu'il est « pour la vérité de l'histoire » et ce, pour que nul n'oublie que notre révolution fut prestigieuse. Sans les nommer, l'ancien militant du FLN a fait allusion à des moudjahidine qui prétendent avoir participé à des faits historiques alors que cela est « complètement faux ». « Il ne faut ni sacraliser ce qui a été fait ni l'oublier », affirme-t-il en faisant savoir que sur 250.000 membres de la fédération de France, 50 ont fait l'objet d'une condamnation à mort dont 22 ont été exécutés. Ce « second front » du FLN avait mené des opérations ayant considérablement déstabilisé la France coloniale « dans sa maison ». Le 25 juillet 1958, les dirigeants de la fédération de France se sont réunis en Allemagne pour décider d'entrer en action le 25 août de la même année. La fédération de France a réussi un coup fatal. En tout, 80 attentats en une seule nuit ont été menés. Ali Haroun a estimé que le 25 août 1958 doit faire date. Il a été marqué par de nombreuses arrestations et de condamnations à mort. C'est parce que l'argent constitue le nerf de la guerre, la fédération de France avait beaucoup contribué à financer le FLN pour pouvoir acheter des armes et se perfectionner militairement contre un ennemi sans foi ni loi. Les cotisations des militants de la fédération étaient très importantes. L'orateur a tenté d'expliquer qu'il fallait organiser ces 250.000 membres et les mobiliser, sachant qu'au début, ils étaient pratiquement tous des « messalistes ». Graduellement, le FLN est arrivé à mobiliser 90% de l'émigration algérienne en France. La fédération avait pour but d'organiser l'émigration dans les rangs du FLN et de commencer les actions directes pour attaquer le potentiel économique de la France coloniale, souligne Ali Haroun en faisant remarquer « que chacun doit être considéré à sa juste valeur pour que l'histoire soit bien écrite ».