Algérie

On ne meurt qu?une fois


Personnage énigmatique, amateur de bourdes et d?expériences de gestion politique particulières, l?argument aussi facile que la réponse d?Etat à chaque question citoyenne, Yazid Zerhouni, l?impopulaire ministre de l?Intérieur, est contesté autant à l?intérieur du système qu?à l?extérieur. Signe de son pouvoir, il aura été annoncé deux fois mort cette année. A chaque fois, par des sources crédibles et quasi officielles. A chaque fois, il renaît des cendres chaudes de la rumeur, revient, validant une élection par-ci et interdisant un parti par-là, autorisant une manifestation ici et dissolvant un rassemblement là. Les maladies en série des dirigeants montrent pourtant bien que c?est une génération qui s?en va, poussée par l?impitoyable chronologie vers la grande porte, accomplissant leur dernier tour de table pour les uns, tour de vis ou de carte pour les autres. On annonce le général Toufik malade depuis longtemps, tout comme le général Smaïn, les derniers historiques, les survivants des 22, les maquisards à la peau dure et les illustres intellectuels de guerre. Même les faux moudjahidine vont mourir, laissant à leurs enfants les fruits d?une ponction sauvage sur l?histoire et le budget national. Beaucoup clament qu?il faut attendre la disparition de cette génération pour que les Algériens puissent effacer le personnage du père glorieux de leur subconscient afin de se retrouver, se juger sur ce qu?ils font maintenant et avancer sans regarder derrière. Salah Boubnider, mort il y a quelque temps, avait ces mots : « Notre travail était de libérer le pays. Libérer les Algériens, on ne peut le faire à leur place. » Il y a effectivement encore beaucoup à faire pour le sortir de ses féodalités de classes, de ses carcans religieux et de son fatalisme naturel. C?est néanmoins possible, puisqu?en Algérie, on fête aussi bien les naissances que les enterrements.
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