Algérie

On ne m'a pas aidé



On ne m'a pas aidé
Lorsque l'ingéniosité épouse la générosité, cela offre de formidables preuves d'humanisme et de créativité utile. Sollicité par sa mère pour venir en aide à un enfant dépourvu de ses quatre membres et âgé de 8 ans, le jeune Oussaba Touaba, titulaire d'un master en électronique biomédicale, relève le défi.«En voyant l'enfant, j'ai commencé à réfléchir sur la possibilité d'adapter un fauteuil roulant électrique suivant ses propres besoins. Cela m'a pris une quinzaine de jours pour lui créer un appareil sur mesure», se souvient-il. A l'occasion de la 1re journée nationale sur l'accessibilité des handicapés à l'espace public urbain, tenu à Constantine le 14 mars 2012 et devant les yeux attendris des parents pleins de reconnaissance, l'universitaire de 29 ans offre sa création à l'enfant, lui rendant par cet acte généreux ce que la vie lui a ôté : la possibilité de se mouvoir. «J'ai développé et construit ce fauteuil avec mes fonds propres. Je l'ai imaginé et conçu seul. Je l'ai aussi breveté en juin 2012 et amélioré. D'ailleurs, la version améliorée a remporté un grand succès au Salon national de l'innovation (organisé début décembre) auquel j'ai participé dernièrement», s'en félicite-t-il.Ouassama Touaba, fier de sa réalisation, raconte son histoire avec un arrière-goût d'amertume. «A l'université Mentouri de Constantine, on ne m'a pas fait confiance. J'ai proposé plusieurs projets auxquels personne n'a voulu y croire. D'ailleurs, pour mon master, j'avais présenté pour le mémoire de fin d'études la réalisation d'un bras manipulateur téléguidé à distance. Les encadreurs ne se bousculaient pas. Ils doutaient de mes capacités à le réaliser. Et lors de la soutenance, certains m'ont félicité et d'autres ont fait la fine bouche. Sincèrement, on ne m'a pas aidé», déplore-t-il. Après avoir exposé ses réalisations, le fauteuil roulant électrique pour enfants handicapés et une voiture électrique téléguidée à distance au salon de l'innovation, l'ingénieux Oussama reçoit les félicitation du ministre du développement industriel et de la promotion de l'investissement, Amara Benyounès, qui l'oriente vers l'office national d'appareillages et accessoires pour personnes handicapées afin de prendre attache avec cette entité publique.«Je me suis déplacé à l'Onaaph à plusieurs reprises. J'ai été reçu par la responsable de le cellule de Recherche et Développement, mais sans arriver à une conclusion satisfaisante puisque je n'ai pas réussi à voir le directeur de l'office», raconte-t-il. Le jeune prodige assure avoir pris attache également avec le Centre de développement des technologies avancées (CDTA) qui avait passé un accord en 2008 avec l'Onaaph pour travailler sur le fauteuil roulant électrique. «Leur produit est inabouti. Ils en sont toujours au stade des essais. Le mien est beaucoup plus évolué», tranche-t-il.En fait, M. Touaba souhaiterait installer une société de montage pour ces fauteuils électriques. «Je me suis rapproché de l'Ansej (Agence de soutien pour la création d'entreprise), où on m'a demandé un soutien de l'Onaaph en m'expliquant que même si la formule (Ansej) accorde une exonération des taxes douanières, les pièces que je suis obligé d'importer seront imposables. Cela ne m'arrange pas, car avec cette contrainte mon fauteuil coûtera aussi cher que ceux importés», déplore-t-il. Oussama assure que son produit tel que conçu coûtera moitié moins cher (s'il n'y avait pas la taxe douanière) que les derniers fauteuils importés. «Il vaudra 100 000 DA, alors que ceux importés varient entre 180 000 à 500 000 Da, selon la provenance du produit», informe-t-il.Ce dernier profite d'ailleurs pour lancer un appel aux ministères de l'Industrie et du Commerce afin de lui permettre d'importer les pièces (moteurs) en bénéficiant d'un couloir vert. Aujourd'hui, Oussama Touaba travaille dans l'unité de recherche scientifique sur les énergies renouvelables d'Adrar. «J'ai bien reçu des propositions très alléchantes de l'étranger. Mais, je me dis que je dois encore travailler ici en Algérie. Pour l'instant, je suis contractuel et j'attends de voir la suite. Et je vous promets une grande surprise d'ici trois mois», annonce l'inventeur qui travaille sur plusieurs nouveaux projets qu'il n'a pas souhaité dévoiler.




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