Algérie

«On n'a pas su répondre aux aspirations des Algériens»



Au cours de l’entretien qui a duré près d’une heure, ce militant des résolutions pacifiques des conflits a abordé plusieurs sujets d’actualité internationale, son parcours et son appréciation des événements qui secouent l’Algérie depuis l’interruption du processus électoral en 1991. Récipiendaire du prix spécial du jury de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits dans le monde, Lakhdar Brahimi a souligné l’effort du groupe des sages pour la paix composé, entre autres, de Nelson Mandela, Jimmy Carter et Kofi Annan.
Concernant la question du Sahara occidental, l’invité de BRTV a souligné : «Le nationalisme sahraoui existe depuis toujours et il a mûri à l’ombre de l’occupation marocaine. Concernant les récents événements d’El Ayoun, l’ONU n’a pas donné son accord pour enquêter. Les frères marocains soutiennent que ce sont les Algériens qui créent les problèmes, mais les événements d’El Ayoun ont prouvé le contraire. Les Sahraouis, inéluctablement, aboutiront à l’autodétermination.» Pour lui, les relations entre le Maroc et l’Algérie doivent se normaliser et la fermeture des frontières n’est pas normale. Il a toutefois rejeté le parallèle entre la situation à Ghaza et à El Ayoun, car, a-t-il souligné, «Ghaza est une prison, un camp de concentration», mais il reste optimiste. «Il n’y a pas de conflit sans solution», a-t-il affirmé.
Une large part de l’intervention de Lakhdar Brahimi a été réservée à la situation au Proche-Orient. «Entre Israël et la Palestine, il y a un processus, mais pas de paix. Tous les efforts consentis sont inefficaces et inutiles. Israël, troisième exportateur d’armes et plus grande puissance dans la région, se fait admettre comme victime, posant le problème de sa sécurité et obtenant le soutien sans réserve des Etats-Unis. Je suis antipolitique israélienne, je préconise une solution de paix qui satisfasse les deux parties et qui sera soutenue par les Etats arabes et musulmans.»  Répondant à une question sur les origines de la crise que vit l’Algérie depuis les années 1990,
M. Brahimi dira : «On sait ce qui s’est passé ; plus de 100 000 morts, mais on ne peut pas savoir ce qui se serait passé si les élections étaient maintenues. Le «qui tue qui» est une blague, car c’est la furie terroriste qui tue, mais on a une part de responsabilité dans ce qui s’est passé, car on n’a pas su répondre aux aspirations des Algériens.» A propos du terrorisme international, le diplomate a indiqué que Ben Laden se cache au Pakistan «dans une région tribale hyper sécurisée».
La mise à prix de sa tête à 50 millions de dollars «ne trouve pas preneur, contrairement à Saddam vendu par les siens pour la moitié de cette somme», a-t-il soutenu.
Evoquant les relations algéro-françaises, M. Brahimi a eu une réponse diplomatique en déclarant: «Il faut régler les vrais problèmes qui existent et éviter les faux problèmes et les malentendus.» En hommage à la mémoire du penseur Mohamed Arkoun, décédé dernièrement, il dira que la création d’une association qui ferait connaître sa pensée est nécessaire. M. Brahimi, qui fêtera ses 77 ans dans un mois, a déclaré s’être retiré définitivement des affaires et que le gouvernement algérien ne l’a jamais sollicité depuis 1993. «Je ne peux pas retourner aux affaires, l’Algérie mérite bien mieux que moi», conclut-il, avec humilité.
 


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