Algérie

"On m'a appris à être résolu devant la mort"



Depuis sa cellule de la prison de Koléa, le général-major à la retraite, Ali Ghediri, a adressé une nouvelle lettre à l'opinion publique dans laquelle il dénonce l'injustice qu'il subit. Dans cette lettre, rendue publique hier à Alger par le comité national qui milite pour sa libération, Ali Ghediri constate que "l'arbitraire s'érige en règle dans le fonctionnement des institutions et que les établissements pénitentiaires de la république sont détournés de leur vocation première pour servir de lieu de confinement pour ceux que le pouvoir désigne comme opposant pour étouffer les voix".Pour l'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2019, il n'a pourtant fait "qu'exprimer une opinion, une idée, un projet de société ou (...) se porter candidat à l'élection présidentielle avec la promesse de rompre avec le système qui a mis l'Algérie à genoux".
Malgré la difficulté, l'homme ne renie pas ses engagements. Il avance même qu'il est toujours prêt à payer le prix de cet engagement car "le sacrifice a fait corps avec mon destin le jour où j'ai opté pour le métier" de militaire. Au sein de l'armée "on m'a appris à être résolu devant la mort lorsqu'elle sert une cause juste".
S'il remercie ses soutiens, Ali Ghediri dénonce ceux qui ne se prononcent pas. "Le silence devient caution et la complicité une posture assumée pour ne pas dire d'avantage", a-t-il simplement fustigé.
Pour la première fois depuis son emprisonnement en juin 2019, Ali Ghediri se prononce sur l'actualité. Pour lui, l'avènement du Hirak "fait désormais figure de l'Histoire nationale". Il demande aux acteurs du mouvement populaire de veiller "à sa trajectoire patriotique" et à "en préserver le cours" pour "le prémunir contre toute tentative d'infiltration, de récupération et de hold-up idéologique".
Après près de 23 mois de détention, Ali Ghediri ne s'avoue pas vaincu. Aouicha Bekhti, Miloud Brahimi et Me Chafaï ont décrit un "homme au moral d'acier". "Je vous donne la bonne nouvelle : Ali Ghediri est bien portant et il est déterminé", rassurent Miloud Brahim et Aouicha Bekhti, qui l'ont vu récemment. Des déclarations qui ont rassuré une partie de la famille du détenu qui était présente dans la salle.
Parmi elle, son frère El-Hadi a dit ne pas comprendre le black-out médiatique et le déni des citoyens vis-à-vis de l'injustice que vit son frère. Ramdane Tazibt, responsable du Parti des travailleurs et des personnalités ont également assisté à cette rencontre tenue au siège du Mouvement démocratique et social, MDS.
Si aucune date pour la tenue du procès d'Ali Ghediri n'est connue, ses avocats pensent à une solution extrême : Miloud Brahimi dit qu'il pourra se déconstituer une fois le dossier devant la chambre criminelle. Pourquoi ' "Parce qu'il n'y a tout simplement rien à défendre. En plus de 50 ans de travail comme avocat, je n'ai jamais vu un dossier aussi vide !", s'est exclamé Me Brahimi.
Pour donner une nouvelle chance au détenu, le Comité national pour la libération d'Ali Ghediri ne se contentera pas de suivre le calendrier judiciaire. Il rendra publique bientôt une nouvelle lettre adressée au chef de l'Etat.

Ali Boukhlef


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