Algérie

ON GARDE LE CAP!



ON GARDE LE CAP!
«Le changement de chef fait la joie des sots.» Proverbe roumain
Maintenant que la messe est dite et que les résultats des élections sont quasi définitifs, sous réserve toutefois des recours qui seront exprimés par les partis qui se sont sentis lésés, floués ou grugés, on peut dire que la galère dans laquelle nous sommes embarqués va continuer son petit bonhomme de chemin avec toujours le même équipage (sauf de temps en temps un changement d'homme de quart pour donner l'illusion du temps qui passe sur une mer démontée), sans se soucier de la direction des vents ou du changement climatique. Les matelots continuent leur corvée et seuls des jurons interrompent de temps en temps leur travail routinier. Surtout, défense de mettre le nez dehors! Les maîtres d'équipage veillent au grain et les coups pleuvent sur tous ceux qui osent essayer de suivre le vol des goélands. Les armateurs sont contents: encore un galion qui arrivera à bon port, avec ses flancs chargés de toutes les richesses exotiques dont on rêve sur les rivages de Wall-Street ou de la Seine. Le dépouillement achevé, il est entendu que l'Algérie ne connaîtra pas de sitôt un Printemps arabe pour la bonne raison que le Printemps berbère est déjà passé par là et que la plupart des indigènes qui tournent en rond dans cette grande cage ne se soucient ni du temps qu'il fait ni des saisons qui se succèdent à un rythme effréné... Ils ont connu tant de faux printemps et tant de fausses nouvelles saisons qu'ils peuvent bien continuer à trimer en attendant le prochain naufrage. Le vent du changement peut souffler ailleurs, ici, on garde le cap bien qu'on nous annonce la fin du vent en poupe pour 2030, et jusqu'à présent aucun changement de cap en perspective. Les plus malins ont préparé leurs canots de sauvetage et les simples matelots se contenteront du radeau de la Méduse... On peut continuer longtemps à délirer sur cette métaphore de la gouvernance et de la navigation à vue, mais le fait est là: il n'y a pas eu de tempête dans les urnes et le changement renvoyé aux calendes grecques. Mais il faut se consoler quand même: les chiffres officiels sont loin de ceux auxquels on nous avait habitués quand le bourrage des urnes n'était point supervisé par des observateurs étrangers. D'ailleurs, il faudrait se poser la question si la présence d'observateurs impartiaux assermentés est une garantie de la régularité d'un scrutin. On a vu qu'en Syrie, les missions de la Ligue arabe puis de l'ONU, se sont succédé sur le terrain sans pouvoir toutefois faire respecter un cessez-le- feu qui n'a jamais eu lieu et sans surtout pouvoir désigner d'une façon formelle le fauteur de troubles: comment reconnaître une explosion produite par des matériaux livrés par le Qatar via la Libye de ceux fournis par Moscou ou l'Iran' Les armes comme les morts gardent leur anonymat. Tout est fait pour mettre en difficulté la perspicacité de ces observateurs. D'ailleurs, en ce qui concerne les observateurs, je suspecte les professionnels des bourrages d'urnes d'avoir tenté, par de diaboliques manoeuvres, de détourner l'attention de ces arbitres de la régularité: dans cette bonne vieille ville de Blida (la ville des Roses!), une quarantaine d'agents administratifs de la wilaya, détachés pour le bon déroulement du vote ont été intoxiqués par du poulet préparé la veille du scrutin. Je m'autorise à dire qu'il y a là anguille sous roche! Qui est-ce qui me dit que ce poulet n'a pas été préparé exprès pour les observateurs et que ces derniers, retardés par un embouteillage monstre sur l'autoroute Est-Ouest, ont finalement préféré faire escale à Boumedfâa pour y casser la croûte et en même temps jeter un coup d'oeil dans un bureau où on ne les attendait guère' Alors, la «chtitha djedj» a été fourguée aux pauvres indigènes de service. Moralité: se méfier du poulet gratuit les jours de scrutin!




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