Algérie

On fait comme Ruquier'



Puisque notre Unique n'a pas d'émission télévisée dans le genre pour nous divertir et nous permettre de croquer une actualité plutôt croustillante, on va essayer de faire comme Laurent Ruquier dans « On n'est pas couché' » : Sans images, mais on peut laisser l'imaginaire défiler'Aujourd'hui, on ne recevra pas Mehdi El Djazaïri, l'auteur de Poutakhine. Et pour cause, le roman qui fait scandale depuis sa parution ne sera pas présent au Salon du livre qui cette année s'est mis en toile sous un chapiteau. Pire, l'ouvrage sans être interdit officiellement, est retiré manu militari des librairies par les services de police. Alors que le livre a reçu le plus normalement du monde le bon de tirage, son ISBN faisant foi, le voilà soumis à une chasse sans pareille de la part de la brigade de recherche et d'investigation du commissariat central. On se croirait revenir au temps de l'Inquisition. Le domicile de Mehdi El Djazaïri, quant à lui, a été fouillé de fond en comble dans l'espoir d'effacer à jamais les traces de ce roman qui semble donner de l'urticaire aux gens du Pouvoir.Bref, c'est un véritable branle-bas de combat qui a été mené par le commando de la police judiciaire pour réduire à néant une 'uvre littéraire que la presse nationale a qualifiée de « réquisitoire sans complaisance contre les dirigeants algériens depuis l'indépendance ». L'auteur qui a emprunté un pseudonyme pour la circonstance avoue ne rien comprendre à cette grave atteinte à la liberté d'expression qu'il dénonce avec la plus grande fermeté. Spécialiste des sondages, il affirme que c'est sur la base de longues années d'observation de la société algérienne qu'il a abouti aux conclusions contenues dans son roman. Revers de la médaille, celui-ci a bénéficié d'une campagne de publicité inespérée puisque tout le monde veut à présent le lire. Il sera, paraît-il, disponible sur Internet. A quoi donc auront servi les mesures de représailles qui nous rappellent le triste épisode de l'affaire du bouquin de Benchicou Les geôles d'Alger frappé d'interdit de manière aussi brutale.On ne recevra pas également Aboudjerra Slotani, le président du MSP qui vient de faire parler de lui en quittant précipitamment la Suisse où il comptait, avec son épouse, passer quelques jours de vacances. Motif, le dirigeant islamiste a plié bagage de peur d'avoir à affronter la justice du canton de Fribourg qui, selon toute vraisemblance, serait dépositaire d'une plainte pour torture dans laquelle il serait impliqué directement. Cest un certain Nouar Abdelmalek, ancien fonctionnaire au ministère de la Défense, aujourd'hui vivant en France avec un statut de refugié politique, qui serait parmi les signataires de la plainte pour avoir été torturé, affirme-t-il, en présence de Aboudjerra Soltani. Le leader du MSP serait-il dans de mauvais draps ' En tout état de cause, sa fugue qui a fait les choux gras de la presse n'a pas été démentie. Au sein du parti islamiste, bon chic bon genre, on se garde d'évoquer l'affaire pour éviter que le scandale ne prenne trop d'ampleur, bien que les opposants de Soltani à l'intérieur du MSP où les crises intestines sont à répétition, ne cachent pas leur inimitié en espérant récolter les dividendes de cette grave affaire pour faire tomber le chef contesté de son piédestal. En matière de diplomatie, le point noir Soltani serait très mal accueilli en haut lieu'On ne recevra pas aussi, excusez du peu, le président de la République tunisienne qui vient de se faire élire pour un cinquième mandat, avec un score toujours aussi éloquent (89,62%). Pour nos amis Tunisiens, il n'y a aucune surprise à voir le successeur de Bourguiba obtenir une victoire gagnée d'avance. En effet, qui aurait cru un seul instant qu'après 22 ans de règne sans partage sur ce petit pays, présenté par les Européens comme un modèle de démocratie, Ben Ali en viendrait à jouer réellement le jeu de l'alternance en laissant la place à d'autres. Si notre Télé ronronne, la Télévision tunisienne fait la fête à son leader bien aimé. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, en Algérie on ne devrait pas, mais alors pas du tout, faire de ce constat un prétexte de dérision étant donné la similitude de nos régimes. Mais la question de savoir pourquoi le pouvoir n'use-t-il pas ceux qui l'exercent depuis longtemps reste posée. Remarque, il n'y a pas qu'au sommet de l'Etat que le pouvoir grise. A tous les niveaux de la vie active, quand on y goûte, on ne peut plus s'en détacher. Si le principe est valable pour un petit chef d'entreprise, que dire alors d'un chef d'Etat 'On ne recevra pas non plus Merzak Allouache dont le dernier film Harragas a remporté haut la main le Palmier d'Or du Festival international du cinéma méditerranéen de Valencia. Sur les 13 pays en compétition, l'Algérie a donc réussi à tirer honorablement son épingle du jeu grâce d'abord à un réalisateur de talent qui n'est plus à présentrer, ensuite à un film-vérité qui nous plonge avec de terribles émotions dans le drame de l'évasion par la mer auquel est confronté non seulement la jeunesse algérienne mais tous les jeunes d'Afrique et d'ailleurs qui aspirent à une vie meilleure que leur misérable existence.On a reçu par contre le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Yazid Zerhouni qui nous a parlé, pendant plus de deux heures, du passeport et de la carte d'identité biométriques qui seront mis en circulation en avril 2010. L'invité de Canal Algérie qui a monopolisé à lui tout seul le programme d'une soirée a donné tous les détails de ces futurs documents qui vont aider, selon lui, à « lutter efficacement contre le terrorisme, la criminalité et la délinquance ». Zerhouni, il n'y a pas à dire, est une personnalité politique que l'Unique aime bien. Après les émeutes de Diar Echems, c'est à lui que la parole a été donnée pour calmer le jeu'


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