Algérie

«On fait ce qu'on peut, pas ce qu'on veut»



«On fait ce qu'on peut, pas ce qu'on veut»
Offre - «Ethey, ethey...», ne cessent-ils de répéter à longueur de journée, faisant le bonheur des amateurs de cette boisson. Ils sont partout.
Ils sont postés aux stations de bus, à proximité des universités et même en face des banques et administrations. Ils ne passent pas inaperçus avec leur modeste matériel. On leur reconnaît, outre la qualité du thé, la rapidité de leurs gestes et leur don de s'infiltrer entre les passants, pour proposer le fameux gobelet de thé. Une boisson qui s'est imposée, à Alger et ce, à la faveur de ces jeunes qui rappellent, en tout état de cause, l'hospitalité des gens du Sud, combien connaisseurs de la préparation du thé. «A 20 DA le gobelet, et de cette qualité, j'en prends parfois deux en une seule journée», affirme Hamid, cadre dans une banque publique, car, a-t-il ajouté, parfois je me dis que ces jeunes venus de l'extrême Sud algérien, ne font pas ce métier pour le plaisir, donc c'est ma manière à moi de leur apporter de l'aide. Hamid a, sans nul doute, raison. «Oui je viens de Reggane. J'aurais tant aimé décrocher un poste de travail tout près de mes parents, mais que voulez-vous, on fait ce qu'on peut, pas ce qu'on veut», nous dira Sidhoum, un revendeur de thé malgré lui, qui assurera en outre que c'est uniquement pour subvenir aux besoins croissants de leurs familles que la plupart d'entre eux se sont convertis à ce métier. Un avis partagé par la plupart de ceux interrogés dans ce cadre. Amayes, comme son prénom l'indique, vient du fin fond du désert. Il est de Djanet précisément. On l'a rencontré non loin de la Fac de droit de Ben Aknoun, le fief des revendeurs du thé ambulants.
Avec lui «revendre du thé», c'est une longue histoire. En l'écoutant, on apprend que bon nombre de jeunes du Sud «aspirent, comme tous les jeunes, à un meilleur avenir. Ils rêvent, d'au moins un emploi stable et durable» mais c'est le destin qui en a décidé autrement. «Alger, je la connais bien. J'y ai fait mes études universitaires sanctionnées d'un diplôme d'ingénieur en statistiques. Le nombre d'années passées à la recherche d'un emploi digne, est pratiquement égal à celui passé dans les amphithéâtres.
J'ai frappé à toutes les portes mais en vain : pas facile de décrocher un poste de travail et franchement, je n'en ai plus envie. Mon diplôme fait partie du décor de notre demeure familiale et il m'arrive parfois d'oublier que je suis passé par l'université et en faisant ce métier, on ne fait pas fortune mais au moins on ne tend pas la main», témoigne-t-il. Vrai. Au lieu de sombrer dans la débauche, les agressions ou les vols, ces jeunes préfèrent parcourir des kilomètres, théière à la main. En dehors du ramadan, ce sont les plages qui sont la destination privilégiée. Cependant, en période hivernale, enchaînera-t-il, les donnes sont autres. «Quand il pleut, c'est le chômage assuré», regrettera-t-il.


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