«On est plus fort ensemble !»

La chanteuse camerounaise, Sandra Nkake, a présenté au Dimajazz un show haut en couleur et en sonorités.ConstantineDe notre envoyé spécialSandra Nkake est un torrent d'énergie. Mardi soir, au 12e Festival international Dimajazz de Constantine, qui se déroule sous chapiteau à Zouaghi, la chanteuse franco-camérounaise a offert au jeune public un show phénoménal. Du chant, de la chorégraphie, de la mise en scène, de la lumière, du gros son... Bref, un vrai spectacle. L'artiste, qui est née à Yaoundé, n'aime pas faire les choses à moitié. Après une tournée mondiale pour la promotion de ses deux albums, Mansaadi et Nothing for granted, Sandra Nkake a présenté des chansons nourries en rythmes et en mélodies. Le tout réglé au millimètre. La musique de Sandra Nkake, souvent comparée à Grace Jones ou à Sade, est un mélange explosif de rock, de funk, de jazz, de pop, d'électro, de musique traditionnelle africaine, de hip-hop, de soul, de sonorités orientales...Les textes, écrits en anglais, évoquent les moments durs de la vie, la liberté, l'enfance, la quête du bonheur, la paix, l'amour et la fierté africaine. Des paroles puisées dans les tourments et les plaisirs du monde contemporain. «Je suis venue en cousine et en voisine du Cameroun, là ça fait plaisir. Je chante pour les personnes qui ont décidé d'affirmer leur personnalité. Vous êtes la preuve qu'on peut se mélanger, échanger. Nous disons tous ?'non, non à la haine, ça ne passera pas. On est plus fort ensemble ! Pas de Noirs, pas de Jaunes, pas de Blancs, nous sommes un ! », a-t-elle lancé au public.Elle a remercié les présents de soutenir les arts vivants menacés par les crises économiques. Sandra Nkake, qui est également comédienne, a interprété d'une manière admirable les personnages de ses propres chansons. Elle a utilisé la danse, l'expression corporelle, les variations vocales, le mouvement scénique pour faire le show, comme pour cette chanson Bla bla bla sur une petite fille qui écoute les conversations des adultes. Son chant est appuyé par la voix et la flûte traversière de Ji Drû, véritable second rôle sur scène. Ji Drû a déjà accompagné Omar Sosa, Doctor L et Toma Sidibé.Sandra Nkake a été elle-même aux côtés de grands noms de la musique, comme China Moses, Tony Allen ou Nana Vasconcelos. «Nous sommes dans une époque où l'on est à la course et à la surenchère. Moi qui suis maman, j'essaie de faire en sorte qu'il y ait d'autres images que celles qui sont souvent véhiculées. Mes cris sur scène représentent toute l'énergie que certaines personnes déploient pour faire des choix qui leur ressemblent dans leur vie, pour une société plus juste, pour avoir le droit d'exister, d'avoir de l'eau, de la nourriture, des loisirs... Nous sommes dans un monde très normé. Le capitalisme a tout bouffé, il n'y a presque plus de place pour le reste», a déclaré à la presse Sandra Nkake après le concert.«Je pense que c'est une chance de pouvoir voyager et de rencontrer d'autres publics. Si les gens ne viennent pas aux concerts, nous ne servons à rien. Les concerts sont des occasions de rencontre entre personnes de classes et d'âges différents. Ce mélange est important en tout cas pour notre métier.La musique n'est pas une fin en soi. Je suis persuadée qu'il existe un espace quelque part où toutes nos énergies se comprennent au-delà des clivages, des dogmes, des croyances et des cultures. Par la musique, je reste dans ma sincérité et je croise celle d'autres personnes», a-t-elle appuyé, donnant une valeur philosophique à son travail musical. Sandra Nkake, qui anime l'émission «Plus d'Afrique» sur Canal Plus Horizons et qui vient d'interpréter un rôle dans le dernier film de Lucas Belvaux, Pas son genre, fait des recherches en permanence pour nourrir sa quête artistique.