«On espère que l'Algérie nous aidera dans notre transition» KACEM GHARBI, CHARGE DES AFFAIRES EXTERIEURES DU PARTI ENNAHDA, À L'EXPRESSION

L'Expression: Quelle est pour vous la chose la plus importante lors de ces élections'
Kacem Gharbi: Je pense que ce qui est le plus important c'est le taux de participation qui, normalement, même si ce n'est pas encore officiel, tourne autour de 30%. Donc, le résultat de ces élections reflète réellement les tendances, les choix des votants. Ce taux de participation donne plus d'ampleur aux gagnants.
Ces partis élus au suffrage universel reflètent aussi le choix de la plupart des Tunisiens. Si le taux n'était pas aussi important quels que soit le ou les partis qui auraient gagné aux élections, cette victoire ne serait pas aussi importante, ceci d'une part. Ce résultat officieux donne, d'autre part, une idée sur la tendance générale des électeurs qui ont choisi des partis, dont Le Congrès pour la République (CPR) et Ennahda qui étaient les vrais opposants de l'ancien régime et ce sont, pratiquement, les deux partis qui ne cessent de lancer des appels pour une transition consensuelle.
Selon vous, le Parti des ouvriers communistes tunisiens (Poct) ou Ettakatoul pour ne citer que ceux-là, ne sont pas des partis d'opposition qui ont souffert et milité depuis longtemps'
Même si, jusqu'à maintenant, nous ne connaissons pas les résultats du Poct, il serait judicieux d'avoir un résultat positif pour ce parti afin d'avoir un large consensus aussi bien au sein de la Constituante qu'au gouvernement d'union nationale.
Ennahda est accusé, avec preuves à l'appui, d'irrégularités constatées au niveau de plusieurs bureaux de vote...
Je me réfère à la déclaration de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, lundi à 4h du matin, selon laquelle des irrégularités qui auraient été commises par certains partis, n'ont pas eu d'influence sur le résultat des élections. En second lieu, je voudrais insister sur le fait que parler de preuves à l'appui, est une chose qui reste à prouver. C'est tout simplement de la désinformation.
La loi électorale tunisienne ne permet pas une majorité absolue pour un parti qui obtiendrait 30%. Dans ce cas, allez-vous opter pour une alliance politique'
Ma réponse comporte deux volets. Le premier en ce qui concerne la loi électorale, celle-ci est compliquée mais il faut comprendre que malgré cela, elle permet avec un ras-de-marée électoral d'avoir même plus que 50%. Le deuxième volet qui concerne notre vision politique de l'après-23 octobre est quel que soit le taux que nous obtiendrons, j'estime que nous allons défendre l'idée d'un gouvernement d'union nationale avec 30 ou 50%.
Si votre parti raflait la mise, quelle serait votre vision des relations tuniso-algériennes'
D'abord, il faut comprendre que le peuple tunisien et le peuple algérien forment une seule entité. Nous avons une histoire commune et nécessairement, nous aurons un futur commun. Lors de la dernière visite de Rached Ghannouchi en Algérie où il a rencontré Abdelaziz Belkhadem, il a insisté sur l'idée d'unité des deux peuples. Il faut savoir aussi que lors de la répression dans les périodes de Ben Ali, beaucoup de militants de notre parti ont trouvé refuge en Algérie.
Nous espérons trouver chez nos frères et amis algériens tout le soutien pour notre transition démocratique. L'Algérie pour nous est un allié stratégique et nous savons pertinemment que c'est réciproque. Tous nos efforts se feront pour l'amélioration des relations bilatérales. Et juste pour votre information, nous comptons parmi nos militants des membres d'origine algérienne.
Si vous êtes majoritaires dans la Constituante qui sera d'une durée d'un an, pour quel régime opterez-vous et quel programme mettrez-vous en place'
Pour nous c'est d'abord, la mise en place de la Constitution, la formation d'un gouvernement d'union nationale et la résolution des problèmes socio-économiques les plus urgents et, bien sûr, la préparation des élections législatives et municipales en fonction de l'accord entre les partis au sein de la Constituante.