Algérie

"On doit écouter les résidents!"


L'égalité des soins à tous les citoyens, où qu'ils se trouventCet éminent spécialiste n'est plus à présenter. Sa notoriété dépasse les frontières du pays. Il parle sans détour, sans complaisance, avec fermeté et beaucoup de passion du «modèle» de santé en Algérie. Mais aussi, actualité oblige, des résidents en colère. Il explique et fait des propositions avec beaucoup de pédagogie. Compte rendu...
Sans fioritures. Mercredi soir, le professeur Djamaleddine Nibouche était sur le plateau de l'émission «Notre invité» de la chaîne publique Canal Algérie. Le sujet central était «nouvelle loi sanitaire: des réformes et des attentes», mais avant de l'entamer, Samia Bacha, l'animatrice, a demandé son avis au professeur Nibouche sur les revendications (en cours) des médecins-résidents. Après avoir confirmé que des problèmes existent entre ceux-ci et la tutelle et notamment ceux que pose le service civil en sa forme actuelle, le professeur avance une solution. D'abord à quoi répond le service civil' commence-t-il par s'interroger. A assurer la même qualité des soins dans les zones déshéritées que dans les villes.
L'égalité des soins à tous les citoyens, où qu'ils se trouvent, est prévue par la Constitution. Jusque-là, il s'agissait d'envoyer des spécialistes, c'est-à-dire des résidents qui ont fini leurs études dans le cadre du service civil. Or, sans évaluation préalable du «plateau technique» existant, le professeur démontre l'inefficacité de la méthode. Il prend l'exemple extrême du chirurgien sans bloc opératoire. De plus, il cite le problème de l'isolement qui affecte la performance du médecin. Il ajoute même la spécificité algérienne qui pose problème à la femme médecin qui serait obligée d'accomplir son service civil dans des zones isolées. Alors, la solution qu'il préconise prendrait la forme d'une «mission pluridisciplinaire». Celle-ci serait composée du spécialiste, des infirmiers, des techniciens, etc. En quelque sorte le «plateau technique» qui partirait en mission de deux années sous la direction et le contrôle du chef de service auquel est rattaché le résident et le reste du personnel médical. Ce qui aurait le mérite de rendre immédiatement opérationnel le spécialiste. D'être encadré dans ses premiers gestes de praticien. Et enfin de briser la hantise de l'isolement. Le plus important, à ses yeux, reste le dialogue «permanent» entre la tutelle et le corps médical. Si ce dialogue s'instaure, le professeur Nibouche est très optimiste. Cela assurera une bonne couverture de santé publique de nos «déserts médicaux». Il ajoute sur un ton émouvant: «Les résidents sont nos enfants. On doit les écouter et trouver les solutions à leurs problèmes!». Sans oublier «qu'être médecin n'est pas un métier. C'est une mission humanitaire qui exige des sacrifices.» Les résidents en sont tout à fait conscients. C'est pourquoi ils doivent coopérer avec la tutelle dans le cadre d'un dialogue permanent. «J'insiste sur la notion de dialogue permanent», souligne le professeur. Il faut également que tous les intervenants de la santé participent, aux côtés du ministre, au dialogue pour aboutir à des solutions consensuelles. Samia Bacha enchaîne ensuite sur le sujet central qui est le projet de loi actuellement sur le bureau de l'APN. Sauf que le professeur Nibouche avoue «n'avoir pas eu le privilège d'en prendre connaissance». Cela ne l'empêchera pas de répondre aux questions précises de la journaliste tant il maîtrise les différents problèmes que vit le secteur de la santé dans notre pays. Pour lui et de manière générale, une loi doit être pensée au préalable pour s'assurer de sa faisabilité. Il prend l'exemple des greffes d'organes prévues, depuis des années, dans la loi qui est appelée à être remplacée. Or cela n'a jamais été appliqué. Il faut donc analyser les causes et ne légiférer que sur ce qui sera possible d'appliquer. Se sont enchaînées des questions sur les médicaments, leur production, mais aussi leur disponibilité. Il a été également question de la gestion hospitalière qui devra être revue dans ses divers aspects. Avec ce constat saisissant des appareils d'imagerie qui subissent de longues pannes dans le secteur public alors que dans le secteur privé ils fonctionnent sans problème. Ou encore le cas des hospitalisations de plusieurs mois quand elles ne nécessitent que quelques jours. Le professeur Nibouche a également donné son avis sur la prévention. Sur la gériatrie et la nécessité de créer des services dans les CHU pour cette spécialité. A toutes les questions, le professeur Nibouche a répondu avec l'assurance et l'expertise que lui confère sa longue carrière dans cette «mission humanitaire». En trouvant les mots que tout le monde peut comprendre. Autant l'avouer, il est impossible de rendre compte de toute l'émission. Nous avons cependant compris aisément, grâce à lui, beaucoup sur la santé dans notre pays. Nous avons capitalisé ce savoir que nous ne manquerons pas de vous livrer à chaque fois que l'occasion se présentera. Captivante était l'émission. Et très instructive!
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