Algérie

On dénonce «les travers de la privatisation de l’ENCG d’Es-Sénia»



Les travailleurs occupent la rue   Les 380 travailleurs de l’unité UP3 d’Es-Sénia, filiale de l’ENCG Oran, ont bloqué, hier, la principale rue de la ville d’Es-Sénia pour faire valoir leurs droits, d’une part, et protester contre une reprise de leur unité, qu’ils disent «douteuse», par un investisseur algérien. Cette protestation intervient le jour du double anniversaire du 20 Août, une symbolique voulue par les travailleurs qui en sont à deux mois de salaires impayés. Ce qui constitue une première violation d’après les syndicalistes sur place, et qui affirment avoir saisi par fax le chef du gouvernement, le ministère des Participations et de la Promotion de l’investissement (MPPI), la fédération des industries agroalimentaires, la Centrale syndicale UGTA, les autorités locales ainsi que toutes les structures intermédiaires comme l’union territoriale, l’union de wilaya et l’inspection du travail. Selon un document en notre possession, le président du Groupe KOUGC (qui a racheté, par le biais de sa structure UNIHUILE, les filiales ENCG d’Oran à hauteur de 80% ainsi que celles d’Alger) s’était engagé le 13 août 2005 vis-à-vis du MPPI à préserver et à maintenir les emplois, à former et à valoriser les ressources humaines par l’injection de 13,6 milliards de centimes pour la formation dont 6 pour les trois premières années, à maintenir l’activité avec une extension vers l’exportation et à maintenir, enfin, l’activité syndicale. Ce sont ces engagements que le repreneur de l’unité d’Es-Sénia aurait reniés ou tout au moins non honorés à ce jour et que les protestataires dénoncent. Agissant sans violence et dans une parfaite maîtrise de leur mouvement, les travailleurs présentent trois revendications. La première concerne le versement des mois impayés en ces temps où les factures d’électricité, de gaz, d’eau et de loyer leur tombent sur la tête avec à la clé des pénalités de retard; la seconde est que le nouveau repreneur redémarre les activités de production qu’il a gelées, selon les protestataires depuis la reprise, ce qui leur permettra d’assurer une production source de revenus à la veille d’une rentrée sociale et scolaire qui s’annonce pénible pour eux, «d’autant plus que le mois de Ramadan frappe aux portes», arguent-ils. Le cas échéant, soutiennent-ils, «que le repreneur encourage les travailleurs à partir en leur versant les indemnités prévues par la loi». Les protestataires soutiennent également que des investisseurs étrangers autrement plus fiables, selon eux, étaient sur les rangs et ont été «écartés par une procédure opaque qui a abouti à une prise de capital sur les filiales d’Oran (Sénia et Sig), sans que le partenaire social ne soit associé à la transaction». Ces propos semblent, en tout cas, corroborés par une lettre adressée par le SG de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, au ministre des Participations et de la Promotion de l’investissement, en date du 3 août 2005, c’est-à-dire 10 jours avant la lettre d’intention et d’engagement qu’a adressée le président du groupe KOUGC au même ministère. Les protestataires s’appuient, justement, sur le discours du président de la République dans lequel il affirmait qu’il ne pourrait y avoir de négociations de gré à gré sans la participation du partenaire social. Les protestataires soutiennent que leur entreprise était productive, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui et ce qui est contraire à l’esprit de la privatisation censée dynamiser les secteurs touchés. Le chef de la daïra d’Es-Sénia ainsi que le chef de la Sûreté de daïra étaient présents sur les lieux et ont tenté d’apaiser les esprits pour faire libérer les lieux et rétablir la circulation fermée aux automobilistes. Le chef de daïra a promis de transmettre les doléances des travailleurs au Wali d’Oran et d’intercéder en leur faveur auprès des entreprises Sonelgaz, ADE et autres concernées pour différer le paiement des factures sans les pénalités d’usage, vu la situation pécuniaire difficile qu’ils traversent. Le collectif envisage, selon ses responsables, de saisir la Justice pour contraindre le groupe KOUGC à honorer ses engagements, faut de quoi, arguent-ils, «le dossier ne sera pas clos». Nous avons tenté pour notre part d’avoir un autre son de cloche de l’autre partie en litige, en vain puisque les responsables de KOUGC se trouvent, semble-t-il, à Alger. Mohamed Amine Benadda


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