-Quelle a été votre réaction après l'annonce du président de l'agglomération de Montpellier d'arrêter le projet du Musée de la France et de l'Algérie ' Avez-vous été surprise 'D'abord, je n'y ai pas cru, j'ai pensé que ce n'était pas possible car je n'avais perçu aucun signe préalable. Donc oui, j'ai été très surprise. Surtout, je savais que le projet avançait et qu'il en était arrivé à un stade de plus en plus concret. On avait tout de même dépassé le choix des documents et des objets, l'organisation spatiale des expositions (la temporaire comme la permanente), des acquisitions avaient déjà été réalisées, des prêts faits auprès d'autres institutions, etc. On savait qu'on avait fait une grande partie du chemin. Pour moi, il n'était pas réversible, et je me demande encore aujourd'hui comment il peut l'être.-Vous travaillez depuis plusieurs mois sur ce musée ; dans quelles conditions le projet avançait-il alors que vous-même aviez réfléchi longtemps avant de rejoindre l'équipe 'D'un côté, le projet avançait en suivant les étapes normales, avec des difficultés qui sont ordinaires ? par exemple le retard d'un chantier n'a rien d'extraordinaire. Ici, cependant, le projet est resté plombé par la décision originelle de Georges Frèche, cela a été une cause de difficultés supplémentaires, parce que, pour moi notamment, cela a suscité de très fortes réticences. Cela a rendu compliquée la constitution d'une équipe, mais avec le temps cela avait fini par fonctionner, avec des réunions collectives, des échanges plus personnalisés sur des points précis. Et puis, on avait une répartition des tâches. En ce qui me concerne, j'ai donné mon avis sur la salle 14 de l'exposition permanente, consacrée à la guerre d'indépendance, et je me suis investie (avec bien d'autres ) dans l'exposition temporaire : «Algériens et Français dans la Grande Guerre ».-Aboutira-t-on à une réelle lecture commune de l'histoire de la France et de l'Algérie pour un vrai lieu de rencontre ' Où en êtes-vous aujourd'hui avec les autres intervenants 'L'exemple de l'exposition temporaire que je viens de donner est la meilleure des réponses : les réunions de ce conseil scientifique ont mis en présence des spécialistes de l'histoire de la colonisation, des spécialistes de l'histoire de l'Algérie (sachant bien sûr que des collègues algériens ont été associés), des spécialistes de l'histoire de la Première Guerre mondiale. Alors, cette histoire commune, ce n'est pas seulement une histoire franco-algérienne, comme on le pense souvent. C'est aussi une histoire des sociétés passées qui ont été concernées par des événements communs.Cette Première Guerre mondiale, c'est un moment de choix pour cela parce que l'expérience de la guerre, des hommes (et des femmes) l'ont connue, avec de très fortes diversités, en France, en Algérie, en Europe ; mais, au-delà de toute cette diversité au sein-même des pays concernés, c'est tout de même différentes facettes d'un seul et même événement et on peut aussi insister sur le partage d'expériences que ce moment a constitué ? l'expérience du front, l'expérience de l'engagement dans l'économie de guerre, l'expérience du départ des jeunes, etc.
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Posté Le : 28/05/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com