Algérie

On achève bien les' révolutionnaires



Le motif invoqué et selon lequel c'est à  la demande pressante des étudiants que l'université d'Alger a été débaptisée ne tient pas la route. Ailleurs, l'écueil a été subtilement contourné, l'université sénégalaise porte l'intitulé suivant : Université Dakar Bourguiba, l'on remarquera que cette personnalité politique n'est même pas chez elle ; tout près de nous, l'université marocaine, celui de Mohamed V Agdal-Rabat. Si la demande des étudiants d'Alger est réellement motivée par un quelconque aspect pédagogique, que demanderaient alors les étudiants de M'sila, de Ouargla et de bien d'autres universités provinciales ' Qui veut-on mystifier ' Pendant que la municipalité de Paris honore ces multitudes algériennes massacrées en ce funeste 17 octobre 1961 et l'Emir Abdelkader en donnant leurs noms à  des rues et places publiques, on semble cultiver dans nos murs l'oubli. Il est régulièrement rapporté par la presse que sur l'autre rive de la Méditerranée, les tenants de la colonisation de l'Algérie mènent toujours un combat d'arrière garde en prenant la défense post mortem de leurs criminels de guerre. Ils continuent à  les sublimer en leur érigeant des stèles et sans que le gouvernement français s'y oppose. On commémore jusqu'à présent, la «conquête de l'Algérie» autour de la stèle rapatriée en juillet 1962 de Sidi Ferruch. Ils assument mordicus leur aventurisme génocidaire. Tous les médias qu'ils soient de gauche ou de droite, le cinéma, la télévision font encore l'apologie de Verdun et d'autres hauts lieux de la résistance française à  l'occupant nazi. Les Pétain et  Papon auront un jour leur panthéon pour avoir servi la France. De Charles Martel à  Charles de Gaulle, il n'a jamais été question que du prestige des francs. Plus proche de nous, la tragédie sanglante des moines de Tibhirine est déjà immortalisée par un film, sans qu'il ne soit tenu compte d'aucun état d'âme. «… des ''forces occultes tentent de faire barrage à  la généralisation de l'utilisation de la langue arabe, à  la criminalisation du colonialisme, à  la construction de l'université des sciences humaines et sociales…» Tels sont les propos de l'historien Mohamed El Korso dans une interview accordée à  El Khabar du 1er septembre 2010. On ne peut pas dire de ces phrases, lourdes de sens, qu'elles sont le fruit d'une imagination débordante d'un personnage tourmenté, mais provenant bel et bien d'un esprit critique sur les déchirements identitaires que subit en silence la communauté nationale. La nébuleuse francophile ne prend même plus la précaution de saper à  l'ombre de l'inconséquence ambiante ; elle agit à  visage découvert depuis quelque temps déjà. Elle portait Camus aux nues pour motif d'algérianité. Lui, le seul intellectuel à  avoir dénoncé les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, est soudain saisi de mutité de 1954 à  1960, date de sa tragique disparition. Il s'est même, partialement, démarqué quand il répondait au jeune étudiant musulman à  Stokholm en 1957, alors qu'il recevait le Nobel de littérature, sur la justesse de la lutte du peuple algérien, par cette phrase sans équivoque : «Si j'avais à  choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère.» Et, si nous-mêmes avions à  choisir entre Camus et les autres Algériens, nous choisirions : Yveton, Audin ou Chaulet. Inspirée et sur sa lancée, la nébuleuse  voulait commémorer le centième anniversaire de l'université d'Alger… tiens…tiens… et c'est justement en cette occasion que l'idée d'ôter l'écriteau portant le nom de Benyoucef Benkheda a été suggérée pour nessecité du tournage d'un documentaire sur le passé glorieux de ce haut lieu du savoir… Cette première tentative a été momentanément contrée par des vigiles qui ont rappelé que l'université algérienne n'a jamais existé au-delà du recouvrement de l'indépendance. L'élite nationale, quant à  elle, si elle est otalement muette dans sa majorité, est par contre tonitruante dans son expression minoritaire. La place médiatique est en ébullition ces derniers temps, de qui sublime un héros aux dépens d'autres, même s'ils sont morts au même champ d'honneur, celui qui traite les icones de la liberté de «sanguinaire» à  celui qui en profite pour désacraliser toute la symbolique d'une révolution populaire. On a tenté la discrimination entre combattants et politiques pour faire diversion, enfoncer le coin, c'est déjà la brèche pour entamer dans l'épaisseur du mythe révolutionnaire algérien. Saâd Dahleb, en fin négociateur aux pourparlers d'Evian, mettait à  vif les nerfs de Louis Joxe, chef de la délégation française par ses analyses et ses réparties que seule l'histoire retiendra. A ce propos, Dahlab relate dans son livre Mission accomplie : «Un jour M. Joxe, exténué, arracha d'un geste vif de la main gauche ses lunettes et les déposa devant lui en jetant de la main droite son stylo au bout de la table : c'est un geste qui nous devenait familier chaque fois qu'il était en colère ou feignait de l'être.» «Depuis quarante ans, grommela-t-il, je noue et je dénoue des ficelles cassées, je n'ai jamais vu une négociation pareille»! Je lui répliquais doucement de la manière la plus détendue possible
«Mais, monsieur le Président, c'est la première fois que vous négociez avec des Algériens !» Il esquissa un imperceptible sourire en s'armant de nouveau de ses lunettes et de son stylo.» (*) Prémonitoire, la sentence de Didouche Mourad : «Si nous venons à  mourir, défendez nos mémoires» est encore dans les esprits pour rappeler aux oublieux, que ces hommes et ses femmes font partie du patrimoine identitaire commun et d'un genre que nulle nation n'enfantera plus jamais.    
Le 1er septembre 2010

 


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