Algérie

On a un grand potentiel de jeunes Amar Bouras. Président de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA)



On a un grand potentiel de jeunes Amar Bouras. Président de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA)
L'athlétisme algérien a décroché 10 médailles à Mersin, en Turquie, soit 7 de plus qu'à Pescara, en 2009. Le président de la Fédération algérienne d'athlétisme, Amar Bouras, revient sur cette performance et évoque d'autres sujets sur la discipline qui a donné grande satisfaction au sport algérien.- L'Algérie a terminé les Jeux méditerranéens à la dixième position, grâce notamment à l'athlétisme, qui a décroché 10 médailles, 4 d'or, 2 d'argent et 4 de bronze. Que pouvez-vous nous dire sur ce classement et aussi sur les performances de vos athlètes '

Je pense que l'Algérie mérite ce classement. Nous avons terminé la compétition devant le Maroc et la Tunisie. Ce qui n'a pas été le cas depuis bien longtemps. Il y a un renouveau dans le sport algérien depuis quelques années. Les athlètes commencent à arriver à maturité. S'il n'y avait pas tout ce qui s'est passé en Algérie, dans les années 1990 et 2000, on aurait peut- être pu terminer parmi les quatre ou cinq premiers. Lors des prochains Jeux méditerranéens, on espère se classer parmi les six ou sept premiers. Pour l'athlétisme, j'estime qu'il y a une bonne dynamique, pas seulement chez les seniors, mais également chez les plus jeunes. Ceci en plus du fait qu'on a trois ou quatre potentiels médaillés qui ne se pas sont pas déplacés. C'est le cas de Mokdad, au 110 mètres haies, Nima, triple saut, et bien sûr Makhoufi.


- En tant que premier responsable, vous attendiez-vous à ces résultats, sachant qu'à Pescara en 2009, l'Algérie n'avait récolté que 3 médailles, 1 d'or et 2 de bronze '
J'ai été président en 2006 et je savais à l'époque que athlétisme allait connaître des difficultés avec la retraite des athlètes de niveau mondial, comme Ali Saïdi Sief, Abderahmane Hammad, Saïd Guerni Djabir... Le potentiel algérien a été complètement chamboulé. C'est vrai qu'on aurait pu avoir plus de médailles à Mersin, mais je dirais que cette année, on s'en est bien sortis. On est champions arabes chez les filles en Egypte. On a également décroché la deuxième place chez les garçons et la deuxième au classement général. On a obtenu 10 médailles aux Jeux méditerranéens. En plus, on a 21 athlètes qui ont obtenu les minima pour participer au prochain Championnat du monde cadets.
- Certains ont tout de même tendance à relativiser ces performances, en rappelant que parmi les médaillés, il y a 6 athlètes qui approchent de la trentaine ou la dépassent même. Votre avis '
Les médaillés d'or sont jeunes, sauf peut-être pour Rabah Aboud. Amina Bettiche est jeune. Il en est de même pour Yasmina Omrani. Quant à Dahmani, c'est une dame qui est dans le marathon et le semi-marathon, et dans cette discipline, les gens savent très bien qu'on peut courir même à 35 ans. La réflexion est peut-être vraie, mais il y a des gens qui arrivent derrière, à l'instar des 3e et 4e du 1 500 m ou encore de l'athlète qui s'est classé 4e au 800 m. Ces jeunes étaient il n'y a pas si longtemps en catégorie juniors. Nouria Benida Merah a remporté la médaille d'or aux Jeux olympiques de Sydney à l'âge de 30 ans, alors qu'elle n'avait jamais remporté de très grands titres auparavant. C'est vrai que nous sommes obligés de rajeunir notre élite, mais la grande partie de l'équipe nationale est très jeune. A mon avis, l'athlétisme algérien a un bel avenir devant lui avec les cadets et les minimes qui arrivent.
- Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, a précisé que les JM ne sont, selon lui, qu'une étape afin de préparer les échéances des JO-2016 et 2020. Y a-t-il aujourd'hui de jeunes athlètes qui peuvent relever ce défi '
On a un grand potentiel de jeunes. Au 1500 m, on a eu un champion et vice-champion du monde junior. Je parle du demi-fond, parce que c'est la discipline où on a le plus de résultats et où on a pu aussi s'illustrer. Donc, pour 2016, il me semble que si on continue dans cette dynamique et que nous ne nous trompons pas dans la prise en charge méthodologique, on pourra avoir deux ou trois médailles. Normalement, on aurait dû penser plutôt à 2016, mais pour 2020, je suis absolument sûr que tout le fossé qui s'est creusé pendant et après les dix ans de terrorisme, sera comblé.
- L'Algérie a organisé dernièrement le meeting d'Alger d'athlétisme. Que faut-il faire pour que cette manifestation puisse avoir une meilleure aura à l'avenir '
Cette compétition a été sollicitée par Sonatrach dans le cadre du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Le 14 ou le 15 mai, on a appris que Sonatrach s'était désengagée quant à l'organisation de cette compétition avant de revenir à de meilleurs sentiments. Près de 10 millions de dinars ont été consacrés pour l'hébergement et la restauration. Nous avons aussi eu l'aide, très précieuse, d'Air Algérie, de Mobilis et du MJS. Pour organiser un bon meeting, il nous faut le double du budget et le meeting d'Alger a déjà été un succès populaire. Certains athlètes, ayant pris part à cette compétition, ont décroché des médailles d'or à Mersin, à l'instar de la Française du marteau et l'Italienne du 110 mètres haies. Donc, pour nous c'est une bonne référence en ayant invité ses athlètes. L'année prochaine, il y aura encore plus de qualité.
- Le problème du dopage se pose avec acuité ces derniers temps. Comment comptez-vous endiguer ce phénomène '
Sur les cas de Larbi Bouraâda et Zahra Bouras, j'ai expliqué et ré-expliqué qu'on ne peut pas se doper avec le Stanozolol, qui reste 180 jours dans le corps. Donc, il y a eu un problème sérieux d'empoisonnement. C'est un problème criminel qui s'est posé, et on a même trouvé celui qui a introduit ce médicament dans l'enceinte du stade. Nous avons déposé des plaintes. Mais apparemment, la justice n'a pas l'habitude de traiter de tels cas. Elle estime peut-être que ce n'est pas un problème sérieux. Nous, par contre, nous considérons que c'est une affaire très grave, car il s'agit de la santé des athlètes et qui porte atteinte à l'image du sport et sa promotion. Par ailleurs, je dirais que le problème en Algérie est différent par rapport à celui des autres pays, où la plupart des athlètes du demi-fond se dopent à l'EPO. En Algérie, on n'a jamais enregistré un seul cas d'EPO. Cela veut dire que le dopage n'est pas vraiment institualisé. Mais la Fédération d'athlétisme a commencé à travailler avec la commission nationale de l'antidoping et on va être les premiers à défendre les athlètes pour qu'ils ne prennent pas de produits illicites. On va procéder à des contrôles inopinés lors des stages. Je lance un appel donc pour dire que ce n'est vraiment pas la peine de gagner quelques centimètres ou secondes pour détruire après toute une vie. J'ai une fille qui est passée par-là et elle a été pendant presque trois mois complètement abattue. Donc, le dopage me fait très peur. Les gens parlent beaucoup du sujet sans connaissance de cause, sans preuve et c'est un peu malheureux.
- Makhloufi a été le grand absent lors du meeting international d'Alger et des JM de Mersin. Qu'a-t-il au juste '
Makhloufi a contracté un virus, mais les analyses sont assurantes puisque apparemment ce n'est pas si grave. Le fait de continuer à s'entraîner même avec la fièvre l'a beaucoup affaibli. Aujourd'hui, il a récupéré après quinze jours de repos. cela va beaucoup mieux. Il va bientôt entrer en stage à l'étranger, vers le 10 juillet. Et j'espère que la saison se terminera bien pour lui. C'est un jeune, il faut le préserver, car il a les Jeux olympiques de 2016 à préparer.
- Le prochain rendez-vous important de l'athlétisme, c'est le Mondial de Russie. Quels sont les objectifs de la FAA '
Nos objectifs dans ces jeux : décrocher des places en finale. Le Championnat du monde, c'est le très haut niveau, il ne faut donc pas se faire trop d'illusions. Notre potentiel, c'est Makhloufi, et il y avait aussi Larbi Bouraâda, Zahra Bouras qui étaient proches des médailles. Malheureusement ces deux derniers sont suspendus et Makhloufi est malade. Donc, si on peut placer 3 ou 4 athlètes en finale, ça sera un grand pas vers les objectifs de 2015 et 2016, où l'on pourra avoir une médaille de bronze ou deux avec Makhloufi. Mais pour cette année, j'estime que c'est un peu trop tôt. Il faut savoir par exemple que les médailles de 1991, 1992, 1996 et 2000 ont été préparées bien avant. Les dix ans de terrorisme ont engendré un énorme gâchis. A un certain moment, on n'avait plus une seule fille qui pouvait s'entraîner à l'intérieur du pays. Tous ces jeunes-là n'ont pas pu être récupérés pour assurer le haut niveau. A présent la donne a changé. Il y a beaucoup plus de jeunes qui viennent vers l'athlétisme et j'espère qu' en 2020, on pourra renouer avec les médailles.
- On vous laisse le soin de conclure'
En plus des efforts du ministère de la Jeunesse et des Sports, qui a été derrière la réalisation des centres de regroupement des équipes nationales, il faut obligatoirement revenir au sport à l'école. Car c'est entre six et douze ans que les sens auditifs de travail, de l'adresse, de la coordination de la vitesse sont aptes à être développés. Sans ça les autres qualités physiques des athlètes ne pourront pas bien évoluer. Il faut également revoir le financement des sports dits mineurs par rapport au football.


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