Continuant à sillonner le territoire national, de wilaya en wilaya, Ali Bahari, président du SNCCOPEN, (Syndicat national des corps communs et des ouvriers professionnels de l'éducation nationale) était hier à Aïn-Defla où il a animé une réunion-débat des agents de ces deux corps.Réunion qui a focalisé sur l'éclairage de la situation à laquelle sont confrontés ces hommes et ces femmes qui, selon leurs interventions, ont pris conscience qu'ils sont les parias, les victimes d'injustices flagrantes de la part de l'Etat mais aussi victimes des luttes impitoyables que se livrent les neuf formations syndicales partenaires du secteur, formations dont certaines n'ont aucune représentativité. Lors de ces interventions, ils accusent : «Ces neuf formations syndicales se sont servi de notre force, de notre nombre pour devenir les seuls interlocuteurs du ministère de tutelle, une fois qu'elles se sont placées, sur notre dos, non seulement nos deux catégories ont été exclues et, pire encore, elles ont mené des action contre nous.» Preuve de cette exclusion, on relève que la Commission nationale qui est censée représenter toutes les catégories du secteur est composée de 3 membres à raison de 3 pour chaque palier, primaire, moyen et secondaire, représentant uniquement le personnel enseignant, les corps communs n'ayant aucun représentant au sein de cette commission et ce, conformément aux articles instituant cette commission.
Ali Bahari, à son tour, accuse «certains, sortis de nos rangs, que nous avons soutenus, sont même devenus députés mais, jamais, au grand jamais, aucun d'entre eux n'a soufflé mot, n'a parlé de notre situation ni évoqué dans l'hémicycle les souffrances que nous endurons, les injustices que nous subissons alors qu'ils bénéficient de frais de déplacement à raison de 5 000 DA/j, que leurs loyers sont payés aux frais de l'Etat, qu'ils perçoivent 80 millions de centimes pour l'achat de véhicules et de 800 millions pour l'achat ou la construction d'une maison et ils mettent les revendications des démunis aux oubliettes.»
Le président du syndicat dénonce, par ailleurs, la misère imposée à la catégorie des corps communs à commencer par le salaire mensuel, dérisoire, humiliant, de 17 000 DA pour un père de famille bien inférieur même à la PRI de certains qui se monte à 20 000 DA. Pourtant, relève-t-il, «l'agent de cette catégorie est assujetti à 40 heures et même 50 heures par semaine avec toutes les nuisances inhérentes au poste, alors l'enseignant n'est assujetti qu'à 18 ou 22». Et l'orateur de s'interroger : «A quelles dépenses peut faire face un père de famille de 2 enfants, voire plus avec un salaire de 17 000 DA alors que les prix ont augmenté de 400% '» Citant des sources officielles, Bahari note que l'éducation nationale compte 200 000 agents des corps communs dont 70 000 contractuels et 130 000 qui ont été confirmés alors que, par ailleurs, le nombre de postes vacants se monte à plus de 30 000. Bahari dit connaître les ennemis des travailleurs et il les cite : «Ce sont le FCE et l'UGTA qui sont les suceurs de sang.» Quant à ce qui est des faux frères et frères ennemis des deux corps, il les cite également : «Ce sont l'Unpef et le Cnapeste qui, apparemment, ne s'entendent pas mais qui s'entendent pour maintenir les catégorie des corps communs dans l'exclusion et la pauvreté. Ils ont mis main basse sur les ?uvres sociales de l'éducation.» A ce sujet, il dira : «Chaque année, l'Etat verse aux ?uvres 1 000 milliards de centimes. Ces sommes colossales qui doivent profiter à tous ne profitent aucunement aux agents des corps communs, ils s'en servent pour se payer des voyages, des hadjs, des omras, des voitures, des voyages en Turquie, pour eux et les membres de leurs familles et même pour des personnes qui n'ont aucune relation avec l'éducation nationale, avantages dont sont exclus les agents contractuels.»
L'orateur fait savoir que depuis une année, sa formation syndicale se bat pour l'abrogation des articles qui tiennent à l'écart les corps communs des avantages des ?uvres sociales.
S'adressant à l'assistance, Bahari reproche aux agents relevant de ce corps leur démobilisation, leur inertie, le refus de se mobiliser pour revendiquer leurs droits. «Les droits s'arrachent, ils ne se donnent pas», répétera-t-il. Et d'ajouter : «Nous constituons une force considérable qui se néglige car tout le monde sait qu'un établissement ne peut fonctionner sans nous, les enseignants, l'administration, rien ne marchera sans nous.»
Cependant, dira-t-il, «nous ne sommes pas contre l'Algérie parce que nous n'avons pas d'autre pays, mais nous sommes contre des lois scélérates qui enrichissent les uns au détriment des autres en les maintenant dans la pauvreté, l'Algérie est à tous les Algériens, pas à une minorité.»
En conclusion de sa prise de parole, Ali Bahari dira : «Nous sommes arrivés au bout du rouleau, à la limite du supportable, nous sommes déjà sacrifiés, alors de quoi avoir peur '» Et d'ajouter : «Nous n'avons bénéficié d'aucune augmentation depuis le pacte social de 2007, alors que le coût de la vie a été augmenté de 400% depuis.»
Avant de clore les débats, avec beaucoup d'amertume dans la voix, il recommande : «Réunissez-vous, sensibilisez-vous les uns les autres, proposez les solutions qui vous paraissent les plus efficaces, soumettez-les au coordinateur de wilaya, M. Bacha, et nous faisons le serment de les assumer et de les engager, même avec l'occupation de la rue et la violence s'il le faut.»
Karim O.
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Posté Le : 18/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim O
Source : www.lesoirdalgerie.com