Ombres et lumières

Un coin de paradisC'est un coin de paradis sur terre.El Hammamet, anciennement Youks-Les-Bains, possède tous les atouts pour devenir un pôle touristique incontournable. Des gorges au pied desquelles d'immenses vergers donnent des fruits en toute saison, une forêt dense, des chemins escarpés qui serpentent la montagne que ponctuent des maisons de style berbère, idéales pour servir de maisons d'hôtes, des sources cristallines, dont la fameuse eau minérale très prisée sur le marché est, dit-on, radicale pour les maladies rénales. Ici, quand il fait beau, de très nombreuses familles affluent de toutes parts pour s'oxygéner et y passer la journée. Les pouvoirs publics ont dégagé une enveloppe de 14 milliards de centimes pour développer la région mais la somme reste insuffisante devant tous les travaux qui doivent être effectués. C'est que le site est aussi chargé d'histoire puisqu'il fut, par son relief boisé, un des hauts lieux de la lutte de libération. Pour dire qu'il y a tant de choses à réhabiliter. Pour l'instant, l'enveloppe budgétaire allouée a servi à retaper les maisons berbères et à réparer quelques chemins et routes, en attendant de réaliser le fameux village touristique. A l'heure du déjeuner, nous nous installons sur une terrasse incrustée dans le rocher afin de déguster les brochettes d'agneau qui font la réputation de la région. Le soleil hivernal tente une percée à travers les feuillages drus des eucalyptus et des platanes. Vainement. La brise agite les branches et nous installe entre l'ombre et la lumière. Les brochettes sont délicieuses et en guise de boisson, il n'y a qu'à tendre son verre sous les multiples petites cascades qui descendent directement de la source. Du jamais vu. Du jamais bu.Du miel à volontéC'est une sorte de grand hangar qui abrite la production apicole de toute la région. De nombreuse variétés de miel et sur les étals, on peut constater que ce précieux produit des abeilles peut prendre de multiples couleurs. Des niches apicoles, il y en a partout dans le pays, et chaque région possède son miel spécifique, de même que pour l'huile d'olive, chaque contrée proposant son propre label. Sauf qu'à Tébessa, toutes les variétés de miel existent et cette floraison est due aux nombreuses espèces de fleurs sauvages et à la végétation très riche de la région. Du miel d'armoise, de romarin, d'eucalyptus, de caroube... Il n'y a qu'à demander et vous êtes aussitôt servi pour n'importe quelle pathologie. Parce qu'ici on traite les maladies par le miel et l'huile d'olive. Le préposé à la coopérative nous explique que plus les ruches sont placées haut dans la montagne et plus le miel est précieux. Tout comme le miel sauvage qu'on commercialise exclusivement sur commande parce qu'il coûte très cher. Djamel-Eddine nous offre un flacon du précieux produit. L'hospitalité est ici légendaire...La ville du 7e artTébessa est, dit-on, le berceau du cinéma algérien et ici a débuté le tournage des films relatant la lutte de Libération qui ont largement contribué à exporter l'image du combat national. En l'absence de véritables historiens du septième art, il nous est impossible de vérifier une telle affirmation soutenue avec insistance par quelques illustres universitaires natifs de la ville. Toujours est-il que Tébessa a sa part importante dans le cinéma algérien et de nombreux films y ont été tournés dont l'excellent « Le moulin de Monsieur Fabre » d'Ahmed Rachedi. Entre autres productions qui furent réalisées ici, à l'intérieur des murs antiques ou dans la forêt. Jadis, il y eut un festival du cinéma qui avait fini par s'imposer dans la scène culturelle nationale, avant de disparaître du jour au lendemain. C'est dommage, parce que cette cité a une physionomie propre aux décors de cinéma.