Algérie

OMAR KARA, UN ARTISTE PEINTRE ATYPIQUE Les 'corchures des jours sombres



Sa derni're expo remonte ' mars 2010. Trois ans d'attente pour que Omar Kara vienne enfin se rappeler au bon souvenir du public. L'artiste peintre a eu droit aux honneurs de la cimaise ' la galerie d'art A'cha-Haddad, Alger.
Il y a expos' 30 tableaux, du 25 f'vrier au 6 mars 2013. Seulement dix jours pour red'couvrir les 'uvres de cet artiste atypique, inclassable et ' la sensibilit' d''corch'. Est-ce suffisant ' Non. Car l'univers pictural de Omar Kara n'cessite qu'on s'y attarde assez longtemps pour en pressentir (puis finir par comprendre) la complexit', l'instabilit' cr'atrice et les sens multiples. Lui-m'me le regrette et nous explique, le sourire affable : 'Dommage que cela ne dure pas le temps n'cessaire. En plus, l'exposition s'est faite quelque peu dans la pr'cipitation et je n'ai pu pr'senter que trente tableaux. Il en reste 34 ' la maison, que j'aurais voulu aussi montrer. Je n'ai m'me pas eu le temps de r'fl'chir comment intituler cette exposition.' Vraiment pas ' 'Certes, j'avais pens' l'intituler 'Maman Dehbia' en hommage ' ma m're, surtout qu'elle f'te son anniversaire ce mois de mars. Un joli cadeau pour ses 86 ans', finit-il par confier. Le visage de la m're est pourtant l', pr'sent. Il illumine les 'uvres expos'es, en 'tant leur in'puisable et supr'me matrice. Depuis le premier tableau ( La Mama) jusqu'au trenti'me ( La femme abandonn'e), la maman Dahbia a accompagn' et guid' l'inspiration de l'artiste. Ce sont ses traits ' m'me couverts par le masque de La lune ou par un portrait de La femme kabyle, voire parchemin's et effac's par l'immense et compliqu' palimpseste de La m'moire ' qui 'chancrent la toile et ressourcent l'ensemble des th'mes propos's. Et c'est ainsi que l'amour d'une m're affectueuse et consolatrice a 'norm'ment aid' le fils ' accomplir, sans trop de d'g'ts, le p'riple initiatique ' la recherche de soi-m'me. Lui qui se trouvait dans un labyrinthe d'embarras et de difficult's ( Pens'e profonde, Le tourbillon, Torture morale, Esprit noy', Voie inconnue, El Mahmoum...) a r'ussi ' s'en sortir et ' rejoindre l'autre rive du fleuve en crue. Gr'ce ' son art qui courait sur les vagues d'sormais apprivois'es par le regard rassurant de la m're. Ou l'art comme refuge, comme une lente et douce th'rapie favoris'e par une pr'sence protectrice. A partir de l', Omar Kara a pu progressivement quitter son exil, varier ses th'mes et s'ouvrir au monde qui l'entoure : Je suis l' !, Le th''tre, Mariage, Espoir bleu, Jolie vue, El Houma, Les partis, Harga, etc. L'exil' est enfin rentr' dans son pays apr's un long voyage au bout de la nuit. Il sait, ' pr'sent, reconna'tre tous les siens, tel le sage de El Hikma. Chez l'artiste, peintre, la douleur comme source de cr'ation a enfant' l'inspiration, le style qui lui est propre. Depuis ce fameux premier tableau r'alis' en l'an 2000 (La Mama) jusqu'aux 'uvres les plus r'centes (de 2011 ' d'but 2013). Ce panorama est donc l'objet de son exposition, il refl'te la touche tr's personnelle de Omar Kara. On le disait l'artiste est inclassable, car mariant ' loisir le figuratif, l'abstrait, l'expressionnisme... Il tisse ses toiles en multipliant les symboles, les arabesques et les signes graphiques figures, lignes, points, courbes). De multiples visages peuplent les tableaux et, r'guli'rement, l'espace se d'ploie en 'ventail comme la queue d'un paon. D'autres t'tes d'oiseaux ou d'animaux gravitent tout autour du personnage principal (le visage si expressif dans sa nudit') pour contribuer ' former le monde complexe de Omar Kara. Le tout, en apparence inextricable et enchev'tr', se laisse n'anmoins d'chiffrer car portant un message en clair. Le noir et blanc dominent quoique de timides couleurs font une timide intrusion dans quelques tableaux. Parce que l'artiste a choisi de travailler exclusivement ' l'encre de Chine sur papier blanc (ou l'encre de Chine avec couleurs). Il nous explique son choix, revient sur son style et sa technique : 'Je privil'gie le noir et blanc car je me sens plus l'aise et l'inspiration vient plus facilement. Les couleurs, elles, demandent plus de recherches et de t'tonnements. Contrairement ' l'aquarelle et autres techniques, l'encre de Chine me permet de voyager, de faire de multiples allers et retours... Quant ' mon style, moi-m'me je ne sais pas encore comment le d'finir. En tout cas, chacun doit avoir son propre style, l'artiste doit 'tre libre.' Et de pr'ciser : 'Ce style particulier est n' en 2000, lorsque ma m're m'a inspir' la premi're 'uvre du genre. J'ai ensuite trouv' l' comme une th'rapie. L'art me permet de trouver un 'quilibre, d''vacuer ce qui fait mal. Mes tableaux refl'tent mes 'motions int'rieures, je leur transmets toute mon 'me.' Omar Kara est n' le 6 d'cembre 1963 ' Sidi M'hamed (Alger). En 1988, il est dipl'm' de l'Ecole sup'rieure des beaux-arts, option peinture et c'ramique. C'est surtout dans les ann'es 1980 qu'il a particip' ' des expositions collectives ' l''tranger, une 'poque qu'il 'voque avec une certaine nostalgie. 'Aujourd'hui, regrette-t-il, l'artiste ne trouve pas o' exposer ses 'uvres alors qu'il a tant besoin de produire et de se faire conna'tre du public.' La c'ramique 'Ne m'en parlez pas. J'ai d'cid' d'arr'ter car nous sommes en plein bricolage. Personne ne s'y conna't vraiment, il n'existe aucun sp'cialiste en c'ramique et rien n'est fait pour y rem'dier.' Pour se consoler, Omar Kara dessine des contes pour enfants. Il nous montre une cinquantaine de planches (des aquarelles) qu'il a r'alis'es pour illustrer les quatre contes kabyles 'crits par le professeur Kaci Hadjar. Mais visiblement, ce projet d''dition n'att'nue pas sa frustration quant ' la non- disponibilit' de galeries d'exposition.


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