« La liberté d'expression a régressé en Algérie »
Le foisonnement des titres de la presse indépendante en Algérie n'a pas été proportionnel avec le développement de la liberté d'expression, a estimé le directeur du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, lors d'une conférence-débat organisée hier à l'auditorium de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou par la coordination locale des étudiants. Après avoir rappelé le lourd tribut payé par la corporation durant les années 1990 (assassinats, fermeture de journaux, près de 500 journalistes exilés), l'intervenant abordera les nouvelles menaces qui pèsent sur les professionnels du secteur. Il citera, entre autres, le code pénal. « Les autorités ne censurent plus. Elles ont trouvé dans le code pénal le meilleur moyen pour faire taire les journalistes. Ceux exerçant dans les wilayas de l'intérieur du pays vivent un harcèlement terrible depuis l'avènement de ce texte qui alourdit les peines d'emprisonnement à l'encontre des journalistes et les amendes pour les éditeurs. » Pour étayer son propos, le conférencier énumérera les poursuites judiciaires engagées à la hussarde ces dernières années contre les médias indépendants. Le directeur d'El Watan compte à lui seul 150 plaintes depuis 1992. Sans transition, l'orateur, qui répondait aux questions des étudiants, a relevé que le juge n'est pas indépendant. « Il subit des pressions et une forte répression (dégradé ou muté). Son honneur est dans le jeu en criminalisant le délit de presse et en jetant le journaliste en prison. C'est dur à vivre de leur côté eux aussi », dira-t-il. Le statut du journaliste ? « C'est une bonne chose. Ça ne libère pas au plan des libertés, mais ça rassure », nuance M. Belhouchet. Répondant à une autre question, il a noté que les journalistes sortant des établissements publics sont mal formés. A cause non pas de la langue d'enseignement qu'est l'arabe, a-t-il ajouté, mais plutôt de la pédagogie et des instruments mis en place dans le processus de formation des futurs rédacteurs de presse. Pour y remédier un tant soit peu à cette carence, le directeur d'El Watan a annoncé la création en partenariat avec d'autres éditeurs d'un centre d'enseignement et de perfectionnement des journalistes. Le conférencier a estimé, par ailleurs, que sans les imprimeries privées, un certain nombre de journaux auraient disparu, précisant au passage que les banques algériennes ont refusé de financer ces projets.
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Posté Le : 05/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahcène Tahraoui
Source : www.elwatan.com