Opinion - Il y a cinquante ans, l'Algérie recouvrait sa liberté et accédait à l'indépendance en s'affranchissant du joug colonial, après sept de années de guerre.
La question qui se pose est : La colonisation de l'Algérie est-elle perçue aujourd'hui de la même façon qu'il y a cinquante ans '
«D'un point de vue politique, il est clair que la question de la colonisation demeure la même», dira Olivier Le Cour Grandmaison, politologue et historien français et auteur de plusieurs ouvrages notamment sur la question de la colonisation, entre autres, en Algérie.
«Il prime une situation singulière en France dans la mesure où il faut rappeler l'existence de la loi du 23 février 2005, qui, contrairement à ce qui a été dit parfois, n'a pas été abrogée», poursuit-il, et d'ajouter : «Il faut, par ailleurs, rappeler certains discours de réhabilitation du passé colonial français tenus par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy ainsi que par un certain nombre de parlementaires et de dirigeants de l'UMP et donc, de ce point de vue-là, nous sommes dans une situation caractérisée par une régression au plan politique et par une réhabilitation tout à fait spectaculaire du passé impérial français en général et en Algérie en particulier.»
A une question sur la raison pour laquelle la France refuse toujours de reconnaître la Guerre de libération comme étant une révolution pour l'indépendance et pour un affranchissement du joug colonial, notre interlocuteur répondra : «Il faut quand même rappeler qu'après de longues années, la guerre a été enfin nommée comme elle aurait toujours dû l'être, c'est-à-dire effectivement comme une guerre pour l'indépendance et non par l'expression terriblement ''euphémisée'' d'événements. Il reste cependant pour des raisons qui sont principalement électoralistes, qu'une partie des dirigeants de la droite française a fait le choix d'assumer un rapport au passé colonial, tendant à réactiver un discours qui est au fond pas du tout nouveau mais très convenu sur les bienfaits de la colonisation.» Après cinquante années d'indépendance, peut-on encore parler de postcolonial, entre autres, pour l'Algérie ' A cette question, Olivier Le Cour Grandmaison répondra : «On peut évidemment parler de postcolonial dans le sens effectivement où il y a maintenant 50 ans que la France n'est pas présente en Algérie, reste que ce passé colonial de la France est un passé qui n'est pas complètement passé. Il y a un passé qui refuse de passer, il refuse d'autant plus de passer que justement une partie de la classe politique française refuse de reconnaître ce qui a été perpétré en Algérie entre 1830 et 1962.»
- Quant à savoir quelle est la place aujourd'hui de l'Algérie en particulier et des pays anciennement colonisés sur le nouvel échiquier mondial, notre interlocuteur déclare : «La place est à l'évidence ' et du point de vue des anciennes métropoles en général et de la France en particulier ' une place tout à fait subalterne. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de relations dites privilégiées mais souvent elles ne sont pas privilégiées pour le meilleur, mais dans certains cas pourrait-on dire pour le pire.» Enfin s'exprimant sur la question de savoir si nous assistons à un autre type de colonialisme, Olivier Le Cour Grandmaison précisera : «Non, ce n'est pas un autre type de colonialisme dont on peut parler, mais c'est éventuellement d'autres formes d'intervention, d'ingérence des grandes puissances dites occidentales mais qui ne peuvent pas être pensées selon les catégories classiques de la colonisation telle qu'elle a pu être conduite.»
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Posté Le : 07/10/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yacine Idjer
Source : www.infosoir.com