Comme nombre de candidats briguant un siège aux élections provinciales de jeudi prochain en Afghanistan, Okmina (au centre) commence chacune de ses journées en mettant un turban noir et en s'armant d'un pistolet avant de sortir à la rencontre de ses voisins.
La différence, c'est qu'Okmina est une femme. Une femme qui s'habille en homme. En la voyant, vêtue du traditionnel pantalon afghan et d'une longue chemise, quelques mèches de cheveux seulement sortant de son turban, difficile de s'en apercevoir. « Je m'habille comme un homme, surtout en cette période électorale où la sécurité n'est pas bonne », explique-t-elle. « Pour ma campagne, je dois aller dans des endroits reculés où il n'est pas prudent de me rendre en tant que femme. »La Constitution afghane réserve aux femmes un quart des sièges des conseils de province afin de leur garantir une place dans la vie politique du pays. Mais dans les régions profondément conservatrices de l'Afghanistan, où les femmes sont censées se voiler et rester chez elles, les candidates peuvent rapidement devenir des cibles. Au total, quelque 350 d'entre elles sont candidates aux élections provinciales du 20 août, soit 10% environ de l'ensemble des candidats. Deux femmes se présentent par ailleurs contre Hamid Karzaï à l'élection présidentielle, qui aura lieu le même jour. Les Nations unies ont indiqué que de nombreuses candidates avaient reçu des menaces, que certaines avaient dû se cacher, d'autres interrompre leur campagne. Okmina, qui n'est pas mariée et n'a pas d'enfant, est candidate à Tani, un district de la province de Khost, au sud-est de Kaboul. Cette région jouxtant les régions tribales du Pakistan est particulièrement conservatrice. Elle raconte avoir abandonné la burqa lorsqu'on l'a désignée comme une sage au sein de sa communauté, chargée de régler des conflits entre clans. Cette tâche l'a rendue populaire et l'a préparée à sa candidature. « Les femmes n'ont pas de droits en Afghanistan, ou alors, quand elles en ont, ils sont trop restreints. Il existe une énorme différence entre les hommes et les femmes. Ici, un homme peut avoir tout ce qu'il souhaite quand la voix d'une femme est toujours étouffée », ajoute-t-elle. Okmina souhaite que les électeurs ne se préoccupent pas du sexe des candidats, mais de leurs compétences. « Peu importe que vous soyez un homme ou une femme, l'important, c'est de servir la population désespérée d'Afghanistan », dit-elle..
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Posté Le : 17/08/2009
Posté par : sofiane
Source : www.elwatan.com