Algérie

Oh là! magistrats...


Oh là! magistrats...
Avec la multiplication des bévues judiciaires, ne vaut-il pas mieux revenir aux quatre jurés et trois juges'
Notre boulot, c'est de mettre le doigt sur la plaie et de ne jamais y retourner la lame sortie du brasero. Trois magistrats se sont trompés en infligeant une peine de réclusion à un père incestueux. C'est là un motif de... cassation. C'est cela aussi de l'information, une bévue de juges, trois! Mais lorsqu'on sait que seul le président décide à l'issue de longues délibérations, on ne peut en vouloir aux deux autres juges et les deux jurés.
Le président du tribunal criminel de la ville des Roses avait, la veille du jeûne, la tâche aisée dans une affaire de moeurs qui avait, à l'époque, secoué la région de la moitié du piémont de l'Atlas blidéen. Un inceste qui avait plongé plusieurs familles dans le noir le plus total. Et comme il fallait s'y attendre, la justice est interpellée. Les avocats étaient là. Le premier pour l'accusé, un accusé plus qu'indifférent et une seconde avocate pour la victime, ont joué, chacun à sa manière, leur va-tout dans ce dossier émouvant par les échos reçus par les familles, tranchant par sa conduite rigoureuse où ce Monsieur le juge, en magistrat aguerri aux rudes interrogatoires, réussit d'emblée à ramener sur son «terrain» l'auteur de ce forfait. Selon un proche qui a eu vent des débats, tenus, vous l'auriez deviné (à huis clos) c'était une véritable catastrophe. Insupportable, ignoble. Une scène qui a vu le bourreau, en l'occurrence le papa, tenter d'éviter le regard vitreux de la victime, la fille, une fille qui a tout raconté dans le détail le «crime» de son père que nous avions aperçu furtivement à sa sortie de la salle d'audience pour les geôles. Il faisait une bobine, on ne vous dit pas. Dur, dur, d'être un criminel condamné à... l'asile! C'est fou!
«Oui, je reconnais ce que j'ai fait à ma fille. Je ne vais pas revenir sur ce que j'ai déjà déclaré. Je plaide coupable. Le diable m'a poussé. J'espère qu'il va plier bagage et m'en tenir à la justice des hommes» aurait déclaré en substance le papa qui a vidé sa besace et sa gibecière, espérant émouvoir les juges et les jurés. Il y arrivera plus tard!
Dans une salle quasi vide, c'est la tristesse qui a fait place à la colère, à la haine, à l'appel d'un châtiment exemplaire et tout le chapelet de malédictions du père, du fils et du saint maudit, celui-là qu'on nomme avec beaucoup d'hésitation «inceste». Un crime que ce comportement; il ne sera jamais classé délit, ni infraction, ni erreur, ni, ni, ni...
Il faut dire que la tradition veut que nos magistrats aient sous les yeux les procès-verbaux d'auditions de l'enquête préliminaire et semblent en faire le... Coran! Le tribunal, qui l'avait compris en suivant la lecture faite sur un ton monocorde de l'arrêt de renvoi, avait déjà sa petite idée! L'inceste, un mot pas du tout apprécié dans les familles touchées au plus profond de leurs aortes, une fois l'un des leurs ou l'une des leurs victimes de cet acte abject, vil, bas, animal, tous les qualificatifs créés par l'homme et pour le reste dicté par le Tout-Puissant.
Il est très difficile pour les hommes et les femmes de pénétrer dans le subconscient d'un criminel victime souvent de bâclage de l'enquête. Il nous est difficile de vous relater une audience tenue à huis clos, mais grâce aux «chuchotements» ou aux «exclamations» des uns et des autres, nous avions pu avoir le minimum pour vous narrer ce crime prévu et puni par l'article 337 du Code pénal.
Cela écrit, nous ne pouvons que regretter ce bon vieux temps d'il y a une trentaine d'années lorsque la composition du tribunal criminel était de trois magistrats et de quatre jurés tirés au sort, des jurés qui jouaient leur rôle à la perfection car l'intime conviction arrivait souvent à bout des procès-verbaux de la police judiciaire pas toujours au top car il fallait trouver le coupable. Ce qui n'était pas évident avec les moyens de l'époque, le pays n'ayant alors que vingt ans d'expérience...
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)