Algérie

Offres de services du Makhzen


Offres de services du Makhzen
Lorsque vous voulez faire de l'ombre au mariage de votre voisin, tenez donc le vôtre au même moment. Ceci suppose bien sûr, que vous avez de meilleurs moyens que lui sinon, c'est le vôtre qui passera inaperçu. C'est ce qu'on a envie de dire, tout simplement, pour résumer ce qui se passe ces jours-ci concernant l'Algérie et son voisin de l'Ouest.Chaque année, à l'approche de la date anniversaire de la fermeture de la frontière ouest de l'Algérie, on assiste à une foultitude de gesticulations, tantôt insensées, tantôt déplacées. Les conséquences de cette fermeture ont été, et continuent d'être très lourdes pour le voisin de l'Ouest, il est tout à fait «normal» que, de ce côté-là, on essaie, par tous les moyens, de rouvrir le passage pour desserrer un peu les doigts étrangleurs de la misère qui a frappé tout le côté Est et il est presque naturel que l'on se souvienne surtout de cette frontière à l'occasion de la date de sa fermeture. C'est ainsi que, d'année en année, on nous sert des plats, plus ou moins piquants, dans une presse voisine qui ne nous aime pas beaucoup. C'est le moins que l'on puisse dire. Cette année, cependant, il y a lieu de souligner le fait, en plus de la presse de nos voisins, d'autres médias n'ont pas hésité à se jeter, aussi bien dans le bain de cette question de frontière avec, comme il fallait s'y attendre, quelques assaisonnements supplémentaires. Aussi, si tout le monde rappelle volontiers que la frontière terrestre qui nous sépare de notre voisin est fermée, ce qui est vrai d'ailleurs, tous ou presque oublient de dire pourquoi et ne retiennent que «la décision d'Alger», comme si Alger avait été la première à manifester son hostilité à l'égard de son voisin.Ainsi, sous le titre de Algérie-Maroc: 20 ans après, l'horizon frontalier plus bouché que jamais, le Point.fr notait que «en août 1994, Alger décidait de fermer sa longue frontière (quelque 1 500 km) avec Rabat après un attentat à Marrakech, le 24, dont le Royaume rendait responsables les services de renseignements algériens» (1). Et Jeune Afrique de remarquer, de son côté, que «le 27 août 1994, l'Algérie décidait de fermer sa frontière avec le Maroc» (2), une fermeture qu'il caractérise «d'aberration». Vingt ans plus tard, se demandent les auteurs de l'article, «comment est vécue cette aberration géographique, économique et humaine, de part et d'autre de cette bande de 1601 km de long et de 500 mètres de largeur'». (3)Pour rappel, il n'échappe ni à Le Point ni à Jeune Afrique que cette «décision d'Alger» est venue après une «décision unilatérale de Rabat» d'imposer, sans raison apparente, un visa aux Algériens et de renvoyer ceux qui se trouvaient de l'autre côté de la frontière, chose à laquelle Lamine Zeroual, président de la République à l'époque avait répondu par le baisser du rideau carrément en attendant des excuses de la part de nos voisins.Rappelons aussi que le moment choisi par Rabat pour établir un visa de circulation entre les deux pays était terriblement difficile à accepter par les Algériens car, à ce moment, l'Algérie était fuie de tous et isolée. Les seuls sur lesquels les Algériens pouvaient espérer compter étaient leurs frères et voisins tunisiens et marocains, mais si la Tunisie n'a jamais failli à ses responsabilités de voisinage et de fraternité et si les Tunisiens ne nous ont pas plus tourné le dos durant la période du terrorisme que lors de celle de la guerre de Libération, le Maroc d'aujourd'hui, malheureusement, a failli et il n'a pas su être à la hauteur de celui d'antan qui, les Algériens le disent avec fierté, nous avait tendu la main et nous avait aidés lors de notre guerre de Libération.Mais au lieu de reconnaître leur faute et de s'excuser d'avoir mal agi, ce qui aurait certainement poussé les choses vers le bon sens, nos voisins de l'Ouest ont préféré jouer au jeu du berger qui ameute tout le village sans trop savoir pourquoi. Ils ont joué à souffler dans le vide croyant gonfler des ballons de baudruche imaginaires. On passera sous silence les différentes manoeuvres et les différents coups et l'on passe aux nouveautés.Offre de bons officesLa première nouveauté cette année, c'est que, désireux d'attirer sur lui les projecteurs de l'actualité, notre voisin de l'Ouest n'a pas trouvé mieux que de recevoir (dimanche dernier) à Rabat, Chérif Bilal Ag, secrétaire général du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) en vue de prendre part à la résolution de la crise malienne et faciliter «le dialogue inter-malien pour trouver un compromis à la crise de ce pays frère» (4).Non seulement notre voisin tente de s'immiscer dans une affaire qui ne le concerne ni de près (il n'a pas de frontière avec le Mali), ni de loin (du moment qu'il n'est plus membre de l'Union africaine) mais, en plus, il tente de se justifier par presse interposée.«Le Maroc, fait-on dire à un certain professeur des relations internationales à l'université Mohammed V de Rabat, a une riche et ancestrale contribution dans la pacification de l'Afrique de l'Ouest que l'Algérie n'a pas dans son palmarès», (5) avant d'ajouter que «le Royaume existe depuis 14 siècles et l'histoire prouve le rôle qu'il a toujours joué. C'est sa crédibilité qui renforce sa position vis-à-vis, non seulement du Mali mais aussi des autres pays africains». (6) C'est juste si l'on ne nous donne pas dix ans d'existence et c'est juste si l'on ne nous enlève pas toute crédibilité en Afrique! Le problème pour notre voisin qui fait son offre de bons offices est que l'Algérie a organisé (déjà) un premier round avec les différentes parties en présence dans le conflit malien et que, hier, comme le note RFI, «les pourparlers inter-maliens reprennent à Alger. Le gouvernement malien, d'un côté, et les groupes armés du nord, de l'autre, vont tenter d'avancer vers la signature d'un accord de paix.» (7)Notre voisin a voulu faire de l'ombre à la réunion d'Alger, il a tenu la sienne un jour avant, mais il n'a ni le leadership nécessaire ni l'envergure adéquate. C'est sa réunion qui en a pâti et qui est passée inaperçue. C'est comme si deux fêtes avaient lieu au même moment, dans la même ruelle, sur le même trottoir. De l'insensé! De l'absurde!...et offre de bons servicesMais s'il n'y avait que cela, on aurait tout mis sur le compte de l'ombre étouffante dans laquelle patauge notre voisin depuis assez longtemps à cause de ses comportements peu amènes et on aurait souri puis fermé le classeur! Le problème c'est que l'on vient de dévoiler, en Algérie, que notre voisin s'est aussi immiscé dans le problème de... Ghardaïa. Certes, depuis longtemps, des informations accusant notre voisin de liens avec les tristes événements de Ghardaïa, ont été rapportées, mais, jusque-là, rien d'aussi concret ni d'aussi précis n'a été dit ou écrit. Il semble, en effet, selon l'information, rapportée par Ennahar hier, que Kamel Eddine Fakhar aurait rencontré, à plusieurs reprises, le conseiller du Palais marocain des affaires culturelles, un certain Ahmed Acid. Ces rencontres, toujours selon la même source, auraient eu lieu avant, pendant et après les événements et elles portaient, entre autres, sur le soutien financier et logistique en vue d'une autodétermination de Ghardaïa!L'information est encore, sans doute, trop chaude et qu'il faudrait laisser le temps au temps pour qu'elle soit vérifiée ou invalidée, mais si cela s'avère vérifié, on ne pourrait certainement pas dire que notre voisin nous veut du bien. Alors là, pas du tout, car une soumission pour de tels services, si cela venait à être confirmé, représenterait un jeu très dangereux pour la stabilité de la région, un jeu dont nul ne tirerait profit, ni l'Algérie, encore moins le Maroc.Notes1 http://www.lepoint.fr/monde /algerie-maroc-20-ans-apres-l-horizon-frontalier-plus-bouche-que-jamais-24-08-2014-1856142_24.php2 et 3 http://www.jeuneafrique. com/Article/ARTJAWEB 20140829174145/diplomatie-frontiere-algerie-maroc-en-kiosque-algerie-maroc-la-dechirure.html4, 5 et 6 http://www. le360.ma/fr/politique/crise-au-mali-le-retour-en-force-du-maroc-206757 http://www.rfi.fr/ afrique/20140901-nord-mali-alger-negociations-entrent-le-vif-sujet/


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