Algérie

Offensive sur Idlib, l'ultime grand bastion terroriste



Les combats sont parmi les plus meurtriers depuis que Moscou, allié de Damas, et Ankara, parrain de certains groupes rebelles, ont dévoilé, en septembre 2018, un accord sur une «zone démilitarisée» en fin de compte jamais respecté par Hayat Tharir al Sham.Raids aériens et tirs d'artillerie du régime et de son allié russe ont visé hier l'utime bastion terroriste de Syrie, au lendemain de combats intenses, une escalade qui fragilise l'accord de cessez-le-feu et pousse les civils à quitter leurs foyers. Au moins 53 combattants ont été tués depuis lundi dans des affrontements entre les troupes loyalistes et les terroristes menés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), organisation formée par l'ex-branche d'Al-Qaïda qui domine Idlib mais aussi des territoires des régions attenantes, notamment Hama. Ces violences sont parmi les plus meurtrières depuis que Moscou, allié du régime, et Ankara, parrain de certains groupes rebelles, ont dévoilé en septembre 2018 un accord sur une «zone démilitarisée», qui devait séparer les territoires insurgés des zones gouvernementales et garantir un arrêt des hostilités. Cette initiative a permis d'éviter une offensive d'envergure du régime. Mais, depuis février, le pouvoir de Damas poursuit le pilonnage de la région. Et les bombardements de ces derniers jours, menés aussi par l'aviation russe, ont gagné en intensité. Hier, des dizaines de véhicules et de camionnettes, transportant femmes et enfants, coincés entre les matelas et les piles d'effets personnels emportés à la hâte, ont encore fui le sud d'Idlib en direction de secteurs plus au nord, relativement épargnés. Certains partent sur leurs tracteurs, emportant avec eux leur bétail, d'après la même source. Fuyant un village du sud de la province d'Idlib avec sa femme et leurs trois enfants, c'est la troisième fois qu'Abou Ahmed se retrouve déplacé par le conflit.»Cette fois-ci, c'était la plus terrifiante. Les avions n'ont pas arrêté, ni les obus», dit le quadragénaire, rencontré en chemin. Avec la recrudescence des hostilités, plus de 150.000 personnes ont été déplacées depuis février dans la région, selon les Nations unies. Lundi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a exhorté les belligérants à protéger les civils, réclamant une «désescalade urgente». Lundi, neuf civils ont été tués dans des raids russes ou des bombardements du régime, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), précisant que le pilonnage se poursuivait hier. Des unités de l'armée ont tiré des roquettes sur les «terroristes» dans le nord-ouest de la province de Hama, en réaction à des «attaques», a indiqué de son côté l'agence officielle Sana. Dans ce secteur, les combats ont fait rage toute la nuit, jusqu'à ce que les forces du régime prennent mardi le contrôle d'une colline, selon l'OSDH. Au moins 29 terroristes ont été tués, dont des membres de HTS et du Parti islamique du Turkestan, de même que 24 soldats syriens et alliés, d'après un nouveau bilan fourni par l'Observatoire. Depuis le 28 avril, au moins sept hôpitaux ou centres médicaux ont été touchés par des bombardements, certains se retrouvant hors-service, a déploré l'ONU. Neuf écoles ont aussi été touchées, selon la même source. Dominé par HTS, Idlib est le dernier grand bastion terroriste à échapper au pouvoir de Bachar al-Assad, après plus de huit ans d'un conflit dévastateur. L'écrasante majorité des quelque trois millions d'habitants vit grâce à l'aide humanitaire. La moitié sont des déplacés, arrivés à Idlib après avoir fui d'autres bastions rebelles reconquis par le régime. Le pouvoir syrien, appuyés par ses alliés indéfectibles, Moscou et Téhéran, a multiplié ces dernières années les victoires face aux insurgés, jusqu'à asseoir son contrôle sur près des deux-tiers du pays. à maintes reprises, le régime a martelé sa détermination à reconquérir toute la Syrie, déchirée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 370.000 morts et laissé des villes et des régions entière en ruines. Un scénario d'autant plus plausible que deux autoroutes passant par Idlib -qui devaient relier les territoires aux mains du régime à Alep (nord), Hama (centre) et Lattaquié (nord-ouest)- n'ont pu rouvrir jusque-là au trafic. D D'où la nécessité pour Damas de rétablir la circulation sur ces deux autoroutes vitales aussi bien pour Alep et sa province que pour le sud d'Idlib, en attendant l'élimination totale de HTS et des autres groupes terroristes de cette région.


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