Algérie

Odieux assassinat d'Hervé Gourdel



Odieux assassinat d'Hervé Gourdel
Le choc. L'assassinat odieux du Français Hervé Gourdel a violemment secoué toute la planète et tragiquement replongé l'Algérie dans l'ambiance d'horreur des années noires du terrorisme.Le groupe djihadiste Jund Al Khilafah, désormais branche locale de la nébuleuse Etat islamique (EI) qui a enlevé puis décapité l'otage français, signe macabrement son acte de naissance. La paix retrouvée vantée par un discours politique bienveillant à l'égard des chefs terroristes d'hier, sous le couvert d'une réconciliation nationale, est battue en brèche. Le «je vous ai ramené la paix» de Abdelaziz Bouteflika est fortement remis en cause. Forte de son expérience dans la lutte contre le terrorisme acquise durant la décennie noire, l'Algérie est devenue un partenaire stratégique aux yeux des puissances occidentales dans les conflits régionaux, au Mali et en Libye notamment. Un pays sur lequel il faut compter dans la géostratégie régionale. Mais voilà. Après l'incursion d'une colonne de pick-up dans le désert et la prise d'otages sur l'important site gazier de Tiguentourine, le 16 janvier 2013, l'enlèvement puis l'exécution d'un ressortissant français posent la question non seulement de la stratégie militaire, mais aussi et surtout celle du choix politique imposé au pays.Un nouveau coup dur pour Alger. L'assassinat d'Hervé Gourdel, au retentissement mondial, ne sera pas sans conséquences tant politiques que militaires. Le rôle de l'Algérie dans le jeu régional sera sans doute revu à la lumière de l'irruption de la branche locale de l'EI, contre lequel une coalition internationale s'est mobilisée. L'image de l'Algérie est directement impactée par l'assassinat de l'otage français. «C'est l'un des objectifs de Daech, qui cherche à déstabiliser un pays fortement sollicité au plan régional et ternir son image, et à créer ainsi un climat de consternation au sein de la société», analyse H'mida Ayachi, spécialiste des mouvements islamistes radicaux. La conséquence serait de réduire la marge de man?uvre de l'Algérie sur le «front mondial» de la lutte contre le terrorisme et dans la redéfinition de la carte géopolitique régionale. «La marge d'action d'Alger va sans doute se rétrécir et le pays sera contraint de se soumettre aux injonctions des puissances étrangères», poursuit M. Ayachi.Avis de tempêteL'Algérie, qui n'est pas engagée ? du moins directement ? dans la coalition internationale contre l'EI, va-t-elle changer d'attitude ' Le douloureux épisode Hervé Gourdel replace brusquement et incontestablement l'Algérie dans le cyclone du terrorisme international, ce qui pèsera lourdement dans les choix stratégiques à venir du pouvoir politique.Au plan interne, le choc est tel qu'il est impérativement urgent de changer de cap stratégique et de politique, fondée idéologiquement sur un discours néo-islamisant conquérant, qui est l'une des conséquences d'une réconciliation nationale imposée envers et contre tous, accompagnée de toute une littérature obscurantiste injectée dans les différentes strates de la société.Par le truchement de calculs politiciens étroits, le pouvoir politique réhabilite d'anciens chefs terroristes en les hissant au rang de personnalités nationales consultées pour le choix de projet de société, alors que des figures responsables et sérieuses sont tout simplement exclues du jeu politique. Bouteflika a même substitué à la décennie noire l'appellation «tragédie nationale» et banni le terme «terrorisme» de son dictionnaire. Les éléments de langage changent et l'orientation idéologique avec. De nombreux terroristes élargis dans le cadre de la concorde civile et de la charte pour la paix se sont recyclés dans la société avant de réactiver les réseaux extrémistes. Le chef du groupe qui s'autoproclame de l'EI avait lui-même séjourné en prison pour soutien au terrorisme avant d'être relâché dans la nature.Les multiples appels pressants venus de Kabylie pour venir à bout de la spirale des enlèvements n'ont pas trouvé d'écho. La population est livrée à elle-même. Les citoyens, mobilisés contre le terrorisme durant la décennie noire, se sentent trahis par l'Etat.L'assassinat spectaculaire d'un ressortissant étranger sur le sol algérien vient rappeler les limites de cette politique. Symboliquement, il signe l'échec du projet de Bouteflika. Un examen critique de la politique de réconciliation est impérieusement nécessaire.Le coup de force imposant un quatrième mandat d'un Président qui est loin d'avoir les capacités physiques pour assumer sa fonction, soutenu par les puissances occidentales au prétexte qu'il est «le garant de la stabilité», s'avère une grave erreur stratégique qui expose le pays à des périls multiples.




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