Algérie

Octobre pour mémoire (2)



G. Orwell, visionnaire des formes les moins visibles de dictature, disait : « Les mots tombent sur les faits comme de la neige brouillant leurs contours et recouvrant tous les détails. » Il y a comme une immense hypocrisie, si ritualisée depuis l?indépendance, de l?Algérie officielle à commémorer en grande pompe des dates et des hommes, allant jusqu?à les sacraliser en totems et les vider, en même temps, du sens qu?ils ont apporté au progrès de la nation. On peut craindre que les cérémonies du cinquantenaire du 1er Novembre, aiguillon du combat de libération nationale, ne soient qu?une nouvelle dalle scellant, par ses funestes « constantes », l?évolution de l?Algérie. En particulier les émeutes juvéniles d?Octobre 1988, et leurs répliques essaimées à partir du printemps 2001, qui ont imposé l?expression sur la place publique du respect des droits humains universels. Au nom d?une indéfinie « décolonisation de l?histoire » - qui a essentiellement produit ce magma d?idéologie de « constantes nationales », minorant d?exigeantes ?uvres, comme celles de Lacheraf -, de la poussière a recouvert les luttes d?après- indépendance pour les libertés. Y compris par des combats d?arrière-garde d?organisations censées sauvegarder l?esprit de Novembre. Ainsi, des barons du FLN versant les mois d?avant la présidentielle dans des règlements de compte à coups de crocs de chiens dobermans, jusqu?à ce que les redresseurs achèvent les « redressés ». Ainsi, plus récemment, des héritiers de l?Organisation nationale des moudjahidine, scindés en clans conflictuels pour son affermage et avertissant qu?ils « sont prêts à reprendre les armes ». Entre eux, ou contre la société toujours, en imposant des pompes de rente aux énièmes descendants ? Ainsi, mardi dernier sur l?écran de la télé gouvernementale, le ministre des Affaires religieuses (tous les cultes aux termes de la Constitution de la République), nous découvrons, par l?image et le son, qu?il a aussi des prérogatives et des dons ministériels de police de la conscience. Sur la sauce, trop vite montée, d?un prétendu phénomène tentaculaire d?évangélisation de la Kabylie, il n?a pas hésité à rajouter à sa croisade cette révélation : « A l?APN, j?ai cité juste les tendances qui prônent l?évangélisation. J?aurais pu, toutefois, donner la liste, qui est longue, des personnes qui défendent cette démarche en me référant aux résultats des investigations menées sur le terrain. »


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