Algérie

Octobre à Paris hante toujours les rives de la Seine Le film de Jacques Panijel a été interdit pendant cinquante ans


Octobre à Paris hante toujours les rives de la Seine                                    Le film de Jacques Panijel a été interdit pendant cinquante ans
A la veille de la commémoration du cinquantenaire des tragiques évènements du 17 octobre 1961 à Paris, un film-témoignage inédit sortira en France, après 50 ans de censure pernicieuse de la part des autorités françaises. Octobre à Paris (réalisé en 1962 ' 70 minutes), de Jacques Panijel a déjà été diffusé en avant-première, dans le cadre du festival «Maghreb des films 2011», à l'occasion duquel il sera montré au public dans les salles de cinémas parisiennes, notamment au Forum des images, aux 3 Luxembourg et à l'Institut du monde arabe. Octobre à Paris a été tourné dans la clandestinité, son réalisateur ayant été harcelé par la police pour l'empêcher d'évoquer cet épisode de l'Histoire sombre de la colonisation française, à moins d'un an de l'indépendance de l'Algérie. Jacques Panijel, un français d'origine roumaine, à la fois réalisateur et militant des causes indépendantistes à travers le monde, avait commencé à collecter, dans la clandestinité, les témoignages des victimes algériennes. «Composé de captations documentaires, de photos (entre autres celles d'Elie Kagan), d'interviews de manifestants et de reconstitutions, le film a été censuré dès 1962 et Jacques Panijel menacé de poursuite. Dès qu'il y avait une projection, les policiers débarquaient et saisissaient les bobines», ont indiqué les organisateurs du «Maghreb des Films», rappelant qu'il fallait attendre l'année 1973 pour voir l'étau se desserrer un tantinet sur cette production cinématographique engagée. «Après la grève de la faim du cinéaste et ancien résistant René Vautier, le film a obtenu son visa d'exploitation, il pouvait enfin être montré. Mais il a été bloqué pour des questions de droits jusqu'à aujourd'hui», note encore le communiqué de presse du commissariat du Festival, publié sur le site de cette manifestation culturelle qui veut marquer, à sa manière, le cinquantenaire des évènements d'octobre 1961. A noter que le film Octobre à Paris sortira en salles le 19 octobre et il sera enrichi par une préface intitulée A propos d'octobre, de Daniel Mermet. Le tournage de cette préface a été assuré par le réalisateur Mehdi Lallaoui, également président de l'association Au Nom de la Mémoire. La bobine originale du film Octobre à Paris a été projetée à Paris au profit des journalistes, a indiqué Anne Guimet, chargée des relations avec la presse. Pour les besoins de l'histoire et afin de situer le contexte du film par rapport à l'époque des événements, il est nécessaire de rappeler que le 17 octobre reste une date clé dans l'histoire de la guerre de libération algérienne. Pour protester contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé, plus de 30 000 algériens ont décidé d'investir les rues de Paris à l'appel de la Fédération de France du Front de libération nationale, tout en profitant de cette occasion pour réitérer la volonté du peuple algérien à se libérer du joug colonial. Mais cette manifestation, pacifique, faut-il le préciser, a fini dans un bain de sang et par l'emprisonnement de plusieurs dizaines de manifestants algériens. La police française, dirigée par Maurice Papon, s'est engagée dans une meurtrière répression, tuant les algériens par dizaines en les jetant dans la Seine, sans compter les 11 538 autres manifestants qui avaient été arrêtés et torturés puis expulsés, pour certains d'entre eux, du territoire français. Aucune poursuite n'a suivi cette sanglante répression qui continue aujourd'hui de hanter les mémoires.
L. M.
A l'occasion de la commémoration du 17 octobre 1961
Sept documentaires, long-métrages et clips au «Maghreb des Films» 2011
Outre le film de Jacques Panijel, «Octobre à Paris», six autres 'uvres cinématographiques seront projetées à l'occasion de l'organisation de la quatrième édition du « Maghreb des Films», selon la lettre d'information du festival. Les initiateurs de cette manifestation ont programmé, en fait, toute une série de documentaires, de long-métrages, fictions et clips pour marquer le cinquantième anniversaire des évènements du 17 octobre 1961. «Ici on noie les Algériens», film-témoignage de Yasmina Adi (2011-90 minutes), sera projeté dans les salles aux 3 Luxemburg, au Forum des images et à l'Institut du monde arabe. Ce film sort en salles à la même date qu'«Octobre à Paris», c'est-à-dire le 19 octobre2011. Au programme de cette journée de commémoration, le public pourra revoir la «Nuit noire, 17 octobre 1961», de Alain Tasma (2005 ' 108'), qui n'est pas un documentaire, mais une fiction, «17 octobre 1961, dissimulation d'un massacre», de Daniel Kupferstein (2001 ' 52'), «Vivre au paradis», de Bourlem Gerdjou (1999 ' 97'), «Le silence du fleuve», de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis'(1991 ' 52') et «Meurtres pour mémoire», de Laurent Heynemann (1984 ' 81'). Des court-métrages seront aussi projetés, comme «Mémoires du 17 octobre», de Faïza Guène et Bernard Richard (2002 - 17') «Témoignages d'octobre», de Sébastien Pascot (2002 - 11') et «Une histoire du guetto français : 17 octobre1961», de Sébastien Pascot (Clip, 3mn26s).
L. M.
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