OCI: Quelle pantalonnade!

55 pays musulmans ont condamné sans appel et sans autre forme de procès un de leurs pairs: la Syrie. Sur quelle base et au nom de quels principe et pratique la décision de suspendre la Syrie de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a-t-elle été prise' Le questionnement est légitime dans la mesure où il est pertinent que l'on sache si les pays qui viennent ainsi de juger la Syrie sont effectivement les plus qualifiés pour ce faire' Cela ne semble point évident. Il est à tout le moins curieux, toutefois, qu'il ne s'est pas trouvé un pays - à part l'Iran dont la position sur les événements de Syrie est connue - pour se démarquer d'un assentiment quelque peu suspect, qu'aucun de ces pays n'ait demandé (dans le moindre des cas) à entendre ce pays sur ce qu'il a à dire sur ce qui se passait sur son territoire. Il n'en a rien été. En revanche, le procureur à charge, l'Arabie Saoudite, en l'occurrence, a été entendue dans le temps où la parole a été refusée à la défense. Cela est-il étonnant si l'on excipe du fait que les pays de l'OCI et l'Arabie Saoudite, qui se sont mués en «tribunal spécial» pour la Syrie, ne semblent pas, en tout état de cause, les plus compétents pour ce faire. Surtout lorsque l'on ajoute que le sommet «extraordinaire» de l'OCI a été convoqué par l'Arabie Saoudite laquelle finance et arme les rebelles, les djihadistes et autres mercenaires qui opèrent en Syrie. L'Arabie Saoudite est en fait, partie prenante dans le conflit qui met à feu et à sang l'ancien pays du Cham. Une Arabie Saoudite - on s'en doutait un peu, la monarchie des Saoud est connue pour être l'une des grandes démocraties de ce monde, qualifiée récemment par la ministre suédoise de la Défense comme étant une dictature qui ne respecte pas les droits de l'homme - qui n'hésite pas à réprimer durement ses propres nationaux chiites et contribua «efficacement» à étouffer dans le sang le «printemps arabe» au Bahreïn. Ceux qui ont convoqué le sommet «hors normes» de l'OCI, veulent semble-t-il sauver le peuple syrien et accessoirement instaurer la démocratie dans ce pays' A moins que ce ne soit l'inverse' Ce que l'on peut dire en revanche, c'est comment des pays qui ont peu de considération pour leurs propres populations, ce qui donne la mesure de la réalité de la vie humaine dans ces pays - les répressions sanglantes, contre les manifestants, en Arabie Saoudite, au Bahreïn, entre autres, la guerre en Afghanistan, sont (sans pour autant généraliser) un échantillon de ce qui se passe dans nombre des 57 Etats membres de l'OCI - vont sauver le peuple syrien' Quant à la démocratie, il est patent que la majorité de ces Etats, pour ne pas dire tous, sont des dictatures, soit des monarchies absolues dans lesquelles les libertés collectives et individuelles ne sont pas garanties, la liberté d'expression brimée, le pluralisme politique et syndical interdit, soit sous étroite surveillance. Et ces pays ont suspendu un des leurs, ni moins ni plus tyrannique qu'eux-mêmes. Il y a donc maldonne pour que 55 pays musulmans - sur 57 - aussi despotiques les uns que les autres condamnent l'un des leurs sous le prétexte de réprimer «sa» rébellion - rébellion qu'ils ont eux-mêmes étouffé chez eux dans le sang (Arabie Saoudite et Bahreïn, notamment) - sans qu'aucun d'entre eux n'eut jugé opportun ou politique de condamner dans le même sillage une rébellion tout aussi coupable de crime de guerre en Syrie, selon un communiqué du Comité des droits de l'homme de l'ONU. Voici donc, un consensus contre la Syrie de Assad à tout le moins spécieux, que rien n'explique ni ne justifie. Quand l'OCI et les monarchies du Golfe, singulièrement, se sont-elles inquiétées et démenées pour protéger le peuple palestinien livré à la sauvagerie sanguinaire d'Israël' Cela dure depuis 64 ans! Trêve de plaisanterie! Ce qu'il y à de vrai en revanche est que sous l'impulsion des monarchies du Golfe, l'OCI sous-traite désormais pour ce même Israël qui est le seul à avoir intérêt à - et bénéficiera de - la disparition de la Syrie en tant qu'Etat national. Eu égard à cette nouvelle «logique», si demain Israël vient à attaquer l'Iran (Israël l'a clairement laissé entendre), l'OCI et l'Arabie Saoudite se tiendront donc aux côtés de l'agresseur israélien contre l'Iran. Le ver est bien dans le fruit!