Algérie

Obsolétisons-nous nous-mêmes



Même si elle a au moins le mérite d'apporter un démenticinglant aux scénarios peu crédibles parlant de la non-viabilité des électionslocales, force est de constater que la convocation par le premier magistrat dupays du corps électoral pour le 29 novembre prochain n'en apporte pas pourautant un éclairage rassurant concernant les conditions politiques d'abord (etautres ensuite) dans lesquelles va se tenir une consultation à l'enjeu capitaldans la crédibilisation des institutions en plein effort de refondation dans unpays où la méfiance est désormais érigée en seconde nature chez tout un chacun.Parce qu'elle intervient dans un contexte particulièrementdélétère, sur le front social notamment, la consultation populaire prévue dansquatre-vingt-dix jours s'apparente pour beaucoup à un test décisif pourl'après-Bouteflika en tant que mode de gouvernance et, du coup, la survie àmoyen terme du personnel politique actuellement aux manettes des affaires dupays.Et même s'il est vrai que le prochain scrutin est à biendes égards différent des autres, en ce sens que le citoyen se rappelle volontiersde ses droits civiques quand il s'agit de choisir (?!) ceux qui vont avoirl'insigne responsabilité de gérer son quotidien cahoteux, bien malin celui quipourrait prédire, sans risque de se planter lourdement, le niveau departicipation et, partant, le «taux de fréquentation» des bureaux de vote lejour J.La «boulette» du ministre de l'Intérieur consistant dans ceque d'aucuns, en sautant allègrement le pas, ont déjà qualifié «d'immixtiondans la vie privée des citoyens», va incontestablement servir d'argument massueà ceux qui voient dans les élections prochaines un autre moyen de «noyer lepoisson dans l'eau» et d'avancer à reculons vers de vraies solutions aux grandsproblèmes que vit le pays. Dès lors que les Algériens ont urgemment besoin dedéléguer leurs pouvoirs pour voir représentés, à la hauteur de leurs attentes,les intérêts vitaux qui sont les leurs, le floupolitico-juridico-institutionnel qui caractérise encore la «fonction» (puisquece n'est plus une charge !) de l'élu continue à confiner les assemblées éluesdans un rôle de strapontin totalement à l'écart du processus peu maîtrisable deprise de décision à tous les niveaux de la pyramide de l'Etat.D'ailleurs, les multiples et laborieuses «triturations» descodes communal et de wilaya sont la manifestation la plus probante du rôle de«boisseau» naturel que joue l'engrenage érodé de l'administration vis-à-vis desinstitutions élues, perçues plus comme le «faire-valoir» d'une démocratiemaquillée aux fards du provisoire qu'un prolongement de l'action pérenne del'Etat dans sa mission organisatrice et régulatrice des relations entre lesacteurs et les différents segments d'intérêt et d'activité composant une mêmesociété.Et l'une des fonctions justement de l'organisation desmissions constitutionnellement dévolues à l'Etat, au sens régalien du terme,est d'instituer des contre-pouvoirs viables et crédibles à toute velléitéautocratique, de même que la promotion des libertés individuelles etcollectives, à commencer par celle reconnaissant le droit légitime de dire ceque l'on pense, sont assurément le meilleur rempart pour nous arrimersolidement au train à grande vitesse du développement.«Obsolétisons-nous nous-mêmes, sinon la concurrence s'enchargera» est une prophétie d'une rare pertinence prononcée par un ferventpartisan du changement, au sens que le changement est le seul vaccin efficacecontre toutes les pannes, fussent-elles celles des Etats. Car il est vrai quesi nous ne nous obsolétisions pas par nous-mêmes, la «déferlante» (parce quec'en est une) de la globalisation, ramenant la «dimension» de la planète à ungrand bourg, risque bien de nous enfoncer davantage dans nos proprescontradictions et nous mettre de facto au ban du progrès, avec tout ce que celasuppose comme retombées que l'on ose à peine imaginer.


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