Algérie

Obsolescence programmée



Obsolescence programmée
Elle ressemble à une élection présidentielle sans en être une tout-à-fait. Hors norme, inédite, inhabituelle... les qualificatifs n'ont pas manqué pour qualifier l'élection présidentielle du 17 avril. Au sens mécanique du terme, le scrutin est bien une compétition rassemblant des candidats ou postulants à la magistrature suprême. Mais la sociopolitique du pays, qui vient à peine de célébrer le cinquantenaire de son indépendance, lui donne nécessairement une autre dimension. Le président Bouteflika l'a parfaitement compris en déclarant à Sétif, en mai 2012, que le moment était venu pour les dirigeants de sa génération de passer le relai aux nouvelles générations. Par-delà le procès qui lui est fait sur une intention inaboutie, il avait donné le départ à un débat qui ne s'arrêtera pas de sitôt et qui, de toute façon, se devait bien d'être ouvert. Le président Bouteflika l'avait juste précipité. On le voit en ces jours de précampagne électorale, on le perçoit dans la dureté, parfois à la limite de la correction, des propos des uns et des autres, on le devine dans l'extrême sévérité des jugements émis : l'Algérie est à la veille d'un tournant d'une extrême importance. Il n'y aura que deux façons de le prendre ce tournant. Avec sagesse commandant compromis et concessions sur ce que des humains comme les autres croient des attributs et privilèges de droit divin. Ce serait la meilleure option, l'autre pouvant être celle d'une violence insoupçonnée qui aggravera tous les retards pris par le pays et rouvrira des plaies cicatrisées dans la douleur et les traumatismes. Les plus clairvoyants parmi les intervenants politiques ont raison de voir au-delà de la seule élection du 17 avril prochain. Celui que le scrutin désignera doit savoir qu'il aura à gérer une situation mouvante et fuyante, à la confluence de graves contradictions aggravées à force d'être ignorées et fuies. L'incommunicabilité entre les anciennes et nouvelles générations n'est pas la moindre d'entre elles. Elles ne croient plus aux mêmes valeurs et quand les «anciens» parlent de leurs «Guerres du Péloponnèse» et de leurs épopées sans témoins, les jeunes ont le regard tourné vers d'autres horizons, comme ceux que les plus téméraires ou inconscients d'entre eux vont rejoindre sur des embarcations de fortune au risque de servir de pâture à la faune marine.Les fractures et les divisions apparues -dans l'exacerbation- dans l'Etat et la société sont, quant à elles, porteuses des plus grands périls pour la cohésion nationale et la stabilité du pays évoquée avec insistance ces derniers temps. Les conditions dans lesquelles se déroule la prochaine présidentielle sont en train de tout remonter à la surface. La géographie du pays laissera son empreinte sur les résultats qui refléteront, d'une manière ou d'une autre, le fil tendu des contradictions et blocages devenus un frein au progrès du pays et de la société.Les partis dits de la majorité ont-ils pris la mesure des facteurs de déstabilisation, apparents ou latents, que des discours violents, en décalage avec les réalités, sont en train de faire émerger ' Sortant du cadre strict d'une campagne électorale qui a ses propres règles et limités, ils croient, ils font passer le message que «l'affaire est pliée», que la partition est jouée, donnant l'impression d'être pris au piège d'une atmosphère qu'ils ont eux-mêmes créée. Ils gagneraient à écouter les autres, à saisir les messages des parties adverses. Sont-ils sûrs que Benflis se présente vraiment pour être élu ' Qu'ils méditent sa déclaration faite à sa sortie du Conseil constitutionnel, mercredi dernier. Avant lui, Hamrouche n'avait-il pas attiré l'attention sur les nouvelles formes prises par les dérives de la situation politique 'A. S.




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