Algérie

Obsession



«Une obsession en chasse une autre. C'est comme la diète.» Wilfrid LemoineTout le monde ou presque, a entendu parler du célèbre opéra de Bizet: L'Arlésienne. Ce fut d'abord une nouvelle écrite par Alphonse Daudet. Devant le succès de l'intrigue, l'écrivain en tira une pièce de théâtre pour l'introduction de laquelle, Georges Bizet composa une musique. De fil en aiguille, cela se transforma en opéra. La caractéristique de cette intrigue tient au fait que le personnage dont on parle le plus est celui qu'on ne voit jamais: une fille d'Arles dont le personnage central malheureux ne peut oublier. Le fait passa vite dans la langue française pour illustrer un personnage qui n'arrive pas ou une promesse qui tarde à être concrétisée.
Cependant, il y a des situations où c'est l'inverse qui se produit: il y a des participants à un débat important qui ne cessent de tourner autour du pot sans effleurer le sujet qui taraude au plus haut point le malheureux et impuissant téléspectateur. Car c'est d'une émission de télévision dont je voudrais parler. C'est une émission que j'adore et que j'attends tous les samedis sur Canal + quand celui-ci diffuse en clair: «Salut les Terriens!» C'est une émission que j'aime à cause de ce que je croyais jusqu'à présent: sa liberté de ton. Le style de l'animateur-producteur Thierry Hardisson est toujours incisif, provocateur souvent et son humour caustique prépare joyeusement l'exécution de quelques célébrités, de l'art ou de la politique par Stéphane Guillon. On ne s'en lasse pas.
Pourtant, j'ai vécu la dernière émission comme une véritable épreuve, une douloureuse injustice. Le propos avait démarré sur un problème assez simple: l'augmentation du prix de l'essence à la pompe: un sujet qui doit intéresser tous les pollueurs de l'Hexagone. La cause principale étant la situation politique qui prévaut au Moyen-Orient où des conflits perdurent depuis plus d'un demi-siècle. Aux problèmes latents qui couvent sous cendres est venue s'ajouter la provocation des pays de l'Otan qui ont décidé de boycotter le pétrole iranien à cause de son programme nucléaire. Les menaces d'agression d'Israël contre ce pays s'ajoutent à la longue liste d'attentats contre les chercheurs travaillant pour le programme nuclé-aire iranien. Il faut rappeler que ce pays avait déjà bombardé des sites nucléaires irakien et syrien. La diabolisation du régime est menée tambour battant par les mêmes médias qui s'étaient attaqués hier à Saddam Hussein. Tous les scénarios catastrophes possibles ont été débattus par les protagonistes: la fermeture du détroit d'Ormuz risquant de porter très haut le prix du pétrole et mettre à mal une économie occidentale frappée de plein fouet par une récession causée par la spéculation financière. Les Occidentaux ne peuvent permettre à l'Iran d'avoir un programme nucléaire et encore moins de posséder une bombe atomique alors que l'Arabie Saoudite s'apprête à en acheter au Pakistan qui n'a pu aboutir à ses projets nucléaires que grâce à la généreuse mais non désintéressée contribution financière des Serviteurs des Lieux Saints de l'Islam mais néanmoins fidèles alliés de l'Otan. Evidemment, les débatteurs sont très vite passés sur les débuts du nucléaire iranien dans les années 1950, sous le régime du Shah: les fondations du programme nucléaire iranien ont été posées pendant la guerre froide, à la fin des années 1950, sous l'égide des Etats-Unis et dans le cadre d'accords bilatéraux entre ceux-ci et l'Iran. Un programme nucléaire de coopération civile a été signé dès 1957 avec les Etats-Unis dans le cadre du programme «Atoms for Peace». Le Shah Mohammad Reza Pahlavi régnait sur l'Iran à cette époque et, après la chute de Mohammad Mossadegh, encouragée par la CIA en 1953, le régime apparaissait suffisamment stable et amical envers l'Occident pour que la prolifération nucléaire ne devienne une menace. Evidemment, le régime iranien a changé en 1979 et depuis, l'Iran fait partie de l'Axe du Mal. Aucun mot n'a été dit sur Israël qui possède le plus puissant arsenal nucléaire de la région. Alors, le problème palestinien n'a même pas été évoqué par ceux qui sont obnubilés par le prix du gas-oil à la pompe.


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