Le 4 juin, Barack Obama prononçait son discours du Caire, par lequel il
appelait à la réconciliation avec le monde arabo-musulman en s'engageant,
notamment, pour un Etat palestinien. Une année après, l'opinion arabe a-t-elle
le droit de déchanter ou, au contraire, d'y croire ?
Voilà 18 mois, lorsque le président américain Barack Obama prenait ses
fonctions et annonçait une série de mesures importantes dont, le retrait
progressif de l'armée américaine d'Irak (fin 2011), la fermeture du pénitencier
de Guantanamo, l'intensification de la lutte antiterroriste, notamment contre
Al Qaïda, la reprise du dialogue israélo-palestinien avec l'engagement pour un
Etat palestinien, le dialogue entre occident chrétien et monde arabe musulman
(discours du Caire du 4 juin 2009)… Le monde s'est mis à espérer à une ère
nouvelle engagée pour la paix. Sans doute est-ce cet engagement pour la paix
qui a récompensé Barack Obama du prix Nobel de la Paix. Mais alors que s'est-il
passé depuis, pour que le président américain passe d'une «icône» de la paix à
celle d'un… président américain tel que nous a habitués l'Amérique depuis,
excepté John F. Kennedy, ces 50 dernières années? Indéniablement, la
précipitation de l'actualité internationale marquée, ces deux dernières années
par la succession ininterrompue d'événements majeurs qui bouleversent la vie
quotidienne des sociétés du monde entier, ne favorise pas, chez une grande part
des opinions publiques arabes et occidentales, le recul nécessaire à distinguer
les partisans sincères pour une paix juste et durable, là où les injustices,
les occupations et les guerres durent encore. De la guerre en Irak à celle de
l'Afghanistan; de la tragédie palestinienne, au drame du Darfour; de l'enfer
des Sahraouis à la solitude des Kurdes… inlassablement, les médias nous bombardent,
H24, de nouvelles angoissantes, mettant l'accent sur les protagonistes les plus
extrémistes de ces conflits et guerres, laissant entendre que la justice et la
paix sont des chimères, de simples vues de l'esprit.
Et la crise financière et économique
qui frappe le monde occidental depuis deux ans et va en s'aggravant, s'ajoute
comme un adjuvant qui défragmente ce qui reste de lucidité pour discerner les
partisans de la paix des apprentis sorciers. Reprenons: Barack Obama peut-il
changer, seul, le monde dans le bon sens? Oui et non. Oui, si la volonté qu'il
continue d'afficher pour la paix et la justice trouve appuis et échos ailleurs,
notamment en Occident et dans le monde arabo-musulman. Non, si le reste du
monde l'attend comme on attend le messie. Examinons les développements autour
de la question palestinienne depuis son arrivée au pouvoir. Aux USA, la
puissante organisation sioniste «AIPAC» a redoublé d'efforts pour torpiller les
tentatives du président américain, pour un Etat palestinien. L'«AIPAC» compte
plus de 100.000 membres actifs aux USA et a son siège à Washington, à deux pas
du siège du Congrès américain. D'ailleurs, elle ne cache pas son soutien
inconditionnel à la politique d'occupation et de répression de l'actuel
gouvernement de Netanyahou. Le discours du Caire d'Obama et ses appels à
l'arrêt des colonies et à la levée du siège de Gaza ont soulevé l'ire de
l'»AIPAC». Et c'est dans cette même Amérique que d'autres juifs se sont
mobilisés, en 2008, c'est-à-dire à l'arrivée d'Obama au pouvoir, pour faire
barrage aux pressions de l'»AIPAC». Ils se sont regroupés sous l'appellation
«J. Street». Ce mouvement milite pour l'arrêt de la colonisation en Palestine
et pour un Etat palestinien dans ses frontières de 1967. Par ailleurs, son
président Jérémy Ben-Ami, a déclaré, en avril 2008 : « Nous voulons donner la
parole à la majorité de la communauté juive américaine libre et ouverte et qui
est contre la guerre en Irak et s'oppose à une guerre contre l'Iran.» En
Europe, ce sont aussi d'autres juifs qui ont créé officiellement, le 3 mai
dernier, «J. Call», le pendant européen de «J. Street». C'est la première fois
dans l'histoire du conflit israélo-arabe qu'un mouvement juif d'une telle
ampleur se manifeste pour la paix et le droit des Palestiniens pour contrer
l'»AIPAC», qui existe, elle, depuis 1951. Plus près, et suite à l'attaque de la
« flottille pour Gaza » par la marine israélienne, ce sont d'autres européens
et…juifs qui ont annoncé, comme les Turcs, les Iraniens ou les Algériens,
d'organiser des flottilles humanitaires vers Gaza. Ainsi, un autre
rassemblement, celui dénommé «Juifs européens pour une paix juste» (JEPJ) vient
d'annoncer, à partir de son antenne de Berlin (Allemagne), le départ en
fin-juillet, d'un bateau d'aide humanitaire pour Gaza. La responsable
allemande, Edith Lutz, a déclaré, la semaine dernière à la radio
«Deutschlandfunk» : «nous avons beaucoup de demandes venues du monde entier…
parmi les personnes intéressées figurent de nombreux Israéliens aux côtés de
responsables politiques et de non juifs. Mais ces derniers passeront après les
autres -juifs- car, les demandes de juifs pour ce bateau juif ont plus de
poids». Elle a ajouté que beaucoup de messages affluent d'Israël même, pour
encourager et soutenir l'initiative. Ces exemples montrent bien qu'il y a un
camp de la paix et pour le droit des Palestiniens qui monte en puissance en
Europe, aux USA et ailleurs. C'est ce camp de la paix qu'il faut mettre en
valeur, encourager surtout à partir des pays arabes et musulmans. C'est la
seule manière qui reste pour démonter le discours propagé par les colonialistes
israéliens, par l'»AIPAC» et les partisans de la guerre d'une manière générale.
L'erreur chez les pays arabes est de suspecter ou de préjuger toute initiative
pour la paix émanant des USA, des juifs d'Europe ou des USA. C'est cette
nouvelle dynamique de la paix dans le monde, d'une manière générale, qui
aiderait, si elle trouve son répondant dans les pays arabes, à l'avènement d'un
Etat palestinien dans ses frontières de 1967 et briserait par-dessus tout le
slogan du «Choc des civilisations ». Le président Barack Obama, s'est engagé
dans ce sens. Ne le laissons pas seul, face à l'AIPAC et à Israël.
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Posté Le : 14/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com