Les Etats-Unis se sont donné en spectacle. «Les Américains en ont plus qu'assez!» du jeu politicien, a déclaré Barack Obama, jeudi dernier, après le compromis de dernière minute sur le relèvement du plafond de la dette. Un compromis que s'il n'avait pas eu lieu aurait mis les Etats-Unis en cessation de paiement. C'est-à-dire en faillite. C'est de ce jeu-là que les Américains en ont marre. Un jeu qui s'était déjà produit à plusieurs reprises auparavant. Il s'agit de bloquer financièrement le pays pour obtenir en échange une concession politique. Du chantage, tout simplement. Avant le relèvement du plafond de la dette de mercredi dernier, il y a eu deux semaines auparavant le blocage budgétaire (Shutdown) avec pour résultat la mise au chômage de centaines de milliers de fonctionnaires américains et des pertes estimées à 24 milliards de dollars. Qui joue à ce jeu-là' Au-devant de la scène, c'est la Chambre des représentants à majorité républicaine. Le motif avancé, publiquement, par ces républicains est la fameuse loi Obamacare (loi sur l'accès à la couverture sanitaire des plus démunis). Ils se disent contre cette loi. Soit! Sauf que d'ordinaire et dans un pays comme les Etats-Unis réputé être la première démocratie du monde, la sanction des urnes est respectée par les perdants. Cette fois, la règle semble être piétinée. Pourquoi' C'est Obama qui est ciblé. Ce n'est pas nouveau, car le même jeu avait eu lieu lors de son premier mandat. Peine perdue, il a été réélu. Ce qui a eu pour effet d'enrager encore plus ses adversaires. Dans son discours de jeudi dernier, Obama a utilisé plusieurs fois le mot «haine». Il confirme que c'est lui la cible en disant à peu de chose près: «Si je ne vous conviens pas, ce n'est pas en mettant en péril la nation qu'il faut agir. Argumentez! Discutez!». Il faut savoir qu'au-delà de la façade politique marquée par le parti démocrate et le parti républicain, le pouvoir des lobbies est d'une redoutable efficacité aux Etats-Unis. Depuis son arrivée au pouvoir, en 2008, Barack Obama a collectionné les décisions qui desservent les intérêts de plusieurs lobbies. Sa façon de régler la crise économique de 2008 n'avait pas été du goût des spéculateurs en Bourse. A tel point qu'un mouvement politique hétéroclite qui a pris le nom de «Tea Party» a vu le jour sous l'impulsion des milieux de la finance internationale. Ensuite, Obama s'est mis à dos l'industrie de l'armement avec son projet de réforme contre la mise en vente libre des armes aux Etats-Unis. Il a également pris courageusement la décision d'imposer la reprise des négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens sur la base des frontières de 1967. Sur d'autres dossiers comme celui de la Syrie, il a affirmé son indépendance vis-à-vis des lobbies en préférant la solution politique aux frappes militaires. Il y a quelques jours, il a fait preuve de la même indépendance en décidant de privilégier le dialogue avec les Iraniens. Le tout en faisant fi des «recommandations» et «mises en garde» d'Israël. Et comme Obama en est à son deuxième et dernier mandat, ses adversaires n'ont d'autre choix que la riposte insensée qui consiste à s'en prendre à toute l'institution fédérale. La majorité des citoyens américains ont compris le jeu malsain qui se déroule. Un dernier sondage donne 49% d'opinions défavorables au parti républicain. Obama vient de gagner une nouvelle bataille contre les lobbies qui ne veulent plus le voir à la Maison-Blanche. La prochaine confrontation aura lieu avant le 17 février prochain, date de l'expiration du relèvement du plafond de la dette adopté mercredi dernier. Triste spectacle d'une démocratie qui remet en cause son président élu le plus démocratiquement du monde. Ce grand exemple a ses «petites copies». On en trouve des traces en Russie, en Italie, en France. Et même chez nous!
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Posté Le : 19/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zouhir MEBARKI
Source : www.lexpressiondz.com