Les nuits de Ramadhan se suivent et se ressemblent à Oran. L'animation y est réduite aux seuls spectacles de chant et de théâtre qu'abritent la maison de culture et le TRO, qui tentent tant bien que mal de meubler le vide sidéral prévalant en la matière. Le programme concocté pour la circonstance ne comporte pas de variation des activités susceptibles de satisfaire la diversité des goûts d'un public, lassé par le «mono spectacle» incarné par des galas artistiques, animés presque par les mêmes acteurs et au même endroit. Même les associations qui versaient jadis dans le culturel et concoctaient, à l'occasion du mois sacré, de riches programmes d'animation ont disparu de la circulation ces jours-ci. Elles ont tendance à tourner vers le social (le couffin de Ramadhan, restaurants ?'rahma'...). Mais il est vrai que la télévision, les jeux vidéo, jusqu'à l'Internet haut débit, ont sans conteste eu raison de bon nombre de traditions qui faisaient le charme de Ramadhan à Oran. Ville dont la rue reste le plus grand réceptacle de public lors des longues veillées du mois de jeûne. Grands boulevards comme petites ruelles ne désemplissent pas en ces nuits ramadhanesques, source de ressourcement spirituel et culturel et temps privilégié de divertissement. A partir de 22 heures, heure de la fin de la prière de «Taraouih», et jusqu'à pratiquement minuit - parfois au-delà - c'est le plein jour en pleine nuit au centre-ville. Tout particulièrement, les rues Larbi Ben M'hidi, Khemisti et avenue Choupot et le boulevard du Front de mer sont sillonnés par une foule si dense qu'elle déborde sur la chaussée réservée aux automobiles, imposant une circulation au compte-gouttes. Fait marquant, les crémeries comme il y en a tant au Front de mer et à l'avenue Choupot sont prises d'assaut par les familles et il est difficile d'y trouver une table vide quand la soirée bat son plein. Les familles, en majorité des femmes avec leurs enfants, sont là pendant de bonnes heures à discuter du menu du ftour, les vêtements de la rentrée scolaire et/ou de l'Aïd, le trousseau scolaire, les feuilletons «arabes»...
Alors que les femmes préfèrent faire du shopping, pour les hommes rien n'égale un café express ou un thé à la menthe. Certains cafés de quartier se transforment littéralement en salles de jeux, où les abonnés, grillant cigarette sur cigarette, s'adonnent parfois jusqu'à l'aube à des parties de dominos ou de rami. Les perdants passent à la caisse pour régler l'addition. Pour échapper à la fumée et au brouhaha de ces cafés, des groupes de voisins préfèrent jouer aux dominos en plein air, dans le coin du quartier. Une table de cuisine et de petits bancs, mais l'ambiance est très amicale. Mais parfois un imprévu: la lumière du poteau s'éteint. Pas de soucis, le jeu se poursuit à la lueur d'une bougie.
Cette année, les transports urbains, notamment l'ETO, ont prolongé à une heure tardive les horaires des dessertes. Cette initiative permet aux nombreux habitués de la ville, de retrouver les mosquées, les commerces, les cafés mais aussi le lieu de travail pour certains.
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Posté Le : 13/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : H Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com