Nuit d'émeutes à El-Esnam !

Les manifestants demandent "la suspension" d'un groupe de policiers accusés d'avoir tabassé le jeune Mohamed Merdoud, un mécanicien, dans la soirée de vendredi dernier.La ville d'El-Esnam, à 20 km à l'est de Bouira, a connu dans la soirée de dimanche de violentes émeutes. Les manifestants en colère réclament "justice" devant ce qu'ils ont qualifié de "brutalité policière". C'est vers 17h que des dizaines de jeunes ont décidé de fermer la RN5, à l'aide de pneus enflammés et autres troncs d'arbres, pour réclamer "la suspension" d'un groupe de policiers accusés d'avoir tabassé le jeune Mohamed Merdoud, un mécanicien, dans la soirée de vendredi dernier.Les protestataires dénoncent "le mutisme complice" des autorités qui, selon eux, veulent "étouffer l'affaire". "Nous exigeons une commission d'enquête dans le but de traduire les auteurs de cette agression devant la justice", affirment-ils. Vers 18h, la situation a dégénéré quand les forces de l'ordre ont voulu rouvrir la route de force.Les jeunes ont riposté par des jets de pierres et autres objets. Un renfort a été aussitôt dépêché sur les lieux, afin d'éviter tout débordement. Aux jets de pierres des manifestants, les forces antiémeutes répliquaient par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. "C'est la provocation de trop ! On ne compte pas se taire devant un tel acte et ses auteurs doivent répondre de leurs agissements devant la justice", lancera Mahmoud Bouchalkai, le meneur de cette manifestation. Fait inédit, ce sont les gendarmes qui ont fait office de "médiateurs" entre la population et la police. Ce n'est que vers 22h30 que les affrontements ont relativement cessé, laissant la ville entièrement saccagée. On évoque également, de source hospitalière, sept blessés parmi les manifestants et un policier blessé à la jambe.Hier encore, des policiers à bord d'un véhicule banalisé ont poursuivi les interpellations. "Vous voyez ! C'est comme cela qu'ils procèdent, ils surgissent de nulle part et nous embarquent comme du bétail. Depuis ce matin (hier, ndlr) c'est ainsi", dira M. Bouchalkai. Pour lui, la sûreté de wilaya "doit impérativement présenter des excuses à la victime et sanctionner les auteurs de cette agression cratérisée". Pour rappel, ce sont les déclarations du chef de sûreté de wilaya à la presse qui ont mis le feu aux poudres, puisqu'il avait très clairement indiqué que le jeune en question était en état d'ébriété au moment des faits et que c'est lui qui a agressé le policier. Il informera, en outre, que des poursuites judiciaires vont être engagées contre M. Merdoud.RAMDANE BOURAHLA