Algérie

Nuit blanche à Hotfield Square



Nuit blanche à Hotfield Square
Nuit d'enfer, hier, sur Hotfield Square, baptisée « place rouge », depuis que les supporters algériens ont investi en force Pretoria, elle-même devenue algérienne. PretoriaDe notre envoyé spécial Ressemblant à Plaza Major de Madrid, Hotfield est accessible par quatre grandes portes bien gardées par des policiers intraitables. Fouille corporelle et de bagages inévitable, mais dans un grand respect de la loi. Entourée de bars et de dancings, le centre du Square s'est transformé, depuis le début du Mondial, en bal permanent. Des milliers de personnes provenant des quatre coins du monde se marchent sur les pieds' avec le sourire. Il est vrai que 90% des fêtards sont dans un état second. Ils rivalisent en chants, en danses et en cris. Le vuvuzela s'y incruste inéluctablement. Le taux de décibels anesthésierait un oiseau en plein vol. La place est multicolore. Hotfield gagne en folie à la tombée de la nuit' à partir de 17h (16h en Algérie).Le groupe de musique entame la soirée avec des tubes de Boney M., fait augmenter l'ambiance avec les Beatles et continue le gala avec des succès mondiaux. C'est 'hajouj wa majouj'. Des Algériens, fatalement visibles par leur sens un peu anarchique de la joie, tiennent à s'affirmer plus que les autres, pourtant pas moins bruyants. Le chêne centenaire planté au milieu du square est escaladé par un fan des Verts. Branle-bas de combat : des policiers rappliquent de partout : « C'est juste pour planter le drapeau algérien au sommet de l'arbre », se défend-il, déjà à moitié soûl.« Déjà que tu es monté sur un pylône du stade de Polokwane le jour du match contre la Slovénie, tu veux nous refaire le coup ' Descend ! » Notre alpiniste national, qui ne pigeait pas un mot de Shakespear, était tout de même intelligent pour comprendre qu'il venait de commettre une infraction. Juste une précision au passage, le grimpeur de Polokwane et celui de Hotfield ne sont pas les mêmes. L'assistance, déjà soudoyée par Bacchus, applaudit notre héros.Peine perdue, le fauteur est expulsé de la place, mais notre emblème est resté accroché, dominant tous ceux des autres pays participant au Mondial, suspendus à des poteaux. L'honneur est sauf. Mais, la partie n'est pas terminée pour l'escaladeur expulsé : non seulement, il est sorti en dansant, bien sûr en titubant, mais il est retourné quinze minutes plus tard, emmitouflé dans un maillot de l'équipe sud-africaine. On réclame en baragouinant une chanson algérienne à l'artiste. Nos amis confondent bal et mariage.Qu'à cela ne tienne Didi, Didi de Cheb Khaled est vite entonnée. C'est la révolution, on dirait, ouallah ! Notre corps tremble à force de voir des Argentins, des Anglais, des Américains, des Camerounais et des Sud-Africains se déhancher sur un tube national. C'est la communion. Puis subitement, la soirée tourne à la revendication chez nos compatriotes qui scandent « Mazal, mazal, mazal el maricane ». Ce qui est hilarant, c'est que même les citoyens de l'oncle Sam répètent le slogan, même si c'est avec un accent à peine compréhensible.Mais, qu'importe les mots, pourvu que l'ambiance soit là. 23 h, nos héros donnent l'impression de s'essouffler, mais ils n'abandonnent pas la partie. Entre deux photos prises et un souffle sur une vuvuzela, ils deviennent tendres et ne lésinent pas sur les paroles à peine audibles pour demander de la hnana au deuxième sexe, très amusé et complice. Rassemblant leurs forces, et en guise d'au revoir, ils distribuent des bisous partout avant de rentrer à Erika, leur cité. Un retour tonitruant. A demain'


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