En l'absence de
chiffres «réels» sur le nombre et la situation des malentendants en Algérie, le seul barème qui puisse être pris
plus ou moins en compte reste l'appréciation personnelle des spécialistes. Une
approche sélective qui, pour certains, donne une moyenne de 1,2 million
d'Algériens souffrant de surdité «à différents degrés», comme avancé par un
médecin prothésiste d'appareils auditifs installé à Alger, ou encore les 1/5 de
la population globale du pays qui sont affectés par un handicap partiel,
évolutif ou stagnant, comme tient à le souligner Mme Lazouni, la gérante de
l'entreprise Audifel spécialisée dans les prothèses auditives et qui calque ses
estimations sur les 10% de malentendants que compte l'espace européen. «1/5 de
la population nationale souffre de problème d'audition, ce qui en fait
largement un problème de santé publique», dira-t-elle. Le réseau Audifel, qui
couvre actuellement 11 wilayas dont Oran, Alger, Constantine ou encore Annaba
et Mostaganem, est considéré comme le leader incontesté sur le marché national
et s'est tracé comme objectif «de couvrir tout le territoire national dans les
deux ans à venir». Pour Mme Lazouni, le taux des malentendants a
progressivement augmenté de manière inquiétante ces dernières années, pour
toucher toutes les couches sociales. Les principales raisons sont à chercher,
selon les spécialistes, dans les nuisances sonores, notamment chez les
adolescents et les jeunes. «Certaines personnes qui ont 25 ans présentent des
oreilles de 70 ans», affirme la gérante d'Audifel qui tire, au passage, la
sonnette d'alarme sur les vieillissements précoces de l'oreille.
L'autre problème
soulevé est l'automédication, largement répandue dans la société. «Les malades
préfèrent se rendre à la pharmacie du coin pour traiter une infection de
l'oreille que de se faire ausculter par un spécialiste», se désole-t-elle.
Noureddine, 38 ans, estime être parmi ces gens qui, par paresse ou par souci
d'économie, vont chez le pharmacien le plus proche pour se faire soigner une
otite ou un début d'infection. «Je connais des gens qui se soignent tout
simplement chez eux en utilisant de l'huile d'olive légèrement chauffée», ajoutera-t-il.
A Oran, et un peu
partout en Algérie, l'absence de la culture du dépistage et l'insuffisance de
la prévention sont devenues le grand mal des malentendants. «Le dépistage et la
prévention sont nécessaires pour freiner un peu ce handicap favorisé, il est vrai,
par ce qu'il est convenu d'appeler les maladies de la pauvreté qui entraînent
des surdités précoces», affirmera notre interlocutrice. L'autre aspect de
l'équation réside dans l'appareillage qui doit être «rigoureusement» réalisé
par de vrais spécialistes de l'audition, sinon le risque d'une dégradation
supplémentaire de l'audition n'est pas à écarter. Audifel s'enorgueillit de
procéder au montage d'une bonne partie de ses appareils auditifs à Oran et que
ces mêmes appareils sont reconnus et remboursés dans les pays européens. Des
produits qui font la fierté de l'Algérie, puisqu'ils sont nés grâce au
transfert de technologies acquises en France, en Suisse et en Allemagne et
qu'ils sont qualifiés par les spécialistes des plus fiables et les moins chers
sur les marchés national, maghrébin, africain et européen. Evoquant son
entreprise, créée en 2000, qu'elle gère avec son mari, également
médecin-spécialiste, elle déclare qu'elle fait partie des compétences
nationales revenues au pays après des années passées à l'étranger. «Nous
voulons servir d'exemple pour les Algériens résidant à l'étranger pour qu'ils
tentent leur chance ici, chez eux, malgré toutes les entraves bureaucratiques
rencontrées», conclura-t-elle.
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Posté Le : 31/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com