«Les villes devraient être construites à la campagne où l'air est plus sain» Alphonse AllaisLe courtier en immobilier, «samsar», comme on dit chez nous, essaya à plusieurs reprises d'interrompre le volubile propriétaire qui se laissait emporter par une verve torrentielle. Les arguments exposés par le propriétaire à propos de ses voisins, excédaient le courtier qui voyait ainsi sa chance de gagner sa «tchipa» s'éloigner. «Je vais vous vendre un appartement qui a été entièrement refait. J'ai perdu mon temps et mon argent en croyant que je resterais ici jusqu'à la fin de mes jours. Mais le Destin en a voulu autrement. Grâce à Dieu et aux connaissances nombreuses que j'ai, un modeste terrain m'a été attribué juste à la sortie de la ville, à proximité de l'autoroute. C'est pour achever la construction de ma nouvelle maison que je vais vendre ce logement. C'est par besoin que je le fais car j'aurais souhaité que mon fils, une fois marié, habite tout seul... Mais on n'a pas tout ce qu'on veut sur cette terre, alors, il faut se contenter de ce que la Providence nous donne. Mais c'est sans regrets que je quitte ce quartier. Au début, malgré le manque d'infrastructures, j'avais espéré que la vie allait s'améliorer, mais au fur et à mesure que la population augmentait, les nuisances prenaient de l'ampleur. Je ne sais vraiment pas ce qui arrêtera la dégradation de l'environnement. Je m'étonne que la grande mosquée s'emplisse si fortement le vendredi de tant de fidèles qui s'empressent de s'acquitter de leurs obligations religieuses. Mais je vois que dès qu'ils sortent de leur lieu de prière, ils oublient tout et ils participent inconsciemment, activement ou passivement à la destruction de leur espace vital. Vous savez dans quel état sont les maigres espaces verts chichement attribués par un urbanisme douteux: ils sont devenus de véritables décharges sauvages que la voirie ne semble même pas voir. Une étude sociologique du consommateur algérien moyen pourrait n'être faite rien qu'avec les déchets qui sont jetés là: des emballages de toutes sortes peuvent vous donner une idée du comportement de nos concitoyens. Et on parle de solidarité. Ils sont incapables d'organiser une journée de volontariat la veille de l'Aïd pour rendre cette cité plus accueillante. Au lieu de cela, c'est durant les journées qui précèdent ou qui suivent cette fête que le pic de saleté est atteint. A cause de la sècheresse qui semble accabler notre région, les moutons qui ont été introduits n'ont rien trouvé à se mettre sous la dent. Qu'à cela ne tienne! Les petits arbustes qui ont survécu à la canicule en ont fait les frais. Je me demande pourquoi on achète le mouton si tôt! Il faut voir là une absence flagrante des pouvoirs publics qui, au nom d'une certaine tradition, ferment les yeux sur les abus et les dépassements. Les gens agissent ici en ville, comme s'ils étaient encore à la campagne.. C'est la faute aux municipalités qui n'ont pas prévu d'attribuer des endroits réservés pour le sacrifice: normalement, il devrait exister dans chaque commune, un abattoir où les gens peuvent procéder au sacrifice rituel sous l'oeil du vétérinaire. A la rigueur, les caves qui sont squattées par des profiteurs auraient dû servir provisoirement de refuges aux moutons pendant une nuit ou deux. Au-delà, c'est la catastrophe! Au lieu de cela nous voyons se créer au pied des immeubles des enclos où des affairistes hébergent, plus d'une semaine durant, des moutons dont le bêlement s'ajoute aux nombreuses nuisances sonores et a un effet certain sur les nerfs des citoyens normaux.»
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Posté Le : 19/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com