La crise autour du nucléaire iranien n'est pas la première en son genre
dans l'histoire d'après-guerre. Il y a eu Cuba (1963); l'Inde (1974); le
Pakistan (1998); la Corée du Nord (2006)... et surtout celle entre les USA et
l'ex-URSS (dès 1949). Celle de l'Iran d'aujourd'hui ne fait pas exception et
sera vaille que vaille dépassée. La question est de savoir quel est le prochain
pays qui sera accusé du même « crime ».
L'arsenal nucléaire détenu
actuellement de par le monde, notamment par les grandes puissances, peut
pulvériser 100 fois la Terre entière ! Une bombe thermonucléaire de plus,
fabriquée par l'Iran, ne change rien à ce terrible risque encouru par
l'humanité. Ce qui pose problème, c'est la nature du régime politique iranien
que la communauté internationale estime incontrôlable et lui prête des
velléités agressives, particulièrement envers Israël.
Les Occidentaux ne sont pas les
seuls à vouloir isoler, affaiblir et faire chuter le régime des mollahs
iraniens. Les régimes arabes, notamment ceux du Proche et Moyen-Orient, vivent
mal la volonté de leadership de Téhéran, son influence dans le domaine
religieux et son interprétation de l'Islam. C'est que bien de pays musulmans
(Irak, Koweït, Palestine, Liban, Egypte, Arabie Saoudite...) font face à une
influence grandissante du courant chiite soutenu par l'Iran avec toutes ses
implications politiques, culturelles, cultuelles et sociales. Dans certains
d'entre eux, tels l'Irak, le Liban ou la Palestine, cela finit par des
affrontements violents (guerres). Ainsi, une majorité de pays de la communauté
internationale se sont constitués des raisons d'isoler et surtout de maîtriser
les influences du régime des mollahs iraniens. Au vu de tant de charges envers
ce régime, il est légitime de s'interroger pourquoi Téhéran continue dans cette
politique qui l'isole et fait de lui un paria de la communauté internationale.
Les détenteurs du pouvoir
n'ignorent pas toutes ces accusations. Au contraire, ils en font un double
emploi. Sur le plan interne ils l'utilisent comme une conspiration (l'ennemi
extérieur) contre le peuple iranien et en font un élément de solidarité autour
du pouvoir d'Ahmadinejad qui les défend. Sur le plan extérieur, ils en usent
dans le jeu des rivalités entre leurs partenaires économiques et commerciaux.
Conscient de sa place géostratégique dans cette région du monde, le régime
iranien sait qu'il a, largement, le temps devant lui avant d'être vraiment
inquiété, voire jamais inquiété.
Lorsque l'on sait que 40 % du
pétrole exploité dans le monde transite par le Golfe persique, dans le détroit
d'Ormuz, et que l'Iran est le deuxième producteur de pétrole au sein de l'Opep
(2,6 millions de barils/jour), on mesure toute la prudence (la crainte) pour
les Occidentaux à déclencher une action radicale (guerre ?) contre ce pays. Les
prix du pétrole voleront à des niveaux impossibles à maîtriser et inaccessibles
pour leurs industries qui en sont grandement dépendantes. L'autre inconnue
redoutée par les Occidentaux, en cas de guerre contre l'Iran, est relative à la
réaction des activistes islamistes et groupes terroristes dormants sur leurs
propres sols. Dans ce registre, les régimes arabes n'en pensent pas moins et
redoutent les désordres violents chez leurs populations dans un tel cas. Et ce
n'est pas fini car, l'équation iranienne se complique davantage dans la mesure
où elle est devenue, chez les Occidentaux, une sorte d'échiquier où se jouent
des batailles pour d'autres enjeux stratégiques qui les opposent. Ces batailles
apparaissent clairement, par exemple, dans le blocage des résolutions
(sanctions contre l'Iran) du Conseil de sécurité de l'Onu par la Russie et la
Chine (droit de veto).
La Russie, encerclée sur son flan
est et sud-est (Georgie, Ukraine et le bouclier antimissile qui peut être
réactivé) par les Occidentaux alliés des USA et membres de l'Otan, n'a aucun
intérêt à aggraver son encerclement au sud en lâchant l'Iran, dernier allié
dans la région (l'Afghanistan étant déjà occupé). La Chine, en pleine expansion
économique et dépendante en grande partie des hydrocarbures iraniens, ne peut
se «suicider» en votant un embargo commercial total contre ce pays. Ainsi,
chacun des acteurs de la scène tente de tirer la « couverture » vers lui en
ménageant ses propres intérêts. Et jusqu'au pouvoir politique israélien qui
pousse le ridicule (et l'horreur) à justifier son occupation et ses crimes de
guerre en Palestine par la «menace nucléaire iranienne» ! La caricature est
tellement grossière tant il est vrai que le monde entier sait aujourd'hui
qu'Israël détient plus de 200 têtes d'ogives nucléaires sans qu'il subisse la
moindre remontrance ou inquiétude. Que valent les quelque 150 missiles de
moyenne portée détenues actuellement par l'Iran face à la force de frappe de
l'Etat hébreu. Et puis, en 1967 ou en 1973, y avait-il une menace iranienne ou
arabe pour qu'Israël entre et viole la Palestine ? En 1982, y avait-il le
Hezbollah à Sabra et Chatilla ? Quand l'Agence internationale de l'énergie
(AIEA) a-t-elle inquiété Israël ? Le débat autour du nucléaire iranien est en
train de prendre, grâce aux médias, une dimension démesurée dont les principaux
bénéficiaires ne sont pas les seuls puissances occidentales et l'Etat hébreu.
Les mollahs du régime de Téhéran
trouvent également leur compte : ils gagnent la sympathie des populations (et non
des régimes politiques) musulmanes. Elles sont leur cible pour propager, entre
autres, leur doctrine de l'interprétation de l'Islam politique. En cela, ils
gagnent du terrain et demeurent fidèles au but ultime fixé par la révolution
islamique lancée en 1979, celui d'instaurer des républiques islamiques là où
vivent des musulmans. C'est-à-dire pratiquement à travers le monde entier.
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Posté Le : 29/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com