Jeudi, à Genève, la diplomatie internationale a reconquis une part de
noblesse: le dialogue en lieu et place de l'affrontement. L'Iran et les USA se
sont parlés après 30 ans de regards dans les yeux. Obama avait promis la
détente avec le régime iranien, et il le prouve.
Après plus d'une année (depuis
juillet 2008) de surenchères politiques, de tentatives d'isolement et de
menaces contre le régime iranien, le club des 5+1 (USA, Chine, Russie, France,
Grande-Bretagne et Allemagne), soit les 5 membres du Conseil de sécurité de
l'Onu et l'Allemagne, ont manifesté une réelle volonté de parler «sincèrement»
avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire.
La seule différence est que les
médias occidentaux ont présenté la chose différemment: l'Iran a montré à Genève
(Suisse) sa volonté de coopérer avec l'Onu sur son programme nucléaire, ont-ils
conclu, sous-entendu que Téhéran a, enfin, abdiqué sous la pression et les
menaces des 5+1. C'est une façon de voir les choses par le bout de sa propre
lorgnette, pour ne pas dire «mentir».
Le contrôle des centrales
nucléaires iraniennes a été continu depuis 1979, lorsque l'Allemagne lançait la
construction de la centrale de Bouchehr, reprise depuis par les Russes en 1995
pour un contrat d'un milliard de dollars. Les autres centrales Natanz en 2002,
Ispahan en 2004... jusqu'à celle de Qom révélée en 2009, ont été répertoriées
par l'Agence internationale de l'énergie (AIEA). L'Iran a subi un contrôle
continu de l'agence onusienne depuis 2005. Dans ces conditions la rencontre de
jeudi dernier à Genève n'a rein apporté d'exceptionnel dans le traitement du
dossier iranien sur la question. L'Iran s'est dit prêt à recevoir, de nouveau,
les contrôleurs de l'AIEA. Téhéran a toujours manifesté sa disposition à
accueillir la mission onusienne... avec cette différence que les contrôleurs ne
soient pas en mission politique avec des préjugés et un diagnostic fait
d'avance.
La rencontre de Genève a révélé
plus l'inutilité de la méthode prônée par les Occidentaux dans leur traitement
du dossier du nucléaire iranien. Jusque-là, ils ont opté pour un «affrontement»
et des menaces au lieu et place du dialogue et de la diplomatie. Il est vrai
que les dernières années n'ont pas facilité ce dialogue avec les faucons
américains à la Maison Blanche et George Bush. Il est vrai que c'est
précisément durant ces mêmes années que le régime politique israélien a
redoublé d'agressivité envers ce qui reste de la Palestine ; le summum étant
atteint avec le massacre de Ghaza du 27 décembre 2008 et 20 janvier 2009, soit
24 heures avant que George Bush ne quitte le pouvoir. Son successeur, le
démocrate Barack Obama, a, dès son investiture, déclaré «tendre la main» au
régime iranien, privilégiant le dialogue et la diplomatie aux provocations et
menaces.
A Genève, les USA ont pesé de
tout leur poids pour faire entendre raison à Téhéran, et c'est tant mieux. Les
discussions bilatérales entre l'Iran et les USA qui ont eu lieu en marge de la
Conférence de Genève, ont été pour quelque chose dans l'acceptation iranienne
d'une coopération étroite avec l'AIEA. C'est peut-être le gain de plus
important de cette conférence. Trente années après leur «dispute», Iraniens et
Américains se parlent. Barack Obama a marqué à Genève de son empreinte le
tournant dans la politique étrangère de son pays, tournant qu'il avait promis
lors de sa campagne électorale: le multilatéral, le dialogue et la concertation
avec le reste du monde au lieu et place de l'affrontement et de
l'unilatéralisme. Dans cette logique, il ne peut trouver meilleurs alliés que
la Russie et la Chine, autres partenaires impliqués directement dans le dossier
iranien tant leurs intérêts géostratégiques sont concernés dans la région de
l'Asie mineure.
Face à cette nouvelle
distribution des cartes du jeu diplomatique dans la région, Israël lui-même
change de méthode: il prône l'isolement commercial de l'Iran en lieu et place
de frappes militaires qu'il demandait il y a quelques mois. Ainsi, il est clair
que le traitement de la «question» iranienne est loin de l'ère de George Bush.
Il reste à l'Iran, pour des considérations de politique interne, de ne pas
miner cet élan de détente politique avec l'Occident et ses perspectives de
relance du processus de paix en Palestine... si chère à son président
Ahmadinejad. Parce que Israël guette ses discours enflammés et ses dérapages
verbaux pour... s'éterniser en Palestine.
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Posté Le : 03/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com