Dans le classement
2012 de Nord-Sud Expert, les classements de pays du Maghreb connaissent des
évolutions minimes en matière de critère de performance et de la qualité de la
gestion. Mais le contexte politique avec l'émergence d'une «vague verte modérée
et conservatrice" pourrait relancer le projet maghrébin.
En dépit d'une
révolution en Tunisie, d'une guerre civile avec implication des forces
extérieures en Libye, les fondamentaux de l'économie des pays du Maghreb ne
sont pas altérés ou alors faiblement. On retrouve globalement les qualités ou
les défauts des économies dans un classement – c'est ce qui fait son
originalité- le régime politique et la qualité de la gestion publique font l'objet d'une appréciation spécifique. Le classement 2012
analyse les performances des 51 pays sous l'angle de l'appréciation des régimes
politiques et de leur gestion des affaires publiques, des grandes tendances
économiques et du contexte social. L'analyse met en exergue les éléments
porteurs de risques et les facteurs d'opportunités, de 2010 à 2015. Dans ce
classement, les pays du Maghreb ne connaissent pas des évolutions brusques mais
l'évolution politique en cours pourrait hâter la relance du projet maghrébin. En
matière de «dynamisme», l'Algérie se voit doter d'un modeste 3,6 contre 5 pour la Libye,
4 pour le Maroc, 3,8 pour la
Tunisie. Mais en général, la situation demeure pratiquement
stationnaire pour le court terme. L'Algérie avec une note de 32,8 sur 70 reste
en catégorie B3, la Libye
(32/70) recule de la catégorie B2 à B3. Un recul, similaire à celui de l'Egypte,
le Liban et la Syrie,
qui s'explique par «une dégradation de la situation intérieure liée à de forts
antagonismes internes, aggravés par l'instabilité régionale». Mais NSE note que
pour la Libye, l'Egypte,
le Liban, les fondamentaux économiques ne sont que modérément affectés alors
que la Syrie, quant
à elle, «connaît une situation proche de la guerre civile et un embargo qui se
traduisent par un effondrement de la croissance et des capacités de financement,
publiques et privées".
LE RISQUE ALGERIE
PASSE DE B3 A B2
Sur le classement
du risque pays à moyen-long terme, l'Algérie avec une
note de 34/70 progresse d'un cran et passe de la catégorie B3 à B2. Le
paramètre principal qui explique cette modification est lié à la prochaine
révision de la loi sur les hydrocarbures. "L'Algérie passe de B3 à B2, en
raison d'un léger assouplissement attendu de ses conditions d'investissement
dans les hydrocarbures notamment". La Libye (31/70) passe de B2 à B3 "du fait de
la forte dégradation des conditions d'investissement et des fuites de capitaux,
qui devraient poursuivre leurs effets à moyen terme". La Tunisie avec une note de 40/70
recule légèrement de B1 à B1(-) du fait de l'incertitude
qui continue à peser sur la gestion des affaires publiques et du secteur du
tourisme". Le classement du Maroc (41/ 70) reste inchangé en B1. A
l'intérieur de cette classe de risques, le Maroc progresse légèrement de la
catégorie B1 à B1+, la Tunisie
est maintenue en B1, ce qui témoigne d'une vision optimiste de NSE à l'égard de
ce pays et qui contraste nettement avec les appréciations des autres agences de
notation. Si les évolutions paraissent modestes, le potentiel d'accélération
que comportent des transitions où la «justice morale» est mis
en avant. Il y a, pour NSE, une nouvelle carte politique qui bouleverse les
analyses du risque à un double niveau. D'une part, au plan géographique, puisque
l'aggravation des risques s'est déplacée, modifiant la perception des anciens
îlots de stabilité présumée. D'autre part, au plan structurel: la nature du risque
a changé pour se réincarner dans une forme qui prévalait avant la
mondialisation. Celle de l'État lui-même, ou l'État-Nation,
sa nature, ses forces et ses faiblesses politiques, économiques et sociales. Evolution
de taille pour les experts de NSE, désormais, pour analyser le risque et
calculer son niveau, il faut tenir compte des peuples.
«LA VAGUE VERTE» COMME UN
POTENTIEL MAGHREBIN
Sans nier que les
transitions en cours sont rendues très délicates par l'absence d'expérience
démocratique – cas de l'Egypte -, NSE décèle un réel potentiel maghrébin dans
la victoire des «islamo-conservateurs» au Maroc et en
Tunisie qui n'est «une surprise que pour ceux qui ont oublié le long règne des
«démocrates-chrétiens» en Europe occidentale». Cette victoire correspond à un
besoin d'ordre et de justice «morale», à l'idée qu'un élu qui respecte ses
principes religieux ne saurait être un individu corrompu et avide de pouvoir.
Pour NSE cette vague verte pourrait favoriser
la constitution d'une véritable communauté des pays du grand Maghreb et
relancer l'UMA. Et dans ce domaine, pour NSE ce n'est
pas la Libye en
proie à de forts tumultes de l'après-Kadhafi qui
constitue une inconnue mais… l'Algérie. «Certains indices montrent que les
décideurs algériens seraient peut-être disposés à laisser émerger une force
politique parlementaire composée d'islamistes modérés de diverses obédiences…».
Mais, ajoute NSE, tout dépendra des gages que ces formations seront disposées à
offrir aux détenteurs du pouvoir réel.
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Posté Le : 07/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Said Mekki
Source : www.lequotidien-oran.com