Des affrontements entre chrétiens coptes et musulmans ont fait
officiellement dix morts au Caire, relançant les tensions confessionnelles en
Egypte au moment où le pays s'engage dans une difficile transition politique
après la chute du président Hosni Moubarak. Ces heurts mardi soir dans le
quartier déshérité à forte population copte de Moqattam ont également fait 110
blessés, a déclaré hier le ministère de la Santé, sans toutefois préciser la
confession des morts et blessés. La situation restait tendue dans ce quartier
misérable d'éboueurs, en grande majorité chrétiens, où un prêtre a indiqué à
l'AFP avoir dénombré dans le petit hôpital qui jouxte sa paroisse six Coptes
tués et au moins 45 autres blessés. «Tous les morts ont été tués par balles, et
les blessés ont aussi été touchés par des tirs», a déclaré le père Samaane
Ibrahim. Le religieux a mis en cause des «voyous» et des «salafistes». Selon
lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, et les
attaquants ont incendié des entrepôts et des ateliers de recyclage. Un autre
prêtre, Boutros Rouchdi, a assuré avoir compté sept morts coptes, et un
musulman tué alors qu'il tentait de défendre ses voisins chrétiens. Les
affrontements ont éclaté après que des habitants de Moqattam soient sortis
manifester pour protester contre l'incendie d'une église samedi au sud de la
capitale. Les services de sécurité ont fait état d'affrontements à coups de
pierre entre chrétiens et musulmans, et des témoins ont indiqué que l'armée,
présente sur les lieux, avait tiré en l'air pour disperser la foule. Les
autorités avaient assuré que les forces armées «faisaient face avec succès aux
émeutes» à Moqattam et dans des quartiers voisins. Mais des habitants chrétiens
ne cachaient pas leur ressentiment à l'égard de l'armée, en charge du pays
depuis le départ de M. Moubarak, contraint de quitter le pouvoir le 11 février
après une vague de manifestations contre son régime. «Nous nous attendions à ce
que l'armée nous défende. Mais maintenant nous savons qu'elle est contre nous,
comme la police», affirme un menuisier du quartier, Saleh Ibrahim. Les Frères
musulmans, le plus important mouvement d'opposition en Egypte, ont accusé les
anciens partisans de M. Moubarak d'attiser la violence. Ils ont appelé les
Egyptiens «à s'épauler pour soutenir les forces armées et le gouvernement afin
qu'ils puissent tenir les engagements de la révolution». Les Coptes
représentent de 6 à 10% de la population du pays. Ils disent être victimes de
discriminations et dénoncent les violences à caractère confessionnel qui les
visent.
Par ailleurs, des Egyptiens armés
de couteaux ont attaqué hier des centaines de manifestants pro-démocratie
rassemblés place Tahrir au Caire, a rapporté la télévision d'Etat. «Des
centaines d'hommes munis de couteaux (...) sont entrés sur la place Tahrir», a
indiqué le présentateur, alors que des images montraient des jets de pierres et
des centaines de manifestants chassés de cette place qui fut l'épicentre de la
contestation ayant chassé du pouvoir le président Moubarak en février. Les
heurts se sont déroulés alors que le nouveau gouvernement rencontrait le
Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis le départ de M.
Moubarak, afin de lui proposer une loi criminalisant les incitations à la haine,
qui pourrait les rendre passibles de la peine de mort, a indiqué la chaîne de
télévision.
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Posté Le : 10/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : RN
Source : www.lequotidien-oran.com