Les services du ministère des Affaires étrangères «n'ont été ni informés
ni consultés» au sujet de la nouvelle mesure qui obligerait les milieux
d'affaires algériens à s'engager sur l'honneur à ne pas demander de titre de
séjour ni à bénéficier de prestations sociales ou médicales en France, a
indiqué hier, une source proche du ministère. «Cette mesure, si elle venait à
être confirmée, laisserait planer le doute sur la bonne foi des milieux
d'affaires nationaux», a-t-on ajouté, estimant que cette mesure «préjuge du
résultat des discussions consulaires devant commencer dans un proche avenir».
Pourtant, sur ce point précis des demandes de visas des commerçants algériens,
et à moins d'un spectaculaire revirement, les autorités françaises ont opté
(1). Il suffit de se référer au site électronique officiel du consulat de
France à Alger pour le constater, depuis le 29 décembre dernier (2). Sur toute
une page, le consul général de France à Alger, Michel Dejaegher,
répond à une série de questions relatives aux visas pour les commerçants
algériens. Sur cette page créée le 24 novembre et complétée le 29 décembre
2010, le consul général fournit toutes les précisions utiles, de façon très
claire.
Sous la forme d'un entretien, M. Dejaegher
commence par dire que «Le consulat apporte sa contribution au développement de
ce courant d'affaires d'une part en facilitant la délivrance de visas à des
commerçants algériens et, d'autre part, en veillant à ce que les commerçants
français qui souhaitent se rendre en Algérie bénéficient de conditions
similaires». Il annonce que le dossier de demande de visa est désormais
simplifié. Il indique: «Nous venons de simplifier les listes de pièces devant
être fournies pour solliciter un visa de court séjour en qualité de commerçant
pour effectuer des voyages d'affaires en France et, plus largement, dans
l'ensemble de l'espace Schengen». Ainsi, précise le consul général de France à
Alger, «nous supprimons l'exigence de l'attestation d'hébergement (qui ne
correspond pas au mode d'hébergement en France le plus fréquemment utilisé par
les commerçants) et de l'attestation de retrait de devises à compter du 1er
décembre».
Paris a tranché
Le consul général donne, ensuite, la liste détaillée de toutes les pièces
nécessaires. A la fin d'un long énoncé, on découvre qu'il faut présenter «une
attestation sur l'honneur de ne pas déposer une demande de carte de séjour en
préfecture ni de tenter d'obtenir indûment des prestations sociales» en France.
Interrogé sur les difficultés que pourraient rencontrer les commerçants
français pour venir en Algérie, le diplomate français répond que «les pratiques
des consulats algériens varient. Nous constatons que la délivrance de visas à
entrées multiples n'est pas très fréquente, ni de visas à longue durée
d'utilisation, comme un ou deux ans par exemple».
La surprise, pour les commerçants algériens, est cette nouvelle obligation
de fournir une déclaration sur l'honneur. Pour Paris, c'est une mesure
tranchée. Son officialisation est confirmée par sa publication sur le site du
consulat général de France à Alger. Pour les autorités algériennes, on sait
déjà que cette mesure sème «le doute sur la bonne foi des milieux d'affaires
nationaux». Une source proche du ministère algérien des Affaires étrangères
estimait hier que cette mesure «préjuge du résultat des discussions consulaires
devant commencer dans un proche avenir». Pour la France, tout indique de
façon très claire que l'on n'attendra pas les discussions consulaires
programmées pour début 2011. L'obligation d'une déclaration sur l'honneur est
désormais en vigueur pour les «milieux d'affaires algériens». Si ce sujet était
un des points à l'ordre du jour de ces discussions consulaires, à présent Alger
est placé devant un fait accompli. L'année commence par l'amorce d'un nouveau
feuilleton politico-diplomatique entre Paris et
Alger.
1. Le Quotidien d'Oran 01 janvier 2011.
2. http://consulatalger.ambafrance.org/site/spip.php?article2687.
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Posté Le : 03/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com