Algérie

NOUVELLES CONTRAINTES POUR LES DIRIGEANTS Les cadres de l'Etat ligotés par ordonnance



Les cadres du secteur public ne pourront plus changer d'entreprise comme ils le souhaitent. Des sanctions pénales de six mois à un an de prison sont prévues par l'ordonnance présidentielle publiée hier dans le Journal officiel et relative aux incompatibilités et obligations attachées à certains emplois et fonctions. En plus de la prison, les infractions sont lourdement sanctionnées. De fortes amendes comprises entre 200.000 dinars et 500.000 dinars, selon les cas, sont prévues. « Est punie d'un emprisonnement de six mois à un an et d'une amende de 100.000 dinars à 300.000 dinars toute personne » n'ayant pas respecté les dispositions contenues dans l'ordonnance.  Les cadres supérieurs des entreprises publiques, des administrations et institutions publiques sont concernés.  L'ordonnance présidentielle réglemente d'une façon sévère le départ du secteur public vers le privé et interdit aux hauts responsables employés d'une façon directe ou indirecte par l'Etat de prendre des participations, même par personnes interposées, dans des entreprises locales et étrangères. Ceux qui veulent travailler dans le secteur privé doivent rester deux ans au chômage et sont tenus de déclarer, s'ils trouvent un travail durant les trois années qui suivent leur fin de mission, leur activité à l'organe de prévention et de lutte contre la corruption. « Est puni d'une amende de 200.000 à 500.000 dinars le défaut de déclaration ».  Cette ordonnance vise surtout à mettre fin au départ des cadres de Sonatrach vers les compagnies étrangères. La compagnie nationale des hydrocarbures connaît une hémorragie de ses cadres de haut niveau vers les compagnies pétrolières étrangères.  Selon nos sources, la Sonatrach a augmenté considérablement les salaires de ses cadres supérieurs et s'apprête à modifier sa politique salariale qui date des années du parti unique. D'autres entreprises comme Algérie Télécom ont perdu des cadres au profit des opérateurs privés de téléphonie mobile.  L'ordonnance présidentielle s'attaque au phénomène largement répandu des hauts responsables politiques et économiques qui possèdent, à travers des intermédiaires, des intérêts avec les entreprises privées et étrangères. Mais l'ordonnance présidentielle arrive un peu en retard: le secteur public et l'administration ont perdu des milliers de cadres de haut niveau, partis travailler dans des entreprises privées et les filiales des groupes étrangers installés en Algérie.  Cette ordonnance ne règle pas le problème de marginalisation dont souffrent les cadres en Algérie.  Elle n'apporte pas de solutions aux raisons qui font fuir les cadres du secteur public vers d'autres horizons. L'Etat a certes dépensé de l'argent pour les former, mais n'est pas suffisant pour obliger les compétences à rester dans un secteur public moribond, incapable d'augmenter les salaires, et dans une administration fortement bureaucratisée.  Mal payés et peu considérés par leurs employeurs, les cadres sont désormais interdits d'aller travailler dans le privé pour améliorer leurs conditions de vie.


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