Riche en renseignements accablants, à l'encontre de cet homme politique, «Le Pen et la torture - Alger, 1957, l'histoire contre l'oubli» est actuellement disponible en Algérie, au prix de 900 Da...
Paru en France le 19 janvier dernier aux Editions passager, avec Mediapart, l'ouvrage de Fabrice Riceputi «Le Pen et la torture - Alger, 1957, l'histoire contre l'oubli» est actuellement disponible en Algérie, aux Editions Barzakh et, notamment à la librairie l'Arbre à dire. Il s'agit d'une nouveauté livresque qui a trait à une figure politique des plus controversée, rédigée par Fabrice Riceputi, historien de renom, qui offre une analyse approfondie de l'histoire du jeune député Jean-Marie Le Pen lors de son service militaire à Alger en décembre 1956. Riceputi compile méticuleusement des récits de victimes, des témoignages et des documents historiques pour explorer les accusations de torture pesant sur Le Pen, ainsi que ses tentatives ultérieures de nier ces événements. «C'est l'ignorance, l'oubli ou l'occultation ainsi manifestée, spécialement à l'égard des nombreux témoignages de victimes algériennes à nouveau silenciés comme ils le furent au temps du colonialisme, qui m'ont décidé à écrire ce livre» écrit dans l'introduction Fabrice Riceputi. Et d'indiquer: « J’y montre comment et pourquoi Le Pen, dans les années 1980 et 1990, fut rattrapé par son passé colonial, et comment furent alors connues les pièces, jusqu'ici restées éparses, que je rassemble pour la première fois dans une même publication. Enfin, je revisite ces dernières, à la lumière des acquis récents de l'historiographie, particulièrement des travaux que j'ai menés en collaboration avec l'historienne Malika Rahal.» Et d'estimer encore: «l'enjeu historiographique de ce travail peut paraître limité. Il n'en est rien. Certes, le rôle militaire de Jean-Marie Le Pen dans la guerre coloniale d'Algérie fut relativement insignifiant. Son séjour dans l'armée au premier trimestre de l'année 1957 à Alger, du fait, notamment de son grade subalterne, n'eut aucune influence particulière sur le cours des événements. Engagé volontaire comme lieutenant dans la premier régiment étranger parachutiste (1er REP) pour six mois, il ne fut alors qu'un officier parmi les centaines qui furent chargés en janvier 1957 par le gouvernement de la IVe République, alors dirigé par le socialiste Guy Mollet, d'éradiquer à tout prix, en érigeant la torture en système, le nationalisme indépendantiste algérien dans la «capitale» coloniale. Mais si la participation de Le Pen à la «bataille d'Alger» n'est sans aucun doute qu'un «point de détail» dans l'histoire de cette dernière, elle n'en est évidemment pas un dans sa biographie politique. Ni, surtout, dans l'histoire du lepénisme, dont la matrice coloniale est aujourd'hui trop souvent ignorée, alors qu'il triomphe idéologiquement sous nos yeux et que son dernier avatar est aux portes du pouvoir». Ainsi dans ce récit particulièrement accablant envers Le Pen, Fabrice Riceputi, réunit des récits de victimes et de témoins, rapports de police, enquêtes journalistiques, et archives militaires. Le livre reconstitue ainsi une chronologie et une géographie du séjour algérien de Le Pen et met en lumière les racines idéologiques colonialistes trop souvent négligées d'un parti politique aujourd'hui aux portes du pouvoir. Pour rappel, Fabrice Riceputi est historien. Il a enseigné l'histoire-géographie dans un collège populaire de Besançon. Chercheur associé à l'Institut d'Histoire du Temps Présent, il co-anime le site et mène avec l'historienne Malika Rahal le projet «Mille autres» sur la disparition forcée, la torture et les exécutions sommaires durant la bataille d'Alger. Il est l'auteur de «Ici on noya les Algériens» (Le passager clandestin, 2021).
O. HIND
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/04/2024
Posté par : rachids