Algérie

Nouvelle polémique sur le dinar



A qui profite la convertibilité ? Une nouvelle fois, le débat sur la valeur du dinar revient au-devant de la scène, réveillant les mêmes luttes d’intérêts entre partisans d’une économie protégée et supporteurs d’un marché encore plus ouvert aux opérateurs étrangers. Tout a commencé cette fois par quelques informations d’une imprécision inédite, évoquant aujourd’hui des pressions, sinon de vives recommandations, du FMI pour la réévaluation du dinar. Cette information, reprise sans déontologie de citation de la source originelle, a été suffisamment répercutée pour devenir une information vraie, partagée par tous. Pourtant, les consultations au nom de l’article 4 des statuts du FMI se font au mois de février de chaque année, période à laquelle l’institution envoie une délégation d’experts pour sonder le cœur et les reins de l’économie algérienne et rien n’indique, au niveau des organes de communication du FMI ou sa littérature disponible, qu’un tel sujet soit en cours de discussions avec l’Algérie. Cela, sachant aussi que la coopération entre Alger et cette institution est au point mort depuis les critiques du FMI qui voyait en le Fonds de régulation des recettes fiscales (créé par Abdelatif Benachenhou en 2001), une privation du Parlement de son droit de contrôle sur le budget de l’Etat. De même, les informations qui circulent et qui nourrissent une polémique naissante ne disent pas pourquoi le FMI veut un dinar plus fort, on dit seulement que le matelas de devises offert par les réserves de changes, cumulées à 150 milliards de dollars, représenterait suffisamment de capacité d’engagement de la part de l’Algérie afin qu’elle puisse réévaluer sa monnaie. Premièrement, avancer pareil raisonnement relève de la méconnaissance de toutes les lois théorique sur la monnaie. Le taux de change d’une monnaie est déterminé par plusieurs facteurs, en dehors de celui de l’offre et de la demande, élément qui permet de se poser la question de savoir s’il existe une demande sur le dinar algérien dans le marché étranger. La réponse est évidente, au vu de la limite imposée par la Banque d’Algérie dans la convertibilité du dinar qui ne va pas plus loin que la convertibilité commerciale, étroitement contrôlée. Les autres facteurs de la valeur d’une monnaie sont liés aussi à la capacité d’achat d’une monnaie sur un autre marché. Or, toujours en raison de cette non-convertibilité totale, le dinar ne peut avoir de valeur possible sur le plan de la parité du pouvoir d’achat. Enfin, l’on peut citer les différences du niveau de vie, de la croissance et des régimes de change entre l’Algérie et les pays émetteurs des devises avec lesquelles la parité est engagée. Tout cela explique pourquoi l’Algérie ne peut se permettre de réévaluer sa monnaie, dans la mesure où elle n’a pas suffisamment de capacité à l’exportation. D’autant que relever la valeur du dinar amènerait à tuer les faibles chances de nos exportateurs à pénétrer ou à se maintenir dans les marchés extérieurs. On oublie, à ce chapitre, de rappeler que le régime de change mis en œuvre par la Banque centrale n’est pas celui du fixing, ni celui flottant, mais un peu des deux, dans la mesure où l’institut d’émission détermine une amplitude au sein de laquelle le dinar évolue au gré des conjonctures monétaires. L’intervention de la Banque centrale se limite donc à apprécier ou déprécier le dinar, sans plus. Enfin, le débat sur la valeur du dinar, à peine remis au goût du jour, a vite bifurqué sur l’épineux sujet de la convertibilité totale du dinar. Cela reviendrait à priver l’Etat de tout levier pour agir sur la croissance et interférer, par la monnaie, sur les grandes orientations économiques qui ne lui sont pas encore suffisamment favorables. Et les compagnies étrangères souhaitent, elles, transférer sans le moindre obstacle tous leurs gains vers d’autres cieux, à l’heure où la mondialisation leur impose la volatilité des capitaux et la prise rapide de la décision en matière d’investissements à travers le monde entier. C’est dire que le volume de la fuite des capitaux contre laquelle le gouvernement veut lutter se verra multiplier par dix!   Amine B.


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