Algérie

Nouvelle méthode de lutte antiterroriste



Des commandos de l’ANP investissent les maquis Les deux opérations de Beni Douala et Aïn Defla marquent un tournant dans la tactique et les méthodes antiterroristes de l’ANP, à l’heure où l’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique tente une escalade meurtrière pour obtenir une trêve impossible. L’ANP semble avoir tiré les bonnes leçons du terrain. Après une période d’analyse du terrorisme nouveau, induit par l’allégeance du GSPC à Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Après une phase d’analyse, de préparation et d’adaptation du dispositif de la lutte antiterroriste, elle a dégagé de nouvelles méthodes de lutte qui jurent avec celles mises en œuvre dans la première phase du phénomène terroriste. Ainsi en témoigne l’opération de Beni Douala s’étant soldée par le bilan de l’élimination de 12 terroristes, au début de ce mois d’août, qui a été le fait d’une embuscade de l’ANP dans cette région de la Kabylie. L’analyse de l’opération indique que celle-ci s’est fait sur la base de renseignements fournis aussi bien par la population que par la bonne coordination de l’ensemble des services impliqués dans la lutte antiterroriste dans la région. Ce sont, sans nul doute des unités spéciales de l’ANP, une sorte de commandos d’élite, qui ont tendu l’embuscade de nuit et patiemment attendu que le piège se referme sur leur proie. L’opération a été menée avec une telle précision que l’effet de surprise a été total et que les combats n’ont été que de courte durée, les terroristes n’ayant pas eu le temps d’opposer une résistance significative. La réaction d’Al-Qaïda Maghreb ne s’est pas fait attendre avec les deux attentats des Issers, puis ceux de Bouira (60 morts et plus d’une centaine de blessés). «L’émir» national de l’ex-GSPC, Abdelmalek Doukdel, alias Abou Moussab Abdelouadoud, avait signifié que son organisation ripostera à chaque attaque de l’Armée contre ses éléments. Le fait est corroboré par le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a estimé, le jour même de l’attentat des Issers, que cette attaque kamikaze était une réaction du GSPC à l’opération de Beni Douala. Pour de nombreux observateurs, Abdelmalek Droukdel ne serait tout simplement qu’à la recherche d’une trêve. A quoi obéit cet objectif inavoué ? Il va sans dire qu’elle n’aurait rien à voir avec la probabilité d’une acceptation de l’offre de la réconciliation nationale, les chefs du GSPC ayant toujours refusé d’y adhérer, tout comme le fait d’avoir commandité des attentats à l’explosif les exclut de fait de tout bénéfice de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Restent deux seules pistes possibles. Premièrement, cette organisation terroriste chercherait à gagner un temps nécessaire pour reprendre ses forces et préparer son redéploiement en dehors de sa zone d’activité. L’avènement d’attentats à Skikda, Aïn Defla ou Bouira démontre que le GSPC veut sortit du triangle Boumerdès, Tizi-Ouzou Béjaïa. Secundo, il se pourrait fort probablement que l’affaire des otages autrichiens ait eu des répercussions néfastes sur la cohésion de l’organisation. Un récent diplomate autrichien a révélé récemment aux agences de presse que les négociations pour leur libération piétinaient en raison de divergences internes. Il a évoqué, à ce titre, un conflit ouvert entre le chef du GSPC, Abdelmalek Droudkel, et un de ses proches chargé de garder les otages en lieu sûr. Ce qui est certain, c’est que cette «demande» est tout bonnement inacceptable pour les autorités. Yazid Zerhouni dira d’ailleurs, et il sera peu compris encore une fois, que les terroristes «n’ont plus qu’à se rendre», un message adressé non pas à l’opinion mais aux «émirs» du GSPC. Et pour appuyer ses propos, l’ANP réédite l’exploit de Beni Douala à Aïn Defla en éliminant, toujours par la méthode de l’embuscade, dix autres terroristes le 24 août dernier. Non seulement elle dit refuser tout répit au GSPC, mais elle impose ainsi une évolution dans le combat contre ce dernier, ce qui ne manque pas déjà de faire paniquer ses troupes. Depuis la fin du GIA, la lutte contre les groupes terroristes se basait sur le principe du «containment» (de l’anglais contenir) de ces derniers dans les maquis, de limiter leurs mouvements par les barrages dans les routes, les bombardements de leurs positions pour les empêcher de se stabiliser et les ratissages pour éliminer leurs bases logistiques, avec la recherche de l’affaiblissement, puis soit l’élimination ou la reddition en bout de parcours. Désormais, ce dispositif qui sera certainement maintenu tel quel sera appuyé par des commandos qui s’installent à leur tour dans les maquis. L’objectif n’est plus d’attendre qu’Al-Qaïda s’épuise, mais d’aller chercher les terroristes là où ils se trouvent. Cette évolution dans la lutte antiterroriste est certainement à saluer et elle risque vite de s’avérer la seule qui soit à même d’obtenir des résultats significatifs. Elle est surtout à saluer parce qu’elle imposera une sorte de corps à corps entre les unités de l’Armée et le GSPC et risque du coup d’être fortement coûteuse en vies humaines ! Amine B.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)