Nouvelle manifestation contre la fraude

La scène se déroule devant le Palais des congrès, siège de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), où travaillent aussi les journalistes. Depuis une heure et demie environ, des centaines de personnes se sont rassemblées pour manifester et exprimer leur désapprobation du laxisme de l’ISIE face aux dépassements enregistrés le jour du vote. D’ailleurs, on ne parle plus de dépassements mais de fraude, tel qu’écrit sur plusieurs pancartes brandies par les manifestants. Ce sont surtout des gens déçus par la victoire d’Ennahda et les moyens illégaux qu’aurait utilisé ce mouvement pour gagner. Aucun incident n’est enregistré en dépit du renfort impressionnant d’éléments du groupe d’intervention de la police. L’officier avertit cependant qu’il ne garantit pas une réaction aussi indulgente si les manifestants reviennent encore à la charge. Il joue encore sur les sentiments de ses interlocuteurs : «Le monde nous regarde, ne gâchez pas l’image qu’on a donnée de nous. Les journalistes attendent que la manifestation soit réprimée. S’il vous plaît évitez nous ça !» Devant les journalistes et les caméras de télévision, chacun apporte la preuve qu’il a vu et parfois filmé des dépassements. Ce que le président de l’ISIE, Kamel Jendoubi, a reconnu lundi en le minimisant s’avère être plus important, au point d’influer sérieusement sur le déroulement du scrutin, affirment les manifestants. Ces derniers s’organisent, par conséquent, pour déposer une plainte au niveau du tribunal administratif, seul recours possible sachant l’impuissance de l’ISIE, laquelle, finalement, n’a joué qu’un rôle logistique et technique. Hier, l’instance n’a fourni que des résultats partiels, reportant pour la énième fois l’annonce des résultats finals pour aujourd’hui, si ce n’est demain jeudi. A noter qu’Ennahda s’est classé en tête dans les circonscriptions de Jendouba, Kebili, Sfax et Sousse, selon l’ISIE.