«Nouvelle dynamique, pas une nouvelle politique»

Le Forum d'El-Moudjahid a été consacré, hier dimanche, à la thématique de la diplomatie algérienne. Le DG d'El-Moudjahid a précisé, à l'ouverture de la rencontre, qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle politique de redéploiement de la diplomatie en Algérie, mais d'une nouvelle dynamique qui mérite des explications.Abdelhalim Benyellès ? Alger (Le Soir) - C'est dans ce contexte que le professeur Sahel Makhlouf a abordé, sous une vision universitaire et pragmatique, les aspects qui touchent à la thématique, citant le changement d'approche, le repositionnement, la présence diplomatique et le renforcement des relations avec tous les partenaires. Son intervention a été placée sous le thème «Redéploiement de la diplomatie algérienne (2019-2021), enjeux et défis ».
La date de l'année 2019 a été retenue, selon lui, comme « point de départ de la réflexion par rapport aux 5 dernières années qui ont démontré que l'Algérie s'est effacée sur la scène diplomatique ». « Mis à part la position face au problème de la Libye et l'action de médiation de l'Algérie par rapport à la crise du Mali qui a abouti en 2015 à la signature de l'accord de paix et de la réconciliation ». Et de ce fait, il expliquera que le choix porté sur 2019 coïncide avec l'entame de l'exercice de Abdelmadjid Tebboune dans ses fonctions.
Le Pr Sahel considère les points développés dans le discours de prestation de serment du Président, comme «une véritable feuille de route qui concerne la politique interne et sur le plan externe, l'accent a été mis sur la volonté de se redéployer ». Il définira ce concept d'abord comme un changement d'approche et que par ce déploiement, l'Algérie a voulu s'engager dans un changement de l'action diplomatique, c'est-à-dire aller «d'une diplomatie qui était basée essentiellement sur la réaction à une diplomatie d'influence et plus active», explique l'intervenant. Il définira également ce concept par le repositionnement de l'Algérie sur tous les dossiers qui touchent «à nos intérêts vitaux par une présence diplomatique soutenue au niveau bilatéral et multi-bilatéral et aussi une réaffirmation de nos positions de principes avec force et conviction».
L'action de redéploiement concerne, selon lui, le repositionnement de l'Algérie sur différents espaces géopolitiques qui intéressent directement l'Algérie, à savoir l'espace maghrébin, africain dans son ensemble, mais aussi dans la sous-région du Sahel. Sans omettre d'insister sur l'espace lié à la Méditerranée. «L'Algérie dispose de toutes les potentialités pour se présenter comme un pays pivot dans cette région et comme un interlocuteur viable entre les deux rives Nord et Sud», ajoutera-t-il. La dimension géopolitique où l'Algérie doit être présente aussi au monde arabe, poursuit le professeur en sciences politiques, qui considère, à l'occasion, que le sommet que l'Algérie accueillera au mois de mars prochain sera une nouvelle occasion pour agir en faveur d'«une action arabe commune et en faveur de la cause palestinienne ».
« Loin de renier nos principes et nos valeurs, la notion de redéploiement constitue un socle doctrinal et référentiel qui régit notre politique étrangère», estime le Pr Sahel, pour qui «le principe de souveraineté nationale est primordial de même que le refus de s'immiscer dans les affaires qui concernent les pays étrangers». «C'est ce qui permet à cet acteur pivot de prendre des positions fermes et importantes, à l'exemple de la question palestinienne et la question sahraouie», indique-t-il. Par ailleurs, il déplore que certains pays arabes aient choisi «des voies contre-nature par le rapprochement avec l'entité sioniste». L'autre axe qui est important dans ce redéploiement, dira le Pr Sahel, c'est la mise en œuvre de ce redéploiement diplomatique.
Dans son intervention, il perçoit ce redéploiement par le dynamisme diplomatique, selon deux faits importants mis en œuvre par le président de la République, et qui ont accéléré cette dynamique de redéploiement.
À savoir «l'installation de 7 envoyés spéciaux qui ont une longue expérience dans les dossiers pertinents, et le fait de l'organisation de la conférence qui consiste à réunir, pour la première fois dans l'histoire de notre diplomatie, tous les chefs de missions diplomatiques à travers le monde dans un espace de concertation et de coordination. Ce qui traduit une nouvelle approche diplomatique de l'Algérie à travers le monde, estime-t-il.
Enfin, en marge du forum, le Pr Sahel, s'exprimant au Soir d'Algérie, expliquera que le redéploiement de la diplomatie est une nouvelle façon de faire la diplomatie. Plus explicitement, il dira que la diplomatie est certes officielle et liée à un appareil diplomatique, mais elle peut être aussi une diplomatie sportive, économique et cultuelle.
Pour ce dernier aspect, il citera la Tidjania, qui, selon lui, est un «patrimoine» qui « nous revient de droit», au moment où d'autres parties essaient de se l'approprier, rappelle-t-il. Mais pour ce qui est du volet inhérent à la dimension économique, il dira qu'il y a une nécessité de développer ce domaine dans le cadre du redéploiement de la diplomatie algérienne.
A. B.