Nouvelle crise au sein de l'Instance électorale en Tunisie

A peine élu par l'ARP au poste de président de l'ISIE, il y a une dizaine de jours, Mohamed Tlili Mansri a appelé ses collègues à une rencontre avec le président de la République et une audition par la commission d'immunité à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).Ces derniers ont boycotté ces deux réunions. Mohamed Tlili Mansri ne cesse de déplorer auprès des officiels et des médias le fait que ses collègues l'ignorent et ne lui adressent même pas la parole. «Ils ne décrochent même plus le téléphone lorsque je les appelle», a déclaré Mansri. «Quand je les ai convoqués pour une réunion du conseil, certains (2) sont venus. Mais pour l'audition devant la commission de l'ARP, ils étaient tous conviés, sauf que personne n'est venu. Evidemment, lorsque mes collègues ne répondent pas ??présent'' à un rendez-vous aussi important, je ressens de l'amertume», a-t-il notamment souligné.
Un boycott en bonne et due forme, quand on sait que certains membres avaient menacé de démissionner en cas d'élection de Mohamed Tlili Mansri qui, selon eux, n'est pas le candidat le mieux indiqué pour présider une instance de cette importance.
Ce n'est pas le meilleur environnement pour entamer sa mission comme président de cette instance constitutionnelle. A rappeler que Mansri a été élu suite à un accord entre Nidaa Tounes, Ennahdha et l'UPL.
Les quatre membres absents sont ceux qui se sont portés candidats à la présidence de l'ISIE et ont échoué. Il s'agit de Riadh Bouhouchi, Farouk Bouasker, Najla Brahem et Anis Jarbouii.
Ce n'est guère joli qu'une instance aussi importante sorte d'une crise pour se retrouver dans une autre. L'élection du président de l'ISIE était déjà un feuilleton à plusieurs rebondissements. Mansri a été élu au 5e tour et après quatre mois de tractations, la démission de l'ancien président Sarsar ayant été officialisée début juillet dernier. Le nouveau président dit qu'il est surpris du comportement de la majorité des membres de son équipe, à part Adel Brinsi et Nabil Azizi.
Mansri ne comprend rien à ce qui se passe et renvoie ceux qui le demandent à ces membres de l'ISIE qui boycottent leur président pour qu'ils expliquent leur attitude.
De ce fait, le nouveau président risque de se trouver isolé au sein du conseil et de connaître le sort de son prédécesseur Chahfik Sarsar qui a fini par jeter l'éponge. Ce que le nouveau président rejette pour le moment.
Des blocages et des interrogations
Mansri dit avoir souhaité que ses collègues soient avec lui, dans des rendez-vous aussi importants, notamment à l'ARP, parce que l'ISIE est dans l'obligation de montrer à l'opinion publique qu'elle a commencé à travailler, pour que l'image de l'instance, qui est une instance constitutionnelle, ne soit pas ternie davantage.
Le nouveau président de l'ISIE essaye d'expliquer à qui veut l'entendre que la loi relative à l'ISIE impose le consensus dans les choix, pour que le président de l'instance soit élu, ou qu'un code électoral soit adopté. Il rappelle que sans consensus, aucun candidat n'avait pu récolter la majorité absolue. Mansri rappelle que cinq mois plus tôt, il a récolté 156 voix pour être élu membre du conseil. Il se demande pourquoi il n'avait pas été catalogué à ce moment-là ' Les autres membres de l'ISIE n'ont pas jugé utile de décrocher leurs téléphones pour répondre aux interrogations des médias.
Entre-temps, le comité directeur de l'Instance a organisé, avant-hier, le tirage au sort concernant le renouvellement du tiers de ses membres. Ainsi, Riadh Bouhouch, Najla Brahem et Anouar Ben Hassen quittent l'instance. L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) est tenue d'organiser l'élection de trois nouveaux membres, qui doivent obtenir la majorité des deux-tiers pour passer. La crise de l'ISIE n'est pas près de prendre fin.